Roger Milla : « C’est du chantage »

Camfoot

Ambassadeur itinérant et footballeur africain du siècle, Albert Roger Milla a accepté de nous faire part de ses premières impressions au lendemain de la décision de la FIFA de suspendre le Cameroun. Loin des faits et profitant sereinement de ses vacances, il est pour le moins ahuri par l’implication actuelle de la CAF qui aurait pu intervenir plus tôt dans la résolution de la crise. Interview...

Publié le 5 juillet 2013
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Comment avez-vous accueilli cette décision de suspension provisoire du Cameroun par la Fifa ?

Il faut que la Fifa nous dise pourquoi elle nous suspend provisoirement. Qu’elle nous donne les raisons de cette sanction.

Elle motive sa décision par « l’ingérence gouvernementale » …

Quelle ingérence gouvernementale. Est-ce que c’est le Gouvernement qui a installé le vice-président à la Fédération ? C’est le 1er vice-président qui a le droit de convoquer une assemblée générale. Ce n’est pas le Gouvernement.

Comment appréciez-vous ce Comité de normalisation qu’on entend mettre sur pied pour gérer la Fécafoot jusqu’à l’organisation des élections ?

Non ! Non ! Nous ne voulons pas du tout de cette affaire. Ça ne sert à rien du tout. On parle de la Caf. Depuis qu’il y a ce problème-là au Cameroun, pourquoi la Caf est restée passive ? Pourquoi elle vient maintenant ? Pourquoi c’est la Fifa qui doit envoyer la Caf ? ce n’est pas la Fifa qui commande le football africain. C’est bien la Caf d’abord. Pourquoi elle n’a pas géré ça avant. Nous ne voulons aucune négociation. Nous voulons qu’on applique les statuts de la Fécafoot. Quand il y a vacance à la présidence, c’est le 1er vice-président qui prend les choses en main. Et s’il n’est pas disponible, c’est le doyen d’âge des vice-présidents. C’est au 1er vice-président de prendre les choses en main pour gérer les affaires courantes de la Fédération.

Dès lors que la Fifa nous tient par cette décision, quelle est donc pour vous la solution de sortie de cette crise ?

La Fifa ne nous tient nulle part. C’est du chantage. Comment trouvez-vous que la Fifa suspend provisoirement le Cameroun et lui donne en même temps trois points ? C’est la Fifa qui est en train de s’ingérer dans les affaires du Cameroun. Même dans les statuts de la Fifa, si la place du président Blatter est vacante, c’est le 1er vice-président qui va gérer les affaires de la Fifa.

Dans cette décision, il est question de réviser les textes de la Fécafoot, tel que tout le monde le souhaitait. N’est-ce pas aussi une bonne chose ?

Pourquoi c’est quand ils se rendent compte qu’on est en train de mettre leurs gens dehors qu’ils demandent de réviser les statuts de la Fécafoot ? Même si on révise ces textes, nous ne les voulons plus. C’est eux qui ont mis ce football à terre. Qu’on laisse d’abord le 1er vice-président gérer pour le moment et après on fera les élections. Pendant le règne du 1er vice-président, on va réviser les statuts.

Les Camerounais ne vous ont pas beaucoup aperçu ces derniers temps au pays. Ils se posent la question de savoir, où est-ce que vous êtes passé ?

Je ne suis pas là. Moi aussi, j’ai droit aux vacances. Je suis allé me reposer et réfléchir quelque part. Je reviens dans deux semaines.

Un mot pour les Camerounais …

Je demande aux Camerounais d’avoir confiance en leur pays et en sa justice. D’avoir confiance en ceux qui gère ce pays et font de lui une grande nation. La Fifa ne peut pas nous suspendre. Qu’elle le fasse et nous allons accepter cette suspension pour reprendre tout à zéro. Là, c’est le chantage qu’elle nous fait. Nous suspendre et après cela nous donner encore trois points ? Nous n’acceptons pas cela. Que le 1er vice-président prenne les choses en main. Iya Mohammed était parti aussi de 1er vice-président pour devenir président de la Fédération.

Certaines personnes entendent attaquer cette décision de la Fifa au Tribunal arbitral du sport (Tas). Qu’en pensez-vous ?

Cette décision n’existe même pas. Les statuts sont clairs et nets en cas de vacance à la présidence de la Fécafoot. Si certains veulent aller au TAS, ils n’ont qu’à aller. Mais, ce n’est pas une décision. Le TAS va leur donner raison. Si le Gouvernement voulait s’ingérer à la Fécafoot, il l’aurait fait depuis. Il ne l’a pas fait. Il n’a rien fait dans cette affaire.

Entretien mené au téléphone par Antoine Tella



06/07/2013
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