Sénatoriales – Frustration et déception: Paul Biya fait de nombreux mécontents au sein du Rdpc et dans les ethnies.

Douala, 19 Mars 2013
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

I- Des ethnies oubliées

«Qu’est-ce que Paul Biya a contre les Bakoko? Regardez! Il n'y en a aucun sur les listes des candidats titulaires de la région du Littoral me lance mon interlocuteur, un Bakoko de la Sanaga-Maritime. Il vient d'enlever Charles Metouck de la Direction générale de la Sonara. Nous n'avons pas de Ministre, nous n'avons plus rien. Pas également un Bakoko du Wouri ou du Moungo dans les fonctions décisionnelles de la haute administration. Ça c'est du tribalisme pur. Appelons les choses par leur nom... J'espèce qu'il va se rattraper lorsqu'il va procéder à la nomination des 30 Sénateurs...». C'est à l'issue de notre entretien avec cette personnalité Bakoko de la Sanaga-Maritime peu après la publication des listes des candidats du Rdpc aux sénatoriales que nous avons compris qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au sein du parti des flammes. En effet, quand on scrute attentivement la liste des candidats titulaires du Rdpc pour la région du Littoral, aucun Bakoko n'y figure. - Mme Geneviève Tjoues est Bassa de la Sanaga Maritime; - Thomas Tobbo Eyoum est originaire du Wouri, Canton Deido; - Mme Armande Marie Din Bell est originaire du Wouri, Canton Bell; - Roger Victor Mbassa Ndine est originaire du Wouri, Canton Akwa. Toutes ces personnalités sont de Douala. Par ailleurs, Simon Kingue est originaire du département du Nkam; - Jean-Jules Ebongue Ngoh est originaire du département du Moungo; - Claude Kemayou est originaire de l'Ouest, c'est un Bamiléké du département du Moungo. Premier constat, aucun Bakoko ne figure parmi les sept candidats titulaires alors qu'ils sont présents dans le département du Moungo, via l'Arrondissement de Dibombari tel le professeur d'histoire Kangé Ewane. Dans le Wouri, ils sont dans l'Arrondissement de Douala Ille tel Roger Milla, Ambassadeur itinérant. C'est dans la Sanaga-Maritime qu'ils sont plus nombreux.

C'est pourquoi, les Adiè, Bakoko d'Edéa, ne cachent plus leur colère. Majoritaires dans le Conseil municipal de la Commune de l'Arrondissement d'Edéa 1er, ils annoncent qu'ils vont briller par un vote sanction. Même s'ils sont conscients que cela ne suffira pas pour faire basculer les sièges en faveur de l'opposition. Seulement, cette menace peut avoir un effet d'irrigation et avoir des conséquences graves pour les listes de l'opposition. Si le mécontentement se répercutait dans les autres départements où on exprime la même rengaine, de dépit à l'égard de la composition de la liste Rdpc, il n'est pas exclu que l'on assiste à un retournement de situation. Et certaines langues susurrent même déjà que la composition des listes du Rdpc pour ces sénatoriales auraient été constituées à dessein par la hiérarchie du parti pour favoriser un partage de siège dans certains région à la faveur d'une répartition proportionnelle des suffrages.

A cela vient aussi s'ajouter dans la frustration des Bassa du Wouri. Ils revendiquent le fait d’être les populations autochtones de ce département et qu'ils occupent la plus grande superficie de ce département en s'étendant aussi bien sur les arrondissements de Douala Illè et Vè, mais curieusement, aucun de ses fils ne figurent ni comme titulaire ni comme suppléant. Pourtant, les autres cantons Akwa, Bell et Déido, tous de Douala 1er s'en sont sortis avec la part du lion, avec trois sièges. Dans cette liste, ils ont été aussi oubliés comme les Bakoko. Surtout que même la suppléante Mme Patience Minyem Eboumbou est une Bassa de l'Arrondissement de Matomb, département du Nyong et Kellé, région du Centre. Ce qui est ressenti comme un rejet du parti au pouvoir malgré tout leur effort d'être en harmonie; et peut favoriser le basculement des fils souches de ce canton pour les listes de l'opposition et particulièrement de l'Upc.

Autre constat, la composante Bamiléké, très importante dans la capitale économique et quasi majoritaire dans la région du Littoral figure dans la liste du Littoral, avec un seul siège. Par ailleurs, il n'y a pas dans cette liste un originaire de Pongo, de l'Arrondissement de Dibombari, département du Moungo, pourtant cette ethnie regorge de personnalités de premier plan tel le professeur Gottlieb Lobe Monekosso. En revanche, les communautés du Centre-Sud et du Grand Nord de la capitale économique ne cachent pas leur ire de ne pas figurer dans la liste Rdpc du Littoral. Certains, ce qui est tout à fait logique, normal, les originaires de l'Ouest étant majoritaires dans le département du Moungo.

Dans le Centre, la situation est presque similaire. - Sylvestre Naah Ondoua est originaire du département de la Mefou et Afamba; - Jean-Marie Mama est de la Lékié donc Eton; - Pascal Anong Adibimé est Yambassa, arrondissement d'Ombessa, département du Mbam et Inoubou; - Luc René Bell est Bassa du département du Nyong et Kellé; - Nicole Okalia Bilaï est Sanaga du département du Mbam et Kim; - Emmanuel Nnemde est du département du Nyong et So'o. Cette répartition n'arrange pas un grand nombre de personnalités et de départements. La Haute Sanaga, le département d'origine de la première Dame Chantal Biya n'a personne dans la liste des sept candidats titulaires. C'est dans la liste des suppléants qu'on retrouve en tête Mme Salomé Ntsogo. Paul Biya pourrait se rattraper en nommant un Sénateur dans le département de sa belle-famille.


II- France: Biya dans la Chambre haute?

Des rumeurs circulent actuellement sur la possible nomination de Franck Biya au Sénat par son père. A Aurore Plus nous pensons le contraire pour plusieurs raisons. La politique n'est pas l'affaire de Franck Biya, ce n'est pas son dada. Si elle l'intéressait véritablement, il s'y jetterait depuis mains et pieds joints à l'instar des enfants des Présidents équato-guinéens, Centrafricains pour ne citer que ceux-là. Jusqu'à ce jour, Franck Biya n'a jamais occupé de fonction officielle auprès de son père ou ailleurs même s'il est un de ses Conseillers en matière économique et financière. Sa discrétion est légendaire. Le fils du Chef de l'Etat n'a jamais voulu être placé sur les feux de la rampe, sur le devant de la scène. C'est à peine si on le voit circuler à Yaoundé ou Mvomeka'a, le village natal de son géniteur quand il se trouve au Cameroun. Sa sécurité. Pour des raisons évidentes de sécurité, le Chef de l’Etat n’aimerait pas exposer son fils.

On sait aujourd'hui que les pressions exercées par Paul sur Franck, d'entrer dans la politique n'ont rien donné même si on a vu le fils aux côtés de son père pendant la campagne présidentielle de 2011. On peut interpréter cela comme si le fils voulait faire plaisir au père. Ceux qui soutiennent que Franck Biya va entrer au Sénat disent que son père l'y poussera pour lui assurer l'immunité parlementaire englué qu'il serait dans l'affaire d'achat des titres Camtel, une affaire qui s'est révélée par la suite comme une opération normale selon certains experts financiers. Il faut être juste avec le Président Paul Biya qui n'a jamais voulu mêler sa famille dans la politique. Bonaventure Assam son neveu est Député, Dieudonné Evou Mekou est Directeur Général de la Caisse autonome d'amortissement (Caa) et le Dr. Bile Bidjang travaille au cabinet civil de la Présidence de la République.

Tous les trois sont des neveux du Chef de l'Etat. Les positions qu'ils occupent ne représentent rien comparées à ce qui se passe dans d'autres pays africains où la famille du Chef de l'Etat occupent des positions importantes. On peut citer l'exemple de la Guinée Equatoriale et voir si l'un des enfants du Président Teodoro Obiang Nguema est Vice-Président de la République et plusieurs de ses frères, Généraux. On peut également évoquer la Tunisie sous Ben Ali, la Lybie sous Kadhafi, etc.

Il y a des craintes que certains Conseillers municipaux du Rdpc votent contre leur parti selon des informations peut être crédibles. Nous ne le pensons pas car ce parti est discipliné, même s'il y a grogne dans ses rangs; les consignes du parti seront respectées. Les Cavaye Yéguié et autres n'oseront pas déstabiliser le parti en dépit du rejet de leurs candidatures.



20/03/2013
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