Sénatoriales : Bataille entre les Fons et John Fru Ndi

Yaoundé, 06 mars 2013
© Georges Alain Boyomo | Correspondance

Les premiers ont envoyé une motion de soutien au Chef de l'Etat, tandis que le second espère rencontrer Paul Biya d'ici demain.

Les chefs traditionnels de la région du Nord-Ouest ont le timing millimétré. Vendredi dernier, soit la veille de la tenue de la réunion du comité exécutif national du Social Democratic Front (SDF), au cours duquel le «parti de la béance» entendait arrêter sa position au sujet de la convocation du collège électoral en vue des sénatoriales, les Fons (appellation locale des chefs traditionnels) du Nord-Ouest ont pris leur plus belle plume pour adresser collectivement une motion de soutien à Paul Biya. Objectif, apporter leur caution à la démarche critiquée du Président de la République d'organiser ces élections avant les législatives et municipales. Cerise sur le gâteau, dans le document, leurs majestés souhaitent la nomination d'un des leurs au Sénat.

Cette initiative derrière laquelle un fin connaisseur du marigot politique du Nord-Ouest voit la main manœuvrière de Paul Atanga Nji, le Ministre chargé de Mission à la Présidence de la République, a manifestement pour dessein de couper l'herbe sous les pieds du Chairman du SDF, qui, quelques jours auparavant, appelait ses partisans «à limer les machettes» pour faire échec au «banditisme politique» de Paul Biya.

Au terme de la réunion de samedi dernier, à Bamenda, le Chairman n'a pas fermé la porte à sa participation aux premières élections sénatoriales de l'histoire au Cameroun, soulignant tout de même «l'urgence d'une concertation sérieuse entre le Président national du RDPC, Président de la République et le Président national du Front Social démocratique. Des sources proches du SDF indiquent du reste que cette formation politique donnera sa position définitive sur les sénatoriales du 14 avril prochain.

Entre le soutien exubérant des chefs traditionnels du Nord-Ouest et les menaces ostentatoires du Chairman Ni John Fru Ndi à son encontre, il appartient à Paul Biya de trancher. En attendant, la mission de Agbor Tabi, chargée de réceptionner, d'analyser et d'évaluer les candidatures du RDPC pour l'élection des sénateurs dans cette région, qui devrait commencer ce jour son travail. Dans la région du Nord-Ouest, le SDF contrôle 18 conseils municipaux sur les 34 existants. C’est la seule circonscription où ce parti espère atténuer l'obésité du parti au pouvoir au Sénat. Mais, en cas de tête-à-tête Paul Biya-Fru Ndi, avant la mise en place de «l'assemblée des sages », on s'acheminerait vers une «concession politique» du RDPC à l'endroit son principal parti-concurrent dans le Nord-Ouest.

Au-delà des sénateurs du SDF qui seraient élus, Paul Biya pourrait également nommer des sociétaires de ce parti dans la Chambre Haute du Parlement. En rappel, toujours dans le cadre du consensus du SDF au lendemain de l'élection présidentielle d'octobre dernier, en vue de crédibiliser la victoire du candidat du RDPC, la hiérarchie du «parti du flambeau» avait déjà court-circuité un recours en annulation de l'élection dans la circonscription de la Mezam, le fief de Ni John Fm Ndi, qu'envisageait d'introduire le collectif des avocats du parti à la Cour Suprême. Comme quoi, au RDPC, l'on fait mine de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin...

source: mutations


06/03/2013
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