Secrétariat général de la présidence de la République: La réunion de tous les coups tordus

YAOUNDE - 05 MAI 2010
© Boris Annelle Mbock | La Nouvelle
L'affaire de la mort du journaliste Bibi Ngota n'a pas arrêté d'agiter le landernau politique camerounais.

L'affaire de la mort du journaliste Bibi Ngota n'a pas arrêté d'agiter le landernau politique camerounais. La preuve: les nombreuses communications d'Issa Tchiroma Bakari et la fréquence des réunions de concertation autour du ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République.

La dernière réunion en date a été convoquée au secrétariat général de la présidence de la République dans la journée du 29 avril 2010. Seul point à l'ordre du jour: l'affaire Bibi Ngota et surtout l'évaluation de l'audience réelle de certains journaux qui parlent de cette affaire de la mort du journaliste décédé en prison. Prenaient ainsi part à cette énième réunion de concertation de jeudi dernier, outre certains proches collaborateurs du ministre d'Etat Sg/Pr, Peter Agbor Tabi, secrétaire général adjoint de la présidence de la République, et Issa Tchiroma Bakari, ministre de la Communication. Lequel était accompagné de quelques uns de ses collaborateurs dont son conseiller technique, Félix Zogo et Jean Tobie Hond, le chef de la cellule juridique du Mincom. D'après nos sources, Laurent Esso, très préoccupé par les derniers développements de la mort de Bibi Ngota et surtout trop embêté par l'envergure inattendue que cette affaire est entrain de prendre dans l'opinion nationale et internationale, en ce moment où le chef de l'Etat attend de recevoir dans les tout prochains jours, certains hôtes de marque, aurait d'emblée entrepris au cours de cette réunion de procéder à une série d'interrogations, question d'obtenir de ses interlocuteurs de circonstance, la situation exacte des enquêtes actuellement initiées par les autorités pour clarifier les conditions d'interpellation des journalistes et leurs conditions de détention à la Dgre et à la prison centrale de Kondengui. Laurent Esso aurait surtout voulu que le ministre de la Communication soit davantage cohérent et perspicace dans ses différentes sorties dans les médias. C'est ainsi que certains stratèges présents se souvenant avec nostalgie de l'époque où un certain Augustin Kontchou Kouomegni brillait de mille feux dans les médias d'Etat pour sauver la "patrie en danger" dans les années 90, vont monter ubuesquement ce ridicule stratagème qui a fait dire en soirée au Mincom que Bibi Ngota était mort de Sida. La preuve ? Qu'est-ce qui peut expliquer qu'alors qu'on attend les conclusions de l'enquête judiciaire prescrite par le chef de l'Etat que le Mincom vienne dire sur les antennes de la Crtv un pseudo rapport administratif qui accuse le journaliste d'être mort de Sida ? Des sources dignes de foi, on indique que c'est au cours de cette réunion de concertation que la décision de demander au médecin de la prison de concocter un prétendu rapport médical du journaliste a été prise. De même, celle de remettre 2 millions de FCFA à la famille de Bibi Ngota, dans l'optique d'acheter leur collaboration face à la pression de l'opinion et des médias. Surtout que les participants à la réunion de jeudi autour de Laurent Esso étaient conscients que la mauvaise pilule du Sida n'allait pas facilement être avalée...

D'après nos sources, le Sg/Pr aurait également manifesté un vif et frénétique intérêt sur l'audience de certains journaux, leurs tirages et leurs lectorats cibles. Ainsi vont passer au scanner les journaux comme Le Devoir, Le Messager, Le Jour, La Nouvelle et autres Cameroon Tribune. Eh fait, d'après nos sources, le ministre d'Etat Sg/Pr voudrait préalablement avoir en sa possession toutes ces données pour mettre en place une vraie stratégie de communication qui occulterait les nombreux égarements du ministre de la Communication et les approximations puériles de certains confrères acquis à sa cause. On lui aurait donc dit qu'à côté des gros calibres comme Cameroon Tribune (25 000 exemplaires), Le Jour, Le Messager (5 000 exemplaires) ou un hebdomadaire comme La Nouvelle, Le Devoir, avec une périodicité irrégulière et un taux de tirage qui ne dépasserait guère le cap de 500 exemplaires, est un petit journal qui n'est pas lu et qui n'aurait aucune audience. C'est justement de cette importante conclusion que va par la suite se poser la question très essentielle et stratégique de savoir qui est donc derrière l'affaire du faux document aujourd'hui à l'origine de la détention des journalistes à la prison centrale de Kondengui et bien évidement de la mort de Bibi Ngota.


Répartition des dividendes

En d'autres termes, le ministre d'Etat voudrait savoir pourquoi cette personne s'intéresserait-elle au journal Le Devoir, alors que les gros calibres de la presse nationale sont ?? ignorés ? Nos sources précisent que c'est en ce moment là que le ministre d'Etat Sg/Pr, pour trouver une réponse à cette question dont il semblait détenir la réponse à l'avance, va sortir des multiples tiroirs de son imposant bureau, un document pour les informer des noms des principaux acteurs qui sont soupçonnés d'agir dans l'ombre de cette affaire. Parmi les noms des personnes citées, celui d'Emmanuel Etoundi Oyono, l'actuel Dg de la Maetur, apparaît comme l'une des personnes les plus visées par le ministre d'Etat.

D'après nos sources, l'ancien Dg du Port autonome de Douala, soupçonné ainsi de jouer un rôle central dans cette nébuleuse affaire, aurait déjà été entendu par les enquêteurs commis à cet effet. En fait, de quoi s'agit-il véritablement ? A l'origine, nos sources indiquent pour la petite histoire qu'il s'agit fortement d'une brumeuse affaire de dividendes mal répartis provenant de l'achat d'un bateau dénommé "Rio Del Rey". Pour nos sources, le nom de l'actuel Dg de la Maetur ne doit rien au hasard, puisque la transaction de l'achat du "Rio Del Rey" par la Snh, se serait passée pendant que lui, Emmanuel Etoundi Oyono, était encore Dg du Port autonome de Douala. Les mêmes sources précisent que, quand ce bateau a été acheté, on aurait réparti entre coquins et copains de juteux dividendes que certains évaluent aujourd'hui à environ 2 milliards dé FCFA. Tout se serait passé en silence, si dans la répartition des dividendes on avait pensé aux absents comme Emmanuel Etoundi Oyono qui n'était plus au Port autonome de Douala. Nos sources indiquent que ceux qui le soupçonnent aujourd'hui d'être celui-là qui aurait remis le faux document aux journalistes pour rendre publique cette répartition sécrète des dividendes fondent leur argumentaire sur les nombreuses complaintes publiques de l'ancien Dg du Pad. Il semble pour la petite histoire qu'il n'aurait pas hésité à se plaindre, urbi et orbi, après avoir appris par d'autres sources cette répartition secrète de dividendes. Les mêmes sources présupposent que dans ce partage du gâteau, seuls Jean Marcel Dayas Monoume, Dg actuel du Pad, le ministre d'Etat Sg/Pr, Laurent Esso, Antoine Bikoro Alo'o, Dg du Chantier naval et autres Dooh Collins, auraient reçu les morceaux les plus viandés du business. Selon nos sources, ceux qui auraient ainsi reçu les grosses parts du gâteau reprocheraient aujourd'hui à Emmanuel Etoundi Oyono dont ils sont conscients qu'il ait été lésé lors du partage, d'être secrètement rentré en contact avec Harrys Robert Mintya Meka, directeur de la publication Le Devoir, et de lui avoir donné pour se venger une somme d'un million de FCFA, afin qu'il rende public le pot aux roses. Si cela venait à ne pas être vrai, qu'est-ce qui peut d'autre justifier l'ire et le courroux de Laurent Esso, réputé pour son calme et son sens habituel de la mesure et de la pondération ? D'ailleurs, nos sources précisent qu'en torturant les journalistes et en leur demandant avec insistance de livrer un nom, c'est celui d'Emmanuel Etoundi Oyono qui était activement recherché. Il y a justement là un non-dit qu'il faut absolument déchiffrer. D'autant plus que dans le rapport qu'aurait adressé le procureur en charge de cette affaire à Laurent Esso, il est clairement dit : " faisant suite à vos instructions... ". Ce qui veut en clair dire que c'est lui, Laurent Esso, et non un autre, qui avait ordonné l'arrestation des journalistes, en dépit des dispositions du nouveau code de procédure pénale.


08/05/2010
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