Retour à la frayeur

Retour à la frayeur

Cameroun   : Retour à la frayeurCeux qui doutent de la fragilité dans laquelle vit la poudrière Cameroun, ont eu, une fois de plus, une preuve que toute brindille en ce pays miné par des mécontentements en tout genre, peut servir de mèche. En tout cas, le décès d’Eugène Moni, 37 ans, poignardé mortellement par des conducteurs de mototaxis au quartier Deïdo dans la nuit du 30 au 31 décembre 2011, alors qu’il protégeait sa petite amie victime d’agression, a déclenché une grosse vague d’insécurité et ravivé les flammes de la panique née de la fusillade sur le pont sur le Wouri le 29 septembre 2011.

Depuis cette nuit là, les habitants de Deïdo ont perdu le sommeil, mais pas seulement eux, à présent toute la ville de Douala a renoué en quatre jours avec la panique. Les moto-taximen (les vrais si on veut, car ceux qui ont agressé et tué Eugène Moni seraient des bandits), ont décidé de venger ceux des leurs qui ont été victimes de la violence physique et dont les motos ont été brûlées par les Deidoboys.

Les barrières ont été érigées sur le pont Bonabassem, axe lourd Bépanda, Rond point Deido coupant l’accès au centre commercial et centre administratif aux habitant de ces zones là. Certains se sont rendus au travail à pied. Pire, les enfants qui ont repris le chemin de l’école pour la rentrée du 2e trimestre, hier 3 janvier 2011 ont été pris dans l’étau de ces évènements.

Ils ne pouvaient pas sortir au collège Saker, de l’école publique de Deïdo, Eyengué Nkongo, Maria Goretti, etc., les parents ne pouvaient traverser les barricades pour aller les chercher. La Police à travers son car anti émeutes à lancé des bombes lacrymogène. Les jeunes moto-taximen révoltés et les Deidoboys ont été dispersés mais les élèves se sont évanouis, les parents avaient les yeux rougis par le piquant des bombes «mes enfants ne retourneront pas à l’école tant que les autorités de la ville ne nous auront assurés de la sécurité de nos vie», confie Herman Mbongue, portant à bout de bras ces jumelles inconscientes. Des scènes qui rappellent les villes mortes de 1990.

Des ménagères ont pris d’assaut les marchés pour faire des provisions car les lendemains à Douala sont devenus incertains. Très incertains. Et le plus incroyable dans tout ce mauvais film que les populations vivent depuis plusieurs jours c’est que ni les autorités administratives (gouverneur, préfet et sous préfets) ni les forces armées n’agissent.

Devant la détresse des populations de la capitale dont les échoppes et domiciles ont été incendiées, la police répète inlassablement «Nous n’avons pas reçu d’ordre». D’ordre de Faire quoi ? Mais les bombes lacrymogènes ont été tirées

Ce problème aurait cependant pu être évité si, dès les premiers frémissements, les autorités administratives et traditionnelles s’étaient assises pour trouver une solution à ce qui est devenue un embrassement incontrôlable. Des centaines de jeunes ont déferlé de Ndokoti comme une marrée, ont cassé et brûlé devant le Gouverneur de la région du Littoral Fai Yengo, le préfet du Wouri Okalia Bilaï stupéfaits. L’échos de leur appel à l’ordre à la paix a certes franchi le seuil de leurs lèvres mais n’est pas arrivé aux oreilles des émeutiers.

L’embrasement aurait été total si les émeutiers de Bonabéri de Mabanda avaient traversé le pont sur le Wouri. Hier, mardi 3 janvier, il y’a eu des signes clairs que Douala est bien sur une poudrière et que les populations sont bien loin d’être en sécurité. Les responsables d’écoles dans les zones barricadées ont prévu de ne pas ouvrir leurs portes ce jour, car personne même pas les autorités ne sait comme Douala se réveillera. La frayeur à repris droit de cité dans la ville et dans les domiciles.

© Mutations : M. O.


05/01/2012
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