Retour : Paul Biya dans un dispositif spécial de sécurité

Leger Ntiga

Mutations









A son arrivée à l’aéroport de Yaoundé (Nsimalen) samedi dernier, le président de la République était sous la protection du Bir.

Le chef de l’Etat, Paul Biya a regagné Yaoundé, la capitale du Cameroun, samedi, 31 juillet 2010 dans la soirée. Pour de nombreux Yaoundéens qui ont vécu ce retour, l’attente aura été longue. Les routes à l’occasion étant restées barrées pendant trois heures au moins. Mais c’est du dispositif de sécurité mis en place à l’aéroport de Yaoundé (Nsimalen) qu’est venue la curiosité.
En effet, alors que des éléments de la Garde présidentielle (Gp) étaient postés comme il est de coutume, le long de l’itinéraire, notamment sur tous les édifices gardés et fermés autant que tous les commerces, l’entrée de l’aéroport comme les alentours et l’intérieur étaient quadrillés par des éléments armés jusqu’aux de la Bataillon d’intervention rapide (Bir).
Des indiscrétions à l’intérieur de l’aérogare et sur le tarmac ont ainsi fait état d’une quasi évacuation du chef de l’Etat qui a gagné le pavillon présidentiel dans un dispositif particulièrement regroupé au tour de lui, d’éléments de la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) et du Bir.
Interrogés, certains témoins avertis croient savoir que les rumeurs de coup d’Etat entendues dans certains milieux au cours des semaines écoulées, ne sont pas étrangères à cette situation. «C’est la preuve que malgré tout ce qui a été dit, on prend cette affaire là au sérieux. Surtout qu’elle met en cause sans les connaitre, des éléments de la Gp», commente une source.

D’après d’autres indiscrétions, à la veille du départ du président Biya pour la France le 12 juillet 2010, le ministre délégué à la présidence de la République chargée de la Défense (Mindef), Edgar Alain Mebe Ngo’o a réuni des chefs militaires pour les interpeller sur la situation pas très sereine dans le dispositif du chef de l’Etat. En guise d’instruction, il a demandé à ses collaborateurs de doubler de vigilance. Lorsque, quelques jours plus tard, éclate l’affaire du compact disque d’Enoh Meyomesse à qui on prête d’avoir lu un discours comme chef de l’Etat, les différents services «d’intelligence» du pays vont chacun de sa version de l’affaire. Certains diront qu’il a inondé les boîtes électroniques de ses correspondants de ses courriels dans lesquels il annonçait l’imminence de coup de force perpétré par des éléments de la Gp.
Dans l’entourage du chef de l’Etat il se dit qu’aussitôt informé, Paul Biya aurait tourné les faits allégués en dérision en disant qu’un homme qui prépare un coup d’Etat ne communique pas dessus. Pour autant, le président de la République aurait prescrit des mesures spéciales.
Hier dimanche, d’après des informations, Enoh Meyomesse était activement recherché. Des éléments des services spéciaux rencontrés le laissaient entendre en tout cas. Pour certains, c’est pour mettre en application les directives présidentielles sur sa sécurité que le colonel Syvan a suscité le dispositif de samedi dernier.

Une thèse cependant pas partagée par tous les stratèges des questions de sécurité. D’aucuns soutiennent que dans ce cas, ce n’est pas à la dernière minute qu’on informe les autres corps.
Les tenants de cette thèse parlent d’une guerre larvée entre différents corps de l’armée. Notamment parmi les corps d’élite où le Bir est perçu comme l’enfant gâté. Suivant cette version, son chef, le colonel Syvan aurait l’oreille du chef de l’Etat au détriment des responsables de la Gp dont les éléments ne bénéficieraient des gâteries d’une époque. Ceci pourrait-il justifier leur mécontentement? Question sans réponse! En revanche, une analyse très répandue dans le sérail voudrait que l’armée et ses différentes unités d’élite n’échappent pas aux batailles de clans qui ont cours dans le sérail en ce moment où l’on voit clairement et de manière verte l’opposition entre le secrétaire général de la présidence de la République Laurent Esso et son adjoint et secrétaire général du comité central du parti au pouvoir (Rdpc), René Emmanuel Sadi.
De grandes manœuvres se poursuivent donc en attendant 2011.

Des missions du Bir
Au lendemain de l’attaque des forces camerounaises par des assaillants le 09 juin 2008, 300 éléments du Bir avaient été dépêchés à titre spécial dans la province du Sud-Ouest. Il s’agissait de donner une riposte à la mesure de l’infamie du coup de force avait coûté la mort du sous-préfet de Kombo Abedimo, Fonya Félix Morfan et sept gendarmes. Des indiscrétions dans les forces armées faisaient état d’un projet visant à confier de manière durable, le maintien de la paix, à cette unité dont la mission jusque là, était la lutte contre le grand banditisme, les milices, le terrorisme et les coupeurs de route dans le Nord du pays. Quelques mois plus tard, était créé le Bir Delta en remplacement de l’opération Delta.

L’on apprendra plus loin que c’est d’abord pour assurer la sécurité des autorités et des démembrements de l’Etat que le dispositif spécial de l’époque a été mis en place. Après cette étape, de 800 autres éléments ont été déployés. Le Bir va donc finalement garder le front. Au point de se doter d’équipements lourds au moins à la dimension des l’artillerie des auteurs des attaques qui vont successivement avoir cours comme celle contre les banques à Limbe. D’où également ses nombreuses bases et centres de formation dans cette partie parmi les plus sensibles du pays. Comme le laissait croire à l’époque, le général de corps d’armée René Claude Meka soulignant que des installations adaptées étaient en cours de construction dans la zone de Bakassi.


Mais avant cela, le Bataillon d’intervention rapide a fait ses armes dans le Nord du pays où il a fait reculer avec un succès certain, le phénomène des coupeurs de route. Au cours du récent séjour du Mindef dans cette partie du pays, les responsables administratifs et municipaux ont salué à juste titre, ses faits d’armes.

Un résultat peu élogieux cependant lorsqu’il a été sollicité en février 2008 pour réprimer les émeutes de la faim à Yaoundé. Encore que certains responsables dans les armées soutiennent qu’il est arrivé alors que la brigade du quartier général à Yaoundé avait déjà géré la situation à l’époque mal exposée au haut commandement. Le Bir qu’on tend à juxtaposer aux différentes unités, fait des mécontents dans la troupe. S’il a démontré son efficacité, d’aucuns pensent qu’il ne peut tout faire. Selon les partisans de cette manière de voir, le Bir ne peut se substituer aux forces de défense. Pour cela, de nombreux stratèges tiennent à un champ des opérations plus circonscrit du Bir pour son rendement optimal à différents endroits du pays. Un peu comme ce fut le cas avec le Bataillon léger d’intervention (Bli) pour la lutte contre les coupeurs de route dans la partie septentrionale du pays. «Il a fallu que nous créions en 1999 une unité spéciale, le qui est devenu avec la réforme de l’armée en 2001 le Bir, avec une formation spéciale pour que nous commencions à avoir des résultats positifs», soutient un haut gradé en service à l’Etat major des armées.



02/08/2010
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