Sénatoriales: Ces élections qui favorisent le micro- tribalisme

Douala, 26 mars 2013
© Abel Mbock | Correspondance

Les élections sénatoriales de cette année ne seront pas aussi faciles que les partis politiques le croient. ELECAM que l'on disait simple "machin" a décidé de prendre ses responsabilités. Avec objectivité et transparence, ELECAM a procédé à l'examen des listes des candidats présentées par les huit formations politiques. Au total 23 listes ont été rejetées à travers les dix Régions. Sans compter qu'au sein des états-majors, il y a des mécontents qui ne sont pas satisfaits de la façon dont les listes ont été dressées, notamment à l'Ouest.

Depuis l'examen des dossiers de candidature par ELECAM, c'est le remue-ménage au sein des partis politiques. Bon nombre d'entre eux contestent les décisions d'ELECAM que l'on estime outrepasser ses prérogatives. Ils ont donc saisi comme l'indiquent les dispositions de l'article 129 du Code électoral le Conseil constitutionnel. Ce Code prévoit que: «les contestations ou réclamations relatives au rejet ou à l'acceptation des candidatures sont soumises à l'examen du Conseil dans un délai de deux jours suivant la publication des candidatures». Toutes ces fautes commises dans l'établissement des listes proviennent tant de la méconnaissance de la loi que de la négligence des responsables des états-majors des partis eux-mêmes.

Ainsi, l'ANDP de Moustapha a vu 03 listes rejetées dans l'Extrême-Nord, le FSNC d'Issa Tchiroma 02 listes dans l'Adamaoua et le Nord, le MDR de Dakolé Daïssala, le RDPC 04 listes dans l'Adamoua, l'Est, l'Extrême-Nord et l'Ouest, le SDF 01 liste dans le Littoral, l'UNDP 03 listes dans le Centre, l'Extrême Nord, Nord-Ouest, et l'UPC toutes les 9 listes présentées tant il est vrai qu'on ne sait pas quelle est la tendance politique légale habilitée à dresser les listes. Il faudra d'abord que le MINATD se prononce à ce sujet, lui qui délivre les autorisations de création des partis politiques.

Si la sérénité règne plus ou moins dans les rangs des partis politiques ayant posé leurs candidatures aux sénatoriales dans les régions de l'Ouest, dans le RDPC, il y a de profondes frustrations, de grincements de dents. On s'étonne, non sans raison, qu'il y n'y ait aucun originaire du pays Bamoun dans la liste du RDPC de l'Ouest. Parmi les candidatures titulaires dans les circonscriptions électorales de l'Ouest, on compte François Xavier Ngoupeyou, SM Djomo Honoré, Nkonya Christine, SM Pokam Max, Mme Dsamou Micheline, M. Nzognou et Mme Akwalefa Bernadette Djeudo. Comme elle réside permanemment dans la ville de Foumban, on a toujours assimilé dame Nkouya Christine à une ressortissante du Noun. Que non! Elle est bel et bien de l'ethnie Bamiléké. Comment est-il arrivé que les ressortissants des autres départements, sauf le Noun pourtant regorgeant de toute une brochette de Bamoun qui peuvent se sentir lésés. C'est vrai que le Président de la République a la compétence de nommer 03 sénateurs, mais tout le monde caresse l'espoir de se couvrir de la légitimité populaire issue d'une élection transparente, objective. Il importe de savoir qu'avec les escarmouches permanentes entre les militants et sympathisants de l'UDC et la garde du Roi des Bamoun, militant du RDPC, membre du Bureau politique, le Noun est devenu un profond foyer de tensions. Il fallait donc éviter cette énième frustration des Bamoun partisans du parti au pouvoir.


Des listes un peu trop mysogines

Le même constat a été fait dans le Sud, précisément le Département de la Vallée du Ntem. Les Ntumu et les Mvaé sont très mal représentés à cette élection sénatoriale. Les Bulu se sont emparés de la part du lion.

Dans l'Extrême-Nord, le Nord et l'Adamoua, ELECAM a fait des exemples. C'est surtout la gent féminine qui a subi le coup de fouet. Naturellement sélectionnées par leurs partis, quelques unes ont été écartées par ELECAM pour être de nationalité camerounaise. Pourtant, elles ont acquis la nationalité de leurs maris, furent-elles originaires d'autres pays. Doit-on interdire à une épouse de militer dans les rangs d'un parti politique de son second pays lorsqu'elle en a acquis la nationalité?

Les partis politiques dans leur écrasante majorité, n'ont pas véritablement introduit les femmes dans leurs listes. Tel est le cas du MDR qui s'est montré très mysogine. Alors que le discours officiel parle de l'égalité des droits et des sexes. N'y a-t-il pas de femmes capables d'assumer les fonctions de sénateur dans le MDR? That is the question?

Présent dans 07 régions du Cameroun, le SDF ne compte que 09 femmes sur les listes électorales des sénatoriales. Pour revenir sur la circonscription électorale, on susurre que si l'on n'a pas validé une candidature dans la Mifi, c'est parce qu'elle a toujours voté pour l'opposition. Une mauvaise façon d'exclure ces "frères" de l'Ouest de la mangeoire. Bien entendu, comme nous l'avons noté plus haut, les chefs de Bandjoun et de Baham se sont enfin dévoilés être militants du RDPC, après avoir été longtemps partisans du marivaudage politique.

Pour les spécialistes, lors de cette élection sénatoriale, les listes électorales de tous les partis auraient dû tenir compte des différentes contingences et composantes sociologiques de chaque région pour éviter les frustrations et réclamations. On espère que le Président de la République va procéder à une relecture politique de ces listes avant l'organisation des élections législatives et municipales.

Source: La Détente Libre



31/03/2013
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