Round up – Les compagnons… de Biya: Ces croulants qui se maintiennent ou espèrent rebondir aux hautes fonctions

DOUALA - 29 JUIN 2012
© M.M.M | Aurore Plus

Nous revisitons quelques personnalités de marque qui ont servi ou servent encore aux hautes responsabilités de la République, mais dont la particularité est d’être du troisième âge. Et qui pour certains espèrent toujours rebondir mieux ne sont pas prêts à cracher sur un éventuel rappel aux affaires. Le régime du renouveau bat tous les records en nombre d’élites politiques utilisées.

Nous revisitons quelques personnalités de marque qui ont servi ou servent encore aux hautes responsabilités de la République, mais dont la particularité est d’être du troisième âge. Et qui pour certains espèrent toujours rebondir mieux ne sont pas prêts à cracher sur un éventuel rappel aux affaires. Le régime du renouveau bat tous les records en nombre d’élites politiques utilisées.


I- Le doyen incontesté

Nfon Victor E. Mukete : 12 026

Le Paramount Chief (Chef supérieur) des Bafaw de Kumba, chef-lieu du département de la Meme, région du Sud-Ouest anglophone est aujourd’hui âgé de 94 ans. Et quelle longévité politique ! Tenez en 1954, Nfon Mukete dont les méchantes langues disent qu’il serait originaire de la région du Nord-Ouest, était ministre fédéral sans portefeuille au Nigeria et plus tard, en 1959 ministre fédéral de la Recherche scientifique et de l’information.

L’ancêtre est le père de Collins Ebako Mukete, président du Conseil d’administration de la société de téléphonie mobile Mtn dont il est actionnaire à hauteur de 30%. En effet Ebako Mukete qui passe la plus grande partie de son temps aux Etats-Unis avait déboursé 46 milliards de Fcfa pour acquérir Mtn. A l’époque on avait soupçonné son père, le chef supérieur, d’avoir aidé le fils à remporter la mise du fait de sa position de président du Conseil d’administration de la société publique de téléphonie Camtel. Dans la famille on dément.

Le vieux Mukete qui préside les conseils d’administration de la Camtel en tenue traditionnelle (pagne) est membre d’honneur du comité central du Rdpc et son fils Ebako a été fait lui aussi membre titulaire élu du comité central du parti au pouvoir par Paul Biya lors du 3ème congrès de ce parti en septembre 2011. C’est ce qu’on appelle ratisser large.


II- Ils sont relégués à la réserve, mieux aux oubliettes…

William Aurélien Eteki Mboumoua (Littoral) Ancien ministre de l’Education nationale d’Ahmadou Ahidjo et dont Paul Biya avait été directeur de cabinet en 1962. Ministre chargé de mission de Paul Biya du 13 avril 1983 au 24 août 1985 et des Affaires étrangères du 24 août 1985 au 23 janvier 1987.

Le Pr. Hubert Nkoulou (Centre) Ingénieur et médecin, cet ancien Upéciste, octogénaire a été ministre de la Santé publique de Paul Biya à partir du 18 juin 1983.

Joseph Zambo (Sud) Il a été secrétaire général de la présidence de la République sous Paul Biya dans le gouvernement du 18 juin 1983.

Clément Obouh Fégué (Centre) Le septuagénaire Etenga, ingénieur hydraulicien formé en France. Il a été de 1973 à 1975 directeur général adjoint de la Snec (Société nationale des eaux du Cameroun) et directeur général de 1975 à 2000. C’est lui qui fournissait les fonds à l’Unc puis au Rdpc à Douala, mission qu’a poursuivie avec plus ou moins de succès Basile Atangana Kouna, Etenga comme lui, actuel ministre – de l’Energie et de l’Eau quand il était directeur général de la Snec puis de Camwater.

Félix Tonye Mbog (Centre) Il a été ministre du Travail et de la Prévoyance sociale de Paul Biya (6 novembre 1982) après avoir été ministre de Ahmadou Ahidjo. Le 13 avril 1983, il devient ministre des Affaires étrangères qu’il quittera le 7 juillet 1984 pour celui des Postes et Télécommunications.

Jérome Emilien Abondo (Centre) Il a été ministre de l’Administration territoriale à partir du 21 novembre 1986.

Benjamin Itoe (Sud-Ouest) Magistrat de formation, il a été ministre de la Justice Garde des Sceaux dès le 24 août 1985, puis du Tourisme le 13 avril 1989.

Joseph Charles Doumba (Est) Ministre sous Ahidjo, il est resté longtemps secrétaire général du Comité central du Rdpc. C’était le parrain ou le mentor de l’élite de l’Est. Aujourd’hui, il est ambassadeur itinérant. Dès 1985, il était ministre chargé de mission à la présidence de la République.

Douala Moutome (Littoral) Ministre de la Justice Garde des Sceaux dès le 26 avril 1991. Il est sorti du gouvernement le 19 septembre 1996 et remplacé numériquement par Laurent Esso.

Robert Mbella Mbappe (Littoral) Magistrat et docteur d’Etat il a occupé des postes ministériels à partir du 7 juillet 1984 à l’Education nationale, à la Justice.

Philippe Menye Me Mve (Sud) Il a été ministre de la Défense dès le 19 septembre 1996. Il avait fait un discours qui est resté dans les mémoires des gens de son département d’origine en déclarant après Dieu au ciel c’est Paul Biya sur terre. Le chef de l’Etat avait trouvé cette comparaison dangereuse et l’avait limogé quelque temps après.

Michel Meva’a m’Eboutou (Sud) Il a été à la Défense, 21 novembre 1986, aux Finances.

Simon Bassilekin (Centre) Il a été éphémère ministre des Finances du 7 décembre 1990 au 26 avril 1991 où il est remplacé par le Bafia Justin Ndioro à Yombo lui le Banen. Il n’avait pas compris pourquoi Paul Biya son condisciple au petit séminaire l’avait enlevé de son poste de directeur national de la Beac où il était en position de détachement depuis 1962. Il a nourri pendant longtemps une haine tenace envers le chef de l’Etat. Il était même devenu membre d’un grand parti d’opposition. Il a fallu tout le doigté de l’ancien ministre des Domaines Jean Baptiste Beleoken autre condisciple au séminaire pour le ramener à des meilleurs sentiments vis-à-vis de Paul Biya. L’histoire raconte qu’au cours d’une conversation, le chef de l’Etat lui avait demandé : « Simon est-ce que tu peux me dire combien tu gagnes à la Beac ? » Simon Bassilekin avait répondu : « 8 millions par mois ». Et Paul Biya de s’exclamer : « tout ça pour toit tout seul ». C’est après cette conversation que Paul Biya l’avait dégagé de la Beac pour le nommer ministre des Finances et le limoger quatre mois plus tard de ce poste.

Pr. Joseph Mbede (Centre) Cet Etenga de l’arrondissement de Soa, département de la Mefou et Afamba a été ministre de la Santé publique à partir du 26 avril 1991 au 21 juillet 1994 puis à l’Environnement et Forêts le 19 septembre 1996.

Bipoum Woum (Littoral) Ce constitutionnaliste a été ministre de la Jeunesse et des Sports du 21 juillet 1994 au 19 septembre 1996 mais auparavant il était à la culture dès le 27 novembre 992.

-Bava Dingoer (Extrême Nord) Il était à l’Environnement et Forêts dès le 9 avril 1992 au 19 septembre 1996.

Pr. Joseph Owona (Sud) Le célèbre professeur de droit a fait le tour des ministères de la République. Le 24 août 1985, il est nommé Secrétaire général adjoint de la présidence de la République, poste dans lequel il est confirmé lors du remaniement du 21 novembre 1986. Le 16 mai 1988, il devient ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Lors du remaniement du 7 décembre 1990, il passe au ministère de l’Informatique et de l’Enseignement supérieur. Le 9 avril 1992 il devient secrétaire général de la présidence de la République, poste qu’il quitte le 21 juillet 1994 pour celui de la Santé publique. Le 19 septembre 1996, on le retrouve au Contrôle supérieur de l’Etat puis le 7 décembre 1997 à la Jeunesse et Sports et le 18 mars 2000 il atterrit à l’Education nationale où il achève sa carrière ministérielle le 8 décembre 2004.

Le professeur Joseph Owona est l’artisan de la constitution de 1996 dans laquelle il avait proposé pour le chef de l’Etat un mandat de sept ans renouvelable une fois. Ce qui avait fortement déplu à certains du Rdpc dont il est membre du Comité central et au président de la République. L’année dernière, il a conduit une équipe de cinq professeurs camerounais pour organiser la première thèse de doctorat soutenue pour la première fois à Bangui en terre centrafricaine. Il vient de produire une nouvelle publication dans son domaine. C’est un homme aux choix alimentaires simples qui aime manger sa soupe de « bifaga » à l’arachide, habillé en soirée en pagne et sous-vêtement, sauf s’il a changé entretemps.

David Abouem à Tchoyi (Centre) Le 4 février 1984 ce Bafia du département du Mbam et Inoubou est nommé Secrétaire général de la présidence de la République, poste qu’il quitte le 24 août 1985 pour celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce brillant sujet aux dires de ses condisciples de l’Enam section administration général maîtrise avec aise l’anglais. Jean Nkuete est son adjoint quand il est secrétaire général de la présidence de la République. Aujourd’hui il est consultant en sciences administratives.

Delphine Tsanga (Centre) Elle a été ministre des Affaires sociales d’Ahidjo et de Paul Biya à partir du 13 avril 1983 au 7 juillet 1984 quand elle a été remplacée par Rose Zang Nguélé.

Léonard Claude Mpouma (…) Cet ingénieur agronome a été ministre avant d’être relégué aux oubliettes


III- Ils sont encore actifs

Marcel Niat Njifendji (Ouest) Ingénieur électricien né en 1934, il a été pendant deux décennies directeur général de la Société nationale d’électricité (Sonel), poste qu’il cumulait avec son entrée au gouvernement à partir du 7 décembre 1990 comme ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire. Le 9 avril 1992, il devient vice-Premier ministre en charge des Mines, de l’Eau et de l’Energie.

Ibrahim Mbombo Njoya (Ouest) Sultan roi des Bamoun, a passé beaucoup de temps aux gouvernements d’Ahidjo et de Biya. Il a été à la Jeunesse et Sport, à l’Information et à la Culture, aux Relations avec les Assemblées, etc. C’est un ami personnel du chef de l’Etat qu’il tutoie en privé.

Pr. Gottlieb Lobe Monekosso (Littoral) Originaire de l’arrondissement de Dibombari, département du Moungo, il est né au Nigeria où il a obtenu son baccalauréat à 20 ans en 1948 puis son doctorat en médicine en 1953 en Angleterre après cinq ans d’études parce que sujet très brillant et son Ph.D ès sciences en 1959 avec une thèse sur le manioc qui contient une toxine qui donne le goitre. Agé de 84 ans, on le voit encore actif dans les meetings du Rdpc. Il a été ministre de la Santé publique du 7 décembre 1997 au 18 mars 2000. Il a réorganisé les services de santé du Cameroun avec l’actuelle nomenclature où apparaissent les districts de santé, les Centres médicaux d’arrondissement (Cma). C’est un expert mondialement reconnu et respecté. C’est lui qui à la demande du président Ahmadou Ahidjo a créé l’actuelle faculté de médecine et de sciences biomédicales (Fmbm) en 1969 sous le nom un peu barbare de Centre universitaire des sciences de la santé (Cuss).

Edouard Akame Mfoumou (Sud) Il a risqué sa peau quand la presse et certains partis d’opposition l’ont présenté comme le dauphin de Paul Biya qui n’aime pas entendre ce genre de rumeurs. Cet administrateur civil principal né en 1945 et qui fut à un moment donné l’homme de confiance du chef de l’Etat au point où c’est lui qui nommait les membres du gouvernement, a lui aussi occupé de nombreux postes ministériels prodigieux comme le professeur Owona :

-13 avril 1989 : Secrétaire général de la présidence de la République ;

-7 décembre 1990 : ministre de la Défense

-19 septembre 1996 : ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances.

Il quitte le ministère des Finances le 27 avril 2001 et est remplacé par Meva’a m’Eboutou. Depuis lors, il fait le mort mais on le voit en tenue du parti lors des meetings.

En réalité au début des années 1980, Paul Biya ne connaissait pas Edouard Akame, c’est son grand frère Jean Foumane Akame alors ministre de l’Administration territoriale, magistrat de formation, qui l’introduit chez le président Paul Biya qui le nomme directeur général de la Banque internationale pour le Commerce et l’Industrie (Bicic) ancêtre de l’actuelle Bicec. Le petit frère va réussir à évincer son frère aîné et à gagner le cœur du président de la République. Voilà pour la petite histoire.

René Ze Nguélé (Est) Sous Paul Biya, le professeur de géographie (Des dans cette matière) et marié à une Française qui est repartie pour son pays, obligeant ce Maka du Haut-Nyong à prendre une Camerounaise pour épouse a été ministre de l’Education nationale à partir du 13 avril 1983, puis il est passé à la Fonction publique le 4 février 1984. Le 4 décembre 1987, il est au Plan et à l’aménagement du territoire qu’il quitte le 7 décembre 1990. Le 7 décembre 1997 il revient au gouvernement comme ministre de la Communication et en sort le 18 mars 2000 ; pour aller à la Fonction publique et Réforme administrative. Il quitte définitivement le gouvernement le 8 décembre 2004, remplacé par Benjamin Amama Amama.

Normalement le vieux prof aurait dû être classé dans la catégorie des non actifs mais le fait qu’il se soit présenté contre Paul Biya en septembre 2011 pour la présidence du Rdpc a fait qu’on le classe comme actif.

M.M.M


01/07/2012
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