Sangmélima à feu: Violents affrontements entre les militants du RDPC

Yaoundé, 07 février 2013
© Le Soir

En prélude aux échéances politiques à venir, les membres du Camp Meva'a M'Eboutou et celui du Maire Essiane s'épient et s'affrontent à fleuret moucheté.


Une - Le Soir - 07/02/2013
Photo: © CIN


Selon nos sources, depuis quelques mois, Sangmélima est plongé dans un calme étrange. Et pour cause, l'implication de toute la section RDPC du Dja et Lobo 1, sous la houlette du Président de la Commission Communale d'Encadrement et d'Appui, Michel Meva'a M'Eboutou, dans le processus d'inscription des militants et sympathisants de ce parti sur les listes biométriques. Si en apparence, les choses se passent globalement bien, il faut tout de même relever que la bande à Motaze avec à la manœuvre un certain André Noël Essiane alias Traoré, Maire RDPC de la Commune de Sangmélima, essaierait tant bien que mal de perturber la stratégie mise en place par le vieux Michel Meva'a M'Eboutou, qui a permis à ELECAM d'obtenir de très bons résultats.

Déjà cette bande est accusée de s'être singularisée en essayant vainement de brouiller la campagne présidentielle de 2011 dans l'Arrondissement de Sangmélima menée de main de maître par le « vieux », en confisquant le matériel de campagne du candidat Biya, puis en décidant de s'approprier des cadeaux que la Coordination Régionale pour ladite élection a envoyés aux populations, Lopez Bekono étant celui qui aurait commis cet autre vol. Si cela s'avérait vrai, il ne serait pas le premier du genre. Comme lors de la campagne pour l'élection présidentielle, ces militants qui sont désormais la honte du parti, au regard de leurs nombreuses frasques, auraient décidé de saboter l'opération que conduit avec dextérité le « vieux » Michel Meva'a M'Eboutou, au grand dam des fidèles du régime.

De l'avis de certains analystes politiques locaux, ce calme apparent est suspect à plusieurs égards. Les membres des deux camps qui s'épient et s'affrontent encore à distance sont irréconciliables. D'après nos informations, le groupe que conduit André Noël Traoré Essiane, « les autres, c'est-à-dire : ceux d'en face, n'ont rien à faire. Ils sont des désœuvrés et comptent parmi eux des has been qui, au crépuscule de leur vie, se rendent compte qu'ils n'ont rien fait pour le département et sont jaloux de ceux qui, en très peu de temps, ont avec le Ministre Motaze, fait bouger les choses dans le bon sens. Regardez l'hôtel de ville, voyez à quoi ressemble Sangmélima dans la nuit, nous on travaille, eux ils bavardent (sic) », déclare-t-il sans contenir son hilarité. Pour ceux d'en face, ils disent ne pas imaginer faire route ensemble avec des gens très mal élevés, qui insultent les gens et pillent les richesses communes. Ils trouvent que la bande à Essiane est aux abois et espère obtenir le salut par Louis Paul Motaze, qui doit sauver lui-même sa peau. Un membre influent de ce groupe est allé jusqu'à dire que : « L'heure de vérité a sonné et le peuple de Sangmélima ne peut accepter de se tromper à nouveau. Ces enfants qui sont pour la plupart chauves dans leur tête, ont basé leur stratégie sur le mensonge, la délation et le bluff. Pour ces gens de petite moralité, seul l'argent compte et ils pensent pouvoir tout acheter; Ils comptent sur leur arme décisive : la corruption». En effet, rendus à quelques jours des échéances politiques capitales, la bataille pour le contrôle politique du département du Dja et Lobo semble avoir commencé. Il se dit d'ailleurs à tort ou à raison que, qui tient Sangmélima, tient le Dja et Lobo. Les membres du camp qui s'opposent aux « milliardaires de Motaze », parmi lesquels Clotaire Engamba, Léopold Enguengueme, Alain Ndo Bilo'o, Ottou, toute l'élite intérieure et extérieure de cet arrondissement qui refuse de courber l'échine pour servir de monture à Motaze et sa bande, disent qu'ils sont sereins. Ils affirment l'être d'autant que tout auditeur attentif des activités politiques de ces temps derniers à Sangmélima sait que la bataille sera rude ici, si jamais elle a lieu. Pour que cette bataille ait lieu, il faudrait que le Tribunal Criminel Spécial dysfonctionne en classant sans suite le dossier de la Commune de Sangmélima qui lui a été transmis il y a de cela quelques semaines.


Riches

Selon des sources concordantes, le passage de Louis Paul Motaze, alors à la tête de la CNPS, aurait permis la formation du groupe Essiane Bindoua qui, au fil des temps, se serait étoffé avec la promotion controversée du «meilleur ministre» de tous les temps du Dja et Lobo au poste ô combien important de l'Economie, du Plan et de l'Aménagement du Territoire. «Il est de notoriété publique que Motaze ne sait rien de la fonction publique camerounaise. Ce que très peu de gens savent c'est que Louis Paul Motaze n'a jamais exercé comme fonctionnaire. On sait aussi que ses passages à la CAMSHIP et la CAMAIR ont été simplement catastrophiques, et qu'à la CNPS, il a permis à sa bande de piller sans compter. Sinon comment comprendre qu'avec les mêmes moyens, le même personnel presque, cette institution fasse autant de réserves ? La nomination de Louis Paul Motaze au MINEPAT a favorisé, sous la houlette d'Essiane, l'enrôlement de nouveaux membres à l'instar de Sylvain Aba’ a Mvondo. Cette bande n'a pas fait que s'étoffer. Elle a également permis à ses membres de devenir riches non pas à la sueur de leur front, mais à travers des opérations mafieuses tels les marchés fictifs, les surfacturations à la commune du matériel acheté par son propre argent en simulant de faux marchés, l'octroi en doubles financements des subventions MINEPAT pour des projets déjà financés par le FEICOM, l'octroi de subventions à des individus dont 345 millions à Monsieur le Maire de Sangmélima, et non à la Commune de Sangmélima en novembre 2011( peu avant le remaniement ministériel). La liste étant loin d'être exhaustive», confie sous le sceau de l'anonymat un conseiller municipal. Selon nos informations, il se dit qu'après ces « braquages » de caisses de l'Etat, cette clique devenue très riche, serait d'une arrogance indicible et inqualifiable. Pour ces politiciens du dimanche, il faut de l'argent toujours et encore de l'argent, peu importe qu'il soit propre ou sale, avec de l'argent ils savent tout s'acheter. La dignité, la respectabilité, le pouvoir, les belles voitures et les belles femmes, et même qu'on peut devenir très ami avec le clergé.

On sait que la Direction de la Police Judiciaire (DPJ) du Sud a mené des enquêtes sérieuses, lesquelles ont établi de nombreuses malversations et de nombreuses distractions de biens de la commune. Le dossier y afférent se trouve au Tribunal Criminel Spécial, qui n'a pas encore bougé son «petit doigt». On sait aussi qu'une mission du Contrôle Supérieur de l'Etat a séjourné pendant deux mois et demi à la Commune de Sangmélima, et que toutes les bizarreries commises par Essiane et consorts avec des tentacules au MINEPAT auraient été mises en lumière : détournement du matériel roulant de la commune, de nombreuses surfacturations, des puits payés au tarifs des forages et dans lesquels on ne trouve pas une seule goutte d'eau par ces temps de sécheresse, des recrutements à des postes de responsabilité des membres de la famille du Maire Essiane sans aucune qualification, de nombreux marchés établis à leur profit et payés sans être réalisés à l'instar de celui de la route Ngoulmekong-Meyomadjom-Koungoulou, en cours de bitumage par la société Arab Contractors, mais considérée comme réhabilitée par la bande à Essiane, le dossier de construction par une entreprise du Maire Essiane de la tribune des fêtes pour 115 millions FCFA avec des avenants pour 65 millions FCFA, le dossier de la fourniture et de la pose des pavés par une autre des entreprises de André Noël Essiane sur certains trottoirs de Sangmélima pour 150 millions FCFA, etc. Toutes choses qui auraient conduit le CONSUPE à dresser un rapport de plus de 25 pages sans annexes, non sans avoir adressé à l'ensemble de l'Exécutif Municipal, en dehors de Joël Oyono, de nombreuses demandes d'explications et d'informations, dont une bonne cinquantaine au Maire André Noël Essiane.


Tribunal Criminel Spécial

Pour le Conseiller Ndo qui, au terme des travaux de la session ordinaire du Conseil Municipal consacré au vote du budget 2013 de la Commune de Sangmélima, a demandé à la tutelle de redresser ce budget pour le ramener de 3,9 milliards à 520 millions, «si l'Etat fonctionne normalement, il y aura compétition à Sangmélima et non bataille. La bataille ne pourra avoir lieu que si l'Etat nous donne l'impression de vouloir protéger ces gens qui se sont mal comportés avec la fortune publique. Il dit faire encore confiance au Tribunal Criminel Spécial où se trouve l'amorce de la première enquête, celle qui a été menée par la DPJ du Sud » indique-t-il.

Cette juridiction qui été créée pour aller vite et bien, elle doit savoir que Sangmélima attend que ces hommes soient jugés comme le sont les autres. Pour Ottou Dimi, connu pour sa ténacité et ses excès de langage, « dans ce mélodrame se joue aussi la survie ici du RDPC ; je suis de la majorité présidentielle, je suis très embêté d'observer que les militants du RDPC qui se comportent mal ne soient pas punis». Voila l'ambiance qui prévaut actuellement à Sangmélima. Une ambiance tendue. Ici on retient son souffle, en espérant qu'une partie des milliards distraits utilisés pour «acheter» le silence de l'Etat, sera dépensée par ces hommes pour rien, et donc que la justice passera. Affaire à suivre.



10/02/2013
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