Révélations explosives: Toute la vérité sur le limogeage du Com/Gp

Yaoundé, 04 Février 2013
© Borris Arrache Mbock et Conrad Atangana | La Nouvelle

Au moment où de nouveaux hommes viennent de prendre les commandes de la Garde présidentielle (Gp) et de la Brigade du Quartier Général (BQG) on n’a pas fini de parler de cette guerre ouverte entre le haut commandement de l’armée et les Officiers limogés. Voici du reste le film des derniers évènements survenus autour de la sécurité du Chef de l'Etat.

Le Président de la République, Paul Biya a procédé le vendredi 25 janvier dernier à un réaménagement des structures chargées de sa sécurité et celles de la capitale politique. Un léger mouvement, rappelle-t-on dans la troupe, mais un mouvement à l'ampleur certaine puisqu'il met en cause des pans essentiels de la sécurité personnelle du Président de la République. C'est ainsi que l'Etat-major particulier du Président de la République, Emmanuel Amougou a été confirmé au poste de Chef d'Etat-major particulier après avoir été promu Général de brigade. Changement d'homme également à la brigade du Quartier Général, chargée de la protection de la capitale où le Colonel Donatien Melingui Nouma remplace le Colonel Gabriel Mbida. Tout comme à la Garde présidentielle où le Chef de bataillon Raymond Jean Charles Beko'o Abondo est devenu à la surprise générale, le nouveau Commandant de cette unité d'élite. Il remplace à ce poste le Colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé. Ces changements, bien évidemment, ne laissent personne indifférent sous les chaumières. La preuve? Les nombreux commentaires et analyses entendus çà et là.

S'agissant plus précisément du cas de la Garde présidentielle, on peut dire que ces derniers temps certains faits divers ont défrayé la chronique dans ce corps d'élite. Des faits et historiettes qui ont fini par convaincre l'opinion nationale que ce n'est pas la grande sérénité au sein des unités chargées de la sécurité du Président de la République. Alors que certains ont commencé à parler d'un vaste complot secrètement fomenté par les hommes de l’entourage du Chef de l'Etat, d'autres ont vite fait de stigmatiser un complot visant particulièrement le Com/Gp de l'époque, Raymond Thomas Etoundi Nsoé. Pour cette 2ème catégorie d'analystes, il s'est tout simplement agi de ces manœuvres secrètement planifiées dans la perspective de l'après-Biya. C'est dans cette optique que le Colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé serait devenu un vrai obstacle pour certains ambitieux impatients. Il aurait donc été question de trouver les voies et moyens pour écarter cet empêcheur d'évoluer en paix en plaçant à son poste un élément sur de la coterie. Pour les adeptes de cette thèse, l'on confesse en privé que «dans cette guerre sans merci, l'ancien Com/Gp a dû passer des moments de pire cauchemar». Certains précisant même que la descente aux enfers du Colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé aurait commencé le 23 décembre 2012.

Une version abondamment répandue dans certains milieux proches de la grande muette en se souvenant que pendant que le Président de la République venait de présider la 53ème édition de la coupe du Cameroun et venait de remettre le trophée au capitaine de l'Unisport de Bafang, un incident somme toute «mineur» a vite été récupéré par les détracteurs de l'ancien Com/Gp pour faire vite monter la moutarde. En effet, pour la petite histoire, au passage du cortège présidentiel au lieu-dit Elig-Edzoa vers 15h30 mn, 2 coups de-feu, pour eux, «sans gravité» retentirent sans pour autant influencer le cortège qui avait imperturbablement poursuivi sa route vers le palais d'Etoudi. Selon les mêmes adeptes de l'ancien Com/Gp, les populations riveraines en vaquant normalement à leurs occupations, avaient même banalisé cet incident «mineur».


Réseaux

Toutefois, d'autres sources suffisamment introduites au palais de l'Unité, malgré cette banalisation des adeptes de l'ancien Com/Gp, indiquent que cet incident n'a pas du tout laissé indifférent les responsables du haut commandement. La preuve? Cette demande de limogeage du Colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé qui est aussitôt transmise au Chef de l'Etat, tard dans la même nuit de l'incident, vers 23 heures. La note aurait diligemment été concoctée par certains hauts responsables de nos forces de défense. Ceux-ci reprocheraient à l'ancien Com/Gp «son incompétence». Pour ces hauts responsables, c'est celle-ci qui serait à l'origine du climat d'insécurité observé depuis quelque temps autour du Chef de l'Etat. Des mêmes sources l'on apprend même qu'au palais d'Etoudi où ces hauts responsables auraient des relais sûrs, ils n'auraient pas fait à l'occasion l'économie des noms de certains de leurs proches dans le casting proposé à cet effet au chef suprême des Armées. L'on évoque ainsi les noms des Colonels Nouma du Bir, Sévérin Eyenga, le Com/Emia, Charles Mbita, Commandant du premier secteur militaire terrestre N°1 à Yaoundé et d'autres pour remplacer au pied levé Raymond Thomas Etoundi Nsoe. Une fois ceci fait, nos sources indiquent que, pendant que l'ancien Com/Gp tentait un baroud d'honneur pour démontrer qu'à la Gp, il n'y avait aucun problème majeur, les manœuvriers d'en face multipliaient de leur côté des stratagèmes pour obtenir sa tête. C'est ainsi qu'au niveau du palais de l'Unité, ces responsables du haut commandement vont plus que jamais activer leurs réseaux. Conséquence: le 26 décembre 2012, une décision limogeant l'ancien Com/Gp est prise en hauts lieux.

Selon nos sources, Raymond Thomas Etoundi Nsoé est affecté dans la région de l'Extrême Nord. Dans les milieux proches de ces responsables du haut commandement, c'est l'extase. Les commentaires sont à leur comble pour exprimer le satisfecit des commanditaires du limogeage de Raymond Thomas Etoundi Nsoé. Il ne manque plus que le nom de son remplaçant. Des 3 Colonels pressentis pour le remplacer, le Colonel Nouma tient largement les faveurs des pronostics: D'ailleurs, une source indépendante reconnait l'avoir aperçu dans la capitale le 23 décembre 2012.

Dans l'optique de son installation aux commandes de la Garde présidentielle, une autre source suffisamment avertie indique qu'il aurait même été introduit au 3ème étage par le Contre-amiral Joseph Fouda, Conseiller spécial du Chef de l'Etat. Vrai ou faux? Toujours est-il que la même source soutient mordicus qu'après un entretien avec le Chef de l'Etat, le Colonel Nouma, sûr de sa promotion serait ressorti du palais d'Etoudi ce jour-là tout souriant, avec une mallette pleine de billets craquants pour s'équiper en biens matériels et célébrer sa nomination dans le faste approprié, affirme notre source avant d'ajouter que cette nouvelle se serait rapidement répandue à la cour de la Garde présidentielle du côté de Melen comme une traînée de poudre. Et ceci à travers un Sergent nommé Ndongo Edjidji. C'est lui, selon notre source, qui, au dortoir des hommes de troupe, aurait été spécialement chargé d'entretenir ses camarades sur les raisons du limogeage du Colonel Etoundi Nsoé. A l’occasion poursuit notre source, il n'aurait pas manqué de vanter largement les qualités du Colonel Nouma. Il aurait profité pour dire qu'il connaissait très bien le nouveau promu. Dans certains milieux des hauts responsables des forces de défense, beaucoup n'avaient pas caché leur joie de voir le Colonel Nouma prendre les rênes de la Gp.

Dans certains bureaux, comme celui du Général de brigade Mahamat, le champagne va même couler à flots. Des avertissements sont solennellement adressés aux récalcitrants qui pourraient subir le même sort que celui d'Etoundi Nsoé et consort. Au palais de l'Unité, où tout est relayé minute by minute, un élément de la Dsp avoue aujourd'hui sous anonymat avoir suivi ce jour-là le Contre-amiral Joseph Fouda visiblement gai et rayonnant, entrain de converser au téléphone avec un interlocuteur invisible. Le Contre-amiral Joseph Fouda, poursuit notre source, aurait même invité plusieurs personnes à écouter la radio à 17 heures. Coup de théâtre: aucun texte présidentiel n'est lu dans cette édition du journal parlé de la Crtv-radio. Néanmoins, indique une indiscrétion, le Conseiller spécial du Chef de l'Etat va renvoyer ses différents interlocuteurs à l'édition de 20 heures. De son coté, en ville, le «nouveau Com/Gp» qui attend impatiemment la lecture du décret de sa nomination a rejoint son état-major au Ministère de la Défense. Malheureusement, ce soir encore, aucun texte n'est lu au journal de 20 heures à la radio. Ni dans toutes les éditions télévisées de ce soir-là. Une source croit d'ailleurs savoir que le décret parti du palais de l'Unité aurait été retiré in extremis cette journée là, au niveau de la radio. Seulement, on apprend d'une source proche des services de renseignements que, pendant que des manœuvres étaient ainsi multipliées sur son dos, de son côté, Raymond Thomas Etoundi Nsoé va chercher à savoir ce qui s'était réellement passé à Elig Edzoa.


Extradition

Pour cela, il aurait adressé des demandes d'explications aux Capitaines Nnoko Divine, Issa et au Lieutenant Nzali, sous les ordres de qui étaient placés les éléments de la Gp. Par ailleurs, indique encore notre source, il aurait initié une enquête au niveau du service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale concernant les coups de feu tirés par le Caporal Abena Mebaklam au passage du cortège présidentiel. Une fois le dossier bouclé, celui-ci aurait été transmis au Commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire le 7 janvier 2013. Compte tenu de la gravité des faits reprochés aux mis en cause, à savoir le caporal Donald Abena Mebaklam, le Caporal Eric Bertrand Nka'a et le Soldat 2ème classe Bansie Roland Munui à qui on reproche d'avoir violé les consignes en abandonnant le poste en service commandé, des tirs au passage du cortège présidentiel et de détention illégale de munitions de guerre, le Commissaire du gouvernement va très rapidement placer les 3 soldats sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui. Pour ceux qui suivent de près ce dossier à l'époque, l'on apprend que les conclusions de cette enquête n'auraient pas trouvé l'assentiment des hauts responsables du commandement dont nous avons parlé plus haut. D'où leur décision d'ordonner l'extradition des mis en cause de la prison centrale de Kondengui et celle de les mettre à la disposition de la sécurité militaire.

Dans la foulée, le 9 janvier 2013, une équipe d'enquête mixte est mise en place pour ressortir toute la vérité sur cette affaire de coups de feu à Elig Edzoa au passage du cortège du Chef de l'Etat. Est-ce donc les conclusions faites par cette équipe qui vont motiver cette fois la décision présidentielle qui met un terme aux fonctions de Raymond Thomas Etoundi Nsoé? En effet, c'est le 25 janvier 2013 que le Chef de l'Etat décide enfin de rendre publique la décision limogeant l'ancien Com/Gp. Seulement, à en croire nos sources, ce fut tout simplement une demi-victoire pour les contempteurs de l'ancien Com/Gp. Car, ceux-ci n'auraient décidément pas réussi à placer le Colonel Nouma comme le coup avait été préparé. Le Chef de l'Etat; bien informé à la dernière minute par ses conseillers spéciaux, aurait décidé d'abandonner la piste des propositions à lui soumises par ses proches collaborateurs. Pour dénicher un jeune Officier: le Chef de bataillon Raymond Jean Charles Beko’o Abondo.

- Idem à la Brigade du Quartier général où le Chef de l'Etat va placer le Colonel Melingui Nouma, un fidèle des fidèles.

Ragots

Par ailleurs, de nombreux observateurs ne manquent pas de parler d’une crise de confiance entre le Chef suprême des armées et les éléments limogés. Dans le cas du Colonel Raymond Etoundi Nsoé, on parle de manière persistante de l'affairisme de cet Officier supérieur. Selon nos sources, les différents messages balancés sur la toile ne traduisent que cette réalité où le nom de l'épouse du haut gradé revient en boucle. Ce qui tend à tordre le cou à tous ceux qui accusent un quelconque acharnement du Mindef, Edgard Alain Mebe Ngo'o, contre l'ancien Com/Gp Mieux, il ne saurait s'agir d'une affaire des Bulu et des Ewondo comme semblent l'insinuer quelques esprits retors depuis le limogeage de Raymond Etoundi Nsoé. Et la preuve? Au moment de nommer Raymond Etoundi Nsoé à la tête de la Gp, pourquoi ces chroniqueurs-à-l'oeil-de-boeuf n'avaient pas eu le même réflexe de saluer la nomination d'un Ewondo à la Gp? A travers l'acte du Chef de l'Etat, le Chef suprême des Armées entend remettre le curseur à la place en condamnant l'affairisme qui semble gagner les rangs de l'armée. Selon des sources très introduites, une affaire de trafic d'ivoire concernant l'ancien Com/Gp est aujourd'hui pendante devant les juridictions. Dans la même foulée, des sources entrecroisées évoquent aussi l'excès de zèle de l'ancien Com/Gp. Nos sources se souviennent de cette histoire où l'avion médicalisé transportant le grand frère du Chef de l'Etat avait été contraint d'aller atterrir à Douala, du fait des instructions des responsables de la Gp. La suite de ce feuilleton se passe de commentaire. Pour ceux qui n'ont aujourd'hui que le nom du Mindef dans la bouche, l'on se demande si des actes d'un haut gradé à qui le Chef suprême des armées a placé sa confiance sont à applaudir? L'avis de nombreux observateurs est clair: le limogeage des colonels Raymond Etoundi Nsoé et Gabriel Mbida est une question d'éthique et de discipline dans les rangs. Le reste n'est que ragots.

Au niveau de la Brigade du Quartier général, des sources proches du haut commandement militaire estiment que les rapports entre le Colonel Gabriel Mbida et le Mindef, Edgar Alain Mebe Ngo'o n'ont jamais été cordiaux. Ils auraient même connu un nouvel épisode à la suite du double meurtre du Capitaine Akam Fouda qui, après avoir tiré à bout portant sur son épouse Anita, s'était par la suite donné la mort. Pour voir clair dans cette affaire, le Mindef va ouvrir une enquête conduite par le Commandant de la Sémil. Seulement, dans les ragots distillés au Quartier général et dans la famille du défunt, certaines langues croiront y voir la main des hauts responsables du Quartier général. Raison pour laquelle le Mindef aurait convoqué, selon nos sources, le Colonel Gabriel Mbida et le Comsémil pour mieux faire la part de chose entre la réalité et les ragots entendus çà et là. Pour notre source, cette rencontre aurait tourné court en s'achevant pratiquement par une scène de pugilat entre le Colonel Gabriel Mbida et le Comsémil. Un comportement qui aurait beaucoup milité pour son limogeage.



04/02/2013
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