Santé publique: Eclampsie, une épée de Damoclès sur la tête des femmes enceintes

 

Cette crise convulsive qui touche particulièrement la femme africaine tout au long de sa grossesse, présente des risques et peut, dans la plupart du temps, être fatale à la fois pour la mère et pour le fœtus. Enquête
Ignorée du grand public, souvent relayée au rang mystique,  il n’en demeure pas moins que l’éclampsie fait des ravages chez la femme enceinte.
  Surtout sur le continent les cas recensés sont, à en croire Wikipedia, de l’ordre de 36% au Bénin, 10,75% au Sénégal, 10,24% au Nigeria, 9% au Royaume chérifien et au Cameroun, elle est la première cause de mortalité chez la femme en couches. 
 
Par contre, selon la même source, son incidence aux Etats-Unis est évaluée à 0,04%, et respectivement au Royaume-Uni et en Suède à 0,05% et 0,02%. C’est dire si la femme africaine est la plus encline à subir les affres des transes et convulsions qui sont les signes apparents de cette maladie dont les causes exactes sont jusqu’ici inconnues
 
De l’avis de  nos confrères Doctissimo (média cybernétique), « aucun facteur suffisamment fiable ne permet de savoir avec précision » ce qui favorise le développement d’une éclampsie. La particularité de cette affection ne se limite pas seulement en la complexité de ses causes mais également au niveau de son déploiement. On distingue ainsi la pré-éclampsie et l’éclampsie
 
La première survient généralement après la 20e semaine de grossesse. Son signe particulier est la poussée de la pression artérielle communément appelée hypertension et un taux considérable de protéines dans les urines (protéinurie). 
 
Selon le Dr Tchana Mésack gynécologue-obstétricien à l’hôpital Laquintinie de Douala, la pré-éclampsie  peut causer chez la patiente « une enflure principalement sur le visage et sur les mains.» Ceci peut occasionner une surcharge pondérale que celle normalement requise au moment de la grossesse. A ces signaux peuvent, selon les cas, s’ajouter « les troubles de la vue et au pire des convulsions». 
 
Selon l’expert sur la question au Cameroun, plus de 7% des grossesses connaissent des complications d’une pré-éclampsie. Parmi lesquelles « des fortes chances d’avoir une évolution vers une éclampsie à proprement parlé caractérisée qui peut être fatale tant pour la mère que le fœtus.» Bien qu’il n’y ait pas de causes formellement démontrées de la pré-éclampsie,  les thérapeutes distinguent néanmoins un ensemble de facteurs risques : l'âge (plus de 40 ans ou moins de 20 ans) ; la première grossesse ; un antécédent de pré-éclampsie ; une grossesse multiple (par ex. des jumeaux, des triplés) ; des ancêtres africains ou amérindiens ; des antécédents familiaux de pré-éclampsie ; le diabète ; une hyperpression artérielle préexistante ou une atteinte rénale  et un surplus de poids avant la grossesse
 
Hémorragie cérébrale
En ce qui concerne la deuxième, qui est en fait une complication de la première, se manifeste par des indicateurs complexes les unes des autres. Qui, à la limite donnent froid au dos. La patiente est en ce moment emprise aux crises convulsives. Celles-ci sont la cause d’une pression artérielle intracrânienne c’est-à-dire dans la tête, élevée, elle est exposée à une hémorragie cérébrale dont l’origine est la rupture des vaisseaux sanguins dans le cerveau (c’est la cause principale de la mort maternelle) ; l’éclamptique peut être atteinte de cécité avec le décollement de la rétine et à la rupture du foie. Plus grave, le placenta du fœtus peut se séparer de la paroi de l’utérus, on parle alors de « décollement placentaire ». Ici, le saignement issue de ce décollement peut également être mortel pour les deux  et est la cause de l’insuffisance rénale chez la future maman
 
 
Même s’il n’existe pas de statistiques fiables pour ce qui concerne le taux de mortalité inhérente à l’éclampsie, le Dr Tchana Mésack reste convaincu que la pré-éclampsie et l’éclampsie sont les premières causes de décès maternel chez la femme en couches. Pour mémoire, si une patiente connaît une tension artérielle qui dépasse 140mmHg et 90mmhg en sus de la présence des protéines dans les urines (protéinurie), on est devant un cas de pré-éclampsie légère. Par contre, si cette tension n’a de cesse de grimper pour atteindre plus de 160mmHg et 110mmHg et qu’elle essuie une protéinurie accompagnée de douleur abdominale et de troubles visuels, pas de doute, c’est une éclampsie…donc une urgence
Jacques Willy NTOUAL
 
Focal
Son incidence au Cameroun
D’après une étude menée par des chercheurs camerounais entre 2004 et 2005,  l’'incidence de l'éclampsie est de 0,92 pour 100 grossesses à la hauteur de 29%,  en anté-partum (avant la délivrance), de 39% en intra-partum (pendant l’accouchement) et 32% en post-partum (après). Toujours selon cette étude, le pic de l'éclampsie de post-partum se situe au  jour de l'accouchement et il existe une légère recrudescence au-delà du sixième jour. Un profil épidémiologique de la femme éclamptique est ainsi établi. Nous avons celui d’une jeune (65% de moins de 25 ans) primipare (57%), nullipare (75%), aux conditions socio-économiques modestes (55% de ménagères, 34% d'étudiantes/élèves), ayant un suivi prénatal médiocre (50% de moins de 4 consultations prénataux (Cpn), 10% d'absence de Cpn réalisé pour la plupart à la base de la périphérie sanitaire (68%). Elle était référée dans 49% dans un tableau clinique marqué par une pression artérielle diastolique (Pad) reconnue très sévère (> 110mmHg) dans 46% des cas et modérée dans 30% des cas. Des œdèmes présents dans 62% des cas et « un score de Bishop volontiers  défavorable » (72%). 28% de femmes accouchent par voie haute chez 28%. Les enfants à terme nés de telles femmes sont plus souvent «eutrophiques qu'hypotrophes (20%) »; 38% font l’objet d’un transfèrement dans les pavillons de néonatalogie.
 
 Les complications maternelles les plus fréquentes dans notre échantillon sont « l'atteinte rénale (36%) et la coagulopathie (31%) ». La fréquence de décès maternel n’est pas négligeable, 12%. La létalité (mortalité)  fœtale est tout aussi importante, 320 pour 1000 naissances. La césarienne, selon ces chercheurs, réduit partiellement les risques de maladie, de décès (précédant la délivrance) de la mère.
J.W.N.   
 
Source: Le Messager



24/03/2012
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