Rouleau compresseur: L'étau se resserre autour de Marafa Hamidou Yaya

YAOUNDÉ - 07 Février 2012
© René Atangana | La Météo

Voyage au coeur du complot qui pousse l'ancien MINATD à Kondengui dans les prochains jours

Rouleau compresseur: Les jours de Marafa sont comptés?

Les accusations, récemment portées contre l’ex-Minatd par Hubert Otélé Essomba, dans l'affaire de l'achat d'un avion présidentiel, constituent un pan des basses manœuvres mises en branle pour noyer la vérité. Et surtout pour pousser l'homme hors du système.

Le discret dispositif de surveillance, actionné par certains services de renseignement autour de Marafa Hamidou Yaya, depuis sa sortie du gouvernement le 09 décembre, serait, selon des sources avisées, un signe visible d'un complot savamment ficelé pour aboutir à son lynchage.

Le changement spectaculaire de cap, opéré par Hubert Marie Patrick Otélé Essomba dans sa déposition, à l'audience du 31 janvier 2012, accable à cet effet l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) et Yves Michel Fotso, ex-administrateur délégué (Adg) de la défunte Cameroon Airlines (Camair). M. Otélé Essomba les accuse ainsi d'avoir, solidairement, distrait 106 milliards de FCFA.

Selon l'ancien Dga de Aircraft Portofolio Management (Apm), Yves Michel Fotso «est mis sur la sellette pour avoir fait intervenir neuf sociétés écrans dans l'affaire de l'acquisition d'un avion présidentiel, le Bbjet-2 en l'occurrence». L'alors ministre d'Etat, secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), pour sa part, est accusé, toujours par Otélé Essomba (neveu de feu René Owona, l'ex-secrétaire général adjoint n°1 au secrétariat général de la présidence), d'avoir perçu d'importantes rétro-commissions dans le cadre de l'acquisition d'un aéronef destiné aux déplacements du chef de l'Etat. Une source proche du dossier au cœur de l'opération anti-corruption, baptisée «Epervier», constate, dépité, que Hubert Patrick Otélé Essomba, en voulant sauver sa tête, s'emmêle plutôt les pédales.

L'informateur de La Météo précise à cet effet qu'au stade actuel des enquêtes, «l'inculpation de Marafa Hamidou Yaya dans cette affaire n'apparait nulle part et que l'interpellation de l'homme du Nord n'est même pas à l'ordre du jour». Toutefois, la nouvelle tournure de la déposition accusatrice d'Hubert Patrick Marie Otélé Essomba au tribunal, dénonçant Yves Michel Fotso, sous les verrous depuis le ler décembre 2009, et Marafa Hamidou Yaya, l'ex-Minatd, aurait, explique un magistrat réputé crédible dans le milieu judiciaire, des motivations occultes et ne procède pas d'un souci réel de la manifestation de la vérité. Certains éclairages, transmis par Boeing, le concessionnaire de l'avion présidentiel commandé par l'Etat du Cameroun, indiquent clairement que la livraison de l'aéronef était prête ou presque. Et que c'est Jean Marie Atangana Mebara qui, succédant en août 2002 à Marafa Hamidou Yaya au secrétariat général de la Présidence, avait tout chamboulé, préférant curieusement prendre une piste qui a abouti à l' «Albatros», un avion qui s'est avéré comme une épave, dès les premières minutes du premier déplacement à son bord du président de la République. Une thèse qui, à l'observation, blanchirait Marafa Hamidou Yaya de tout soupçon.

Selon les mêmes sources, l'implication de l'ancien Minatd dans un détournement de fonds, en rapport avec l'acquisition foireuse du Bbjet-2, ne serait qu'une autre manœuvre de trop. Bien plus, Marafa Hamidou Yaya ne saurait véritablement répondre des actes posés par son successeur au secrétariat général de la présidence. Surtout que, selon des sources dignes de foi, l'homme n'aurait jamais rien traité ni avec Hubert Patrick Otélé Essomba, ni avec Jean Marie Atangana Mebara, dans le cadre d'une quelconque acquisition d'avion présidentiel.


Wilkileaks.

Pour mémoire, le 09 décembre 2010, Janet Garvey, l'ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, avait reçu, au cours d'une séance de travail Marafa Hamidou Yaya, le non moins membre du bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir). Une séance de travail dont Mme Garvey avait, en son temps, fait un compte rendu au Département d'Etat américain. Dans ledit rapport, intercepté par Wilkileaks, Mme Garvey rapporte que, lorsqu'elle a abordé le caractère «agressif» de la campagne anti-corruption («Opération épervier») menée par le président Biya, Marafa Hamidou Yaya s'est montré un peu comique. «Je peux me retrouver en prison», aurait dit le ministre d'Etat. Peut-être pour montrer qu'avec la haine dont il est l'objet depuis un moment, tout peut lui arriver. Suivez notre regard.


Attention.

Les prémices de ce vaste complot se font déjà ressentir ces derniers jours. Notamment dans les médias. En effet, certains journaux, embouchant les trompettes du catastrophisme ambiant, ont déjà envoyé l'ex-Minatd en prison sans autre forme de procès, dans un environnement où la rumeur le dispute aux fantasmes. Ici, on n'est pas loin des règlements de comptes orchestrés par certains caciques du régime pour mettre hors circuit, des camarades qui semblent leur faire de l'ombre.

Comme l'opinion le sait, Marafa Hamidou Yaya aura été pendant 6 ans, l'un des plus proches confidents du chef de l'Etat en sa qualité de Sg/Pr. Et le fait que Paul Biya l'a conservé au Minatd pendant 9 ans apparaît comme un autre signe de confiance et d'estime. Bien plus, le fait de le sortir du gouvernement ne saurait être assimilé à une sanction mais, qui sait, à un acte mettant fin à une mission bien remplie.

Bien plus, au plus fort des années de braise, et alors que plusieurs dignitaires du régime, originaires du Septentrion faisaient profil bas, Marafa Hamidou Yaya aura été l'un des rares à descendre au charbon. A l'époque, ses autres frères aujourd'¬hui aux affaires, jouaient ouvertement les pyromanes.



07/02/2012
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