Scandale - Guerre des réseaux: La mafia bloque les nominations à la gendarmerie nationale

DOUALA - 03 Octobre 2012
© Yves Junior Ngangue | Aurore Plus

L’existence de deux listes d’affectations serait à l’origine des dysfonctionnements observés. Entre temps, les gendarmes qui rongent leurs freins à Bakassi depuis plus de deux ans, menacent d’amorcer un mouvement d’humeur.

Attendue depuis juillet dernier, la publication des listes d’affectation à la gendarmerie nationale a été renvoyée sine die. Pendant que des sources concordantes, proches de la direction centrale de la coordination et de la direction du personnel indiquent clairement que le dossier inhérent aux affectations est depuis fort longtemps bouclé. Moult de nos investigations d’usage ont permis de mettre en lumière que des réseaux huilés de marchandage de postes juteux et de monnayage de promotion seraient à l’origine des blocages observés. En effet, alors que certains hommes de troupe pointent un doigt accusateur sur l’actuel secrétaire d’Etat à la défense en charge de la gendarmerie, en arguant qu’il serait en réalité le parrain du réseau mafieux incriminé. La quasi-majorité des éléments en notre possession, permettent de constater que les réseaux sus évoqués auraient en fait survécu aux prédécesseurs du nouveau chef de la gendarmerie depuis au moins quinze ans. Sans toutefois le blanchir, beaucoup de preuves accablantes militent même en faveur du fait que Jean-Baptiste Bokam y aurait sans doute lui-même plongé.

Pour un maréchal-des-logis chef interrogé sous anonymat: «C’est le patron lui-même qui est à l’origine de la non-publication des affectations… en fait, il y’a deux listes d’affectations en circulation : la première appartient aux complices du boss, un capitaine et un lieutenant en retraite depuis quelques temps. Ne sachant pas que leurs demandes de rallonges d’âge n’allaient pas prospérer, ces deux individus ont récolté d’importantes sommes d’argent auprès des gendarmes (des millions de francs Cfa) en leur promettant des postes juteux et des promotions.» Chaque médaille ayant son revers «Malheureusement, mal leur en a pris, ils ont été envoyés à la retraite avant la publication des fameuses affectations. Avec l’arrivée des nouveaux titulaires de postes, il a fallu tout recommencer ; et voici comment une deuxième liste a pu voir le jour, c’est celle que nous appelons la liste officielle. Le ministre Bokam se retrouve donc dans un piège. En publiant la seconde liste, déjà validée par la hiérarchie, il va s’attirer les foudres de nombreux gendarmes qui avaient déjà payé».

Pendant que les partisans de Jean-Baptiste Bokam approchés s’opposent à cette version des faits, en indiquant que les retards observés procéderaient d’une volonté délibérée du patron de la gendarmerie d’assainir, en phagocytant tous les réseaux mafieux laissés par ses prédécesseurs. Des informations puisées à bonne source, arguent que le système «d’affectations sur message» institué par le secrétaire d’Etat, ainsi que ses premières mutations abrogées pour caducité, au lendemain de sa nomination, étaient des signes avant-coureurs. Même si ces allégations sont contrariées par les contempteurs du secrétaire d’Etat, qui pensent fort opportunément que les affectations sur message permettent au patron de la gendarmerie de mieux contrôler son filon. Il reste flagrant qu’aucun argument de taille ne peut aujourd’hui légitimement justifier la non-publication des listes d’affectation à la gendarmerie nationale.

Outre le dossier préoccupant des gendarmes mutés à Bakassi depuis plus de deux ans, au mépris des textes en vigueur et alors qu’il est convenu qu’ils devraient être relevés à l’issue de cette période (02 ans). Comment s’emploierait un gendarme chef de famille, si jamais les listes d’affectation étaient publiées alors que ses enfants sont d’ores et déjà scolarisés, dans la localité de son ancien poste de travail? A qui profite véritablement le pourrissement de la situation? A l’heure où de nombreux gendarmes sont au désarroi, principalement ceux mutés à Bakassi depuis plus de 02 ans, crient leur ras-le-bol. La récurrence des réunions de concertation au Sed, entre Jean-Baptiste Bokam et ses généraux, dont la dernière tenue le mercredi 26 septembre dernier jusqu’à très tard dans la nuit, préfigure t-elle la résolution de ce problème? Loin s’en faut, eu égard que depuis la transformation de certains locaux du Sed, en prison secondaire, la coordination du dispositif sécuritaire est assuré par le secrétaire d’Etat lui-même.



06/10/2012
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