Sectes et religions: Le phénomène Tsala Essomba embarrasse les mystiques

Douala, 22 Janvier 2013
© Jean-Pierre Amana | Aurore Plus

Il n’est pas membre du clergé, et pis encore les adeptes des pratiques magico- mystico- religieuses et ésotériques, qui ne soient dérangés par la montée en puissance des nouvelles églises dont les adeptes ne désemplissent plus. Enquête, décryptage et analyse, sur le terrain de la foi balbutiante.



Tsala Essomba
Photo: © Le Jour


I- Le phénomène des églises réveillées dans la capitale

Yaoundé, capitale politique et siège des institutions de la République du Cameroun, au quartier comme au centre ville, il est difficile sinon pratiquement impossible de s’y promener sans se retrouver face à une affiche, une affichette, une banderole ou une plaque luminescente, grand ou petit forma, qui ne vous convie à une séance de prière qui délivre des démons. Certainement des démons de la misère et de la pauvreté ambiantes, qui inclinent le commun des Camerounais à aller chercher le bon Dieu partout, sauf là ou il n’est pas, selon qu’on est de telle ou telle autre obédience religieuse et /ou d’appartenance à une quelconque secte. Toujours est-il que, le constat est d’autant plus flagrant et patent que ces assemblées, pour la plupart ne s’apparentent ni plus ni moins qu’à des exutoires de pauvreté, pour ceux des esprits qui se veulent rationnels. Une posture qu’on pourrait tout de même relativiser, au regard de ce que pour bon nombre d’adeptes, il existe de bon et de mauvais pasteurs. Relativisons encore pour dire que pour le clergé, entendu ici comme représentatif de l’église catholique romaine sur laquelle trône à Yaoundé son archevêque métropolitain Mgr Victor Tonye Bakot, tous les pasteurs, assemblées, églises et autres confessions chrétiennes que celle à laquelle il appartient sont mauvaises.

Il nous souvient encore de fraîche mémoire la très religieuse envolée contre la plus célèbre et populaire d’entre elles que dirige son non moins célèbre et populaire voire adulé promoteur, le Dr Martin Tsala Essomba, qui réussit en son temps l’exploit de faire perdre le sommeil à Son Excellence. Il fut alors rarissime que Monseigneur dise une messe sans brocarder l’activité évangélique de cet homme qui pour hypothèse d’école, défraya et continue d’ailleurs de défrayer la chronique sur ces affaires d'églises réveillées ou de renouveau charismatique. Son tort étant celui de s’accaparer une partie des ouailles de l’église dite mère. Laquelle église selon les mêmes ouailles dissidentes, n’ayant cure de leurs problèmes quotidiens. A croire que leur dieu serait devenu sourd et muet, au bénéfice d‘un autre beaucoup plus attentionné et disponible, dont les miracles qu’il opère au quotidien si l’on en croit du reste certains témoignages, finissent par convaincre. Sacrilège des sacrilèges, l’enfant béni ou maudit de l’église c’est selon, se répand plus que jamais en campagnes médiatiques d’évangélisation dont il envahit les espaces, notamment sur le champ audiovisuel, par radios et télévisions privées interposées.

Toutes choses qui ne lui vaudront davantage que l’inimitié du clergé qui en appellera d’ailleurs à l’arbitrage de la puissance publique donc le chef de l‘Etat, pour interdiction pure et simple de prédications. Les commentaires vont alors bon train, aussi bien dans les chaumières que dans les salons huppés ressassant d’une fin présumée qu’entretiennent allègrement les mêmes médias qui ne crachent pourtant pas sur la manne financière que leur offre le promoteur du Ministère Va Et Raconte. Lequel promoteur que l’on a dit en d'autres temps en exil et par conséquent interdit de séjour au Cameroun. Sauf que paradoxes des paradoxes, par delà Tsala Essomba, le reste des églises du même type prospèrent et prolifèrent, sans que cela n’émeuve outre mesure les autorités, toutes autant qu’elles soient religieuses ou laïques .L’évidence à laquelle il faille se rendre est qu’il s’avère impossible, pour Monseigneur comme pour n’importe qui d’autre, d’arrêter l’expansion des églises dites réveillées, plus que jamais et dorénavant sollicitées pour conjurer les démons des malheurs et misères des camerounais, répugnants à se laisser dicter une conduite par ces temps de démocratiques libertés et donc de liberté de culte compris.


II- Procès en sorcellerie?

C’est ainsi que face à cette fantastique chevauchée du spiritisme dévoyé et débridé que charrie davantage la prolifération des sectes et du magico anal pour parler comme Charles Ateba Eyene, l’Eglise Catholique Romaine, mère des églises chrétiennes semble avoir perdu de son autorité, ainsi d'ailleurs que ses consœurs dites de reconnaissance universelle que sont la religion musulmane , au bénéfice des chasseurs de démons au sens spirituel du terme ;à l’avantage des combattants de la sorcellerie et du mal être de la grande masse des populations qui n’ont d’autre refuge que les prestations salvatrices de ceux là mêmes à qui on intente selon une idée communément répandue des procès en sorcellerie ;au propre comme au figuré. Et du coup, des Tsala Essomba, on en redemande qui pour le cas d’hypothèse, sont pratiquement érigés en héros nationaux. En atteste le retour triomphal de notre sujet qui ne nourrit pas moins de grandes ambitions, pour le salut des âmes en peine et affligées. En atteste encore l’affluence quotidiennement observée sur le site du Ministère «Va et Raconte» situé au quartier Mvan, qui ne désemplit plus.

Les célébrations de la fête de la nativité ainsi que celles de la Saint-Sylvestre dites de la traversée 2012-2013 ont fini de dévoiler aux yeux du monde l’hypocrite conversion de nombreuses personnalités des plus insoupçonnées qui, abandonnant ou alternant avec leurs églises originelles, sont allées chercher bonheur, santé et prospérité, au temple du rocher de Guilgal ainsi que l’a baptisé son promoteur. La cinquantaine révolue, cet homme à l’allure affable mais néanmoins rigoureuse que nous sommes allés rencontrer, ne manque pas de nous signifier sa détermination à poursuivre son œuvre, quelles que fussent les attaques, les polémiques et autres controverses dont il fait l’objet, investi qu’il nous révèle être, d’une mission à lui autrement révélée par Christ en 1992, et dont le ministère débute dans des conditions difficiles en 2009,il draine aujourd’hui des milliers d’âmes venues de tous et de divers horizons. Les réseaux, au sens péjoratif du terme et tant décriés de notre société ne sont pas en reste des fréquentations du maître des céans, qui semble avoir la maîtrise de son sujet.

Et de révélations en révélations il avoue avoir plusieurs fois été confronté à l’influence de ces réseaux occultes qui au fil des années ont pu étendre leur toile depuis les quatre coins du monde jusqu’au Cameroun. Notre interlocuteur évoque alors entre autres la rose-croix, la franc maçonnerie, la fraternité blanche universelle, la scientologie, la soka gakkaï bouddhiste etc. ,ainsi que les regroupements déviants tels que l’homosexualité, le lesbianisme, la pédérastie, l’église luciférienne, les loges orientalistes, les illuminatis et on en passe, avant d’ajouter pour le dénoncer que, organisées en véritables confréries, ces cercles mystiques cultivent le secret comme paravent, pour asservir et se servir de la société comme on le ferait d’un grenier. Toutes choses contribuant par ailleurs à dresser comme un voile qui épouvante ceux qui n’en font pas partie, leur donnant par conséquent le sentiment que la réussite sociale serait nécessairement conditionnée par l’appartenance à ces cercles ou réseaux vicieux et pernicieux.


III- Procès de la foi

Que penser autrement de ces hommes en soutanes, prêtres ou pasteurs rebelles devant l’éternel, qui sont eux-mêmes adeptes ou reconvertis dans ces églises tant décriées. Notre reporter stupéfait, a bel et bien fait l’expérience de ces hommes d’église qui sous le sceau de l’anonymat, ont reconnu les limites des catholiques pour parler communément, les ayant amené à aller voir ailleurs. Sans parler de ces nombreux autres pasteurs, démissionnaires des églises protestantes ,adventistes ,baptistes, presbytériennes etc. , rebaptisés de leur propre aveu au Ministère Va et Raconte, pour des raisons évidentes. Les musulmans ou ex-musulmans ne sont pas en reste de ces reconversions tous azimuts qui font mentir l’idée répandue ou préjugée selon laquelle le Dieu du ciel et de tout l’univers n’y est pas ou n’y ferait pas valoir sa puissance.

De nombreux témoignages en disent en tout cas assez sur les miracles opérés dans leur vie par Jésus et/ou le Saint-Esprit qu’ils sont allés rencontrer ailleurs que dans leurs obédiences ou confessions religieuses initiales. Au risque de faire l’apologie de quelque culte que ce soit, notre démarche strictement journalistique n’a pour seul souci que la manifestation de la difficile réalité ecclésiale selon laquelle la foi, chrétienne surtout est mise en procès. Au mépris du libre arbitre et du sens ou de l’esprit de discernement inné en chacun de nous. A coté, il ya cette quête permanente du bonheur aussi bien spirituel que matériel recherchés par les adeptes qui en tous cas affirment et croient mordicus que leur Dieu est là ou ils vont lui faire recours, fut-il par l’intercession de Tsala Essomba d’hypothèse; ou d’un autre semblable.

Au demeurant, s’il apparaît constant ainsi qu’il a pu être démontré tout au long de ces colonnes, que l’église catholique et d’autres auront bien du mal à reconquérir les brebis qu’elles considèrent comme égarées; il est pour autant vérifiable que le magico- mystico-religieux ou ésotérique ne règne pas forcément sur le commun des mortels. On pourrait alors conclure fort de tout ce qui précède que par ces temps de démocratiques considérations, la liberté de culte est bien l’une de celles –là qui semblent embarrasser certains pouvoirs, dont les contre pouvoirs bien que marginaux pour qui veut les considérer comme tels, n’en sont pas moins des forces avec lesquelles il faudrait compter dorénavant?




22/01/2013
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