REUNION DE L’UA SUR LA CÔTE D’IVOIRE : Gbagbo craint d’aller à Canossa

REUNION DE L’UA SUR LA CÔTE D’IVOIRE : Gbagbo craint d’aller à Canossa

REUNION DE L’UA SUR LA CÔTE D’IVOIRE : Gbagbo craint d’aller à CanossaLe panel des chefs d’Etat mis en place par l’Union africaine (UA) pour trouver une solution à la crise ivoirienne a, comme on le sait, invité les principaux protagonistes ivoiriens à une rencontre à Addis Abeba. Si Alassane Ouattara a annoncé qu’il fera le déplacement, son rival, Laurent Gbagbo, n’y sera pas, sauf changement de dernière minute. On s’en doutait d’ailleurs depuis l’annonce des invitations par le panel. C’est le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, qui devra représenter le président sortant à cette rencontre. La presse pro-Gbagbo, très critique de cette option prise par le panel, y voit un piège tendu au Woody de Mama.

C’est que la lutte des deux camps pour le contrôle du pouvoir se joue sur deux tableaux interne et externe. Au plan interne à la Côte d’Ivoire, les violences sont quotidiennes avec les deux camps qui se regardent en chiens de faïence et ne se font aucun cadeau. Dans l’ensemble, le président sortant est, jusque-là, relativement maître des lieux. Il détient encore beaucoup de symboles et attributs du pouvoir. A l’opposé, au niveau externe, Ouattara a le vent en poupe, au grand dam de son adversaire. Sa victoire à la présidentielle est reconnue par la communauté internationale dans son ensemble. Des sanctions ont même été prises à l’encontre de son adversaire Gbagbo.

Dans ces conditions, il n’est pas vraiment surprenant que le camp Gbagbo rejette cette invitation à négocier en terrain extérieur. Les réactions enregistrées, dans leur ensemble, laissent subodorer que cette requête du panel n’est pas favorable à Gbagbo. Est-ce un signe que son principal soutien, l’Afrique du Sud, a lâché du lest dans les pourparlers ? Cette interrogation vaut son pesant d’or surtout avec la récente visite du président sud-africain à l’Elysée. Nicolas Sarkozy aurait-il réussi à fléchir la position de Jacob Zuma ? Trop tôt pour l’affirmer.

Mais, toujours est-il que Gbagbo a peur de mettre son fauteuil en danger en sortant du pays par ces temps qui courent. Il a aussi conscience de l’humiliation qui l’attend s’il effectue le déplacement d’Addis Abeba, au cas où l’UA, conformément à sa prise de position, se mettait à l’idée de traiter son adversaire avec tous les honneurs d’un chef d’Etat. Pour Gbagbo, ce serait aller à Canossa. En tout cas, si Gbagbo était sûr d’être adoubé en allant à ce rendez-vous, il n’aurait, pour rien au monde, raté cette occasion. On en vient à se demander si Ouattara, en application du principe du parallélisme des formes, ne ferait pas mieux d’envoyer également un second couteau à cette rencontre. Mais, il y a, pour lui, la probabilité d’y être adoubé par l’UA et cela n’est pas négligeable, dans la guerre diplomatique actuelle. En décidant de se faire représenter par un de ses lieutenants à cette réunion de haut niveau, Gbagbo court le risque de mettre mal à l’aise ses propres soutiens.

Son camp qui a souhaité et obtenu une intervention de l’UA dans la crise post-électorale n’est pas logique avec lui-même. Il commence à dénigrer l’UA dès lors que le vent ne semble pas tourner en sa faveur. C’est un autre signal fort du camp du chef de l’Etat sortant : il ne prendra en compte que les décisions qui feront son affaire, qui ménageront ses intérêts. On n’est donc pas, visiblement, au bout de nos peines. Reste à espérer que, malgré ses atermoiements, l’UA nous surprenne agréablement, en déroulant bien sûr le tapis rouge à ADO. Pour qu’enfin cessent les ambiguïtés.

© Le Pays : Relwendé Auguste SAWADOGO


09/03/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres