Représailles…: 285 marins interdits d’entrer au port de Douala

DOUALA - 22 OCT. 2012
© Etame Kouoh | Le Messager

D’après les gendarmes, la présentation d’un sauf-conduit signé du directeur général est la condition sine qua non pour accéder au port et embarquer dans les navires.

«Nous voulons savoir si la décision du directeur général du Port autonome de Douala qui nous interdit l’accès aux navires est supérieure à celle du ministre des Transports, si nous devons continuer à souffrir alors que d’autres usurpent nos places au sein des navires sans aucune qualification, si toutes les démarches que nous avons faites pour rentrer dans la légalité sont tombées à l’eau». Tels sont les propos de Simon Albert Mienlam, administrateur du groupement professionnel des marins marchands du Cameroun (Gp2mc), samedi 20 octobre 2012. En voulant mettre en application leur programme d’actions qui prône le débarquement des policiers, gendarmes et vigiles à bord des navires, pour y prendre la place de ces derniers, ces marins marchands ont eu une fin de non recevoir des gendarmes en faction aux différentes entrées et sorties du port autonome de Douala.

«Notre service marketing a travaillé dans l’enceinte portuaire, a rencontré les opérateurs du secteur maritime en indiquant que le Gp2mc s’occupera désormais de l’entretien des navires et va appliquer le code Isps. Malheureusement, nous avons été stoppés par les gendarmes qui ont d’abord demandé l’accord du commandant de compagnie du port que nous avons eu. Après, ils nous ont demandé le mot du directeur général du Pad avant d’entrer. Nous n’avons pas pu l’avoir car il n’était pas à son bureau», explique notre informateur. Il poursuit en accusant Etoundi Oyono d’être à l’origine de leurs malheurs. «Un lieutenant de gendarmerie nous a clairement signifié que c’est le directeur général du port en personne qui ne veut pas de nous dans l’enceinte portuaire. Il ne veut pas que le Gp2mc entre au port pour travailler. Il nous a fait une série de révélations que nous taisons pour l’instant mais qui renseignent à souhait sur la marche du port. Le jour viendra où nous allons tout mettre sur la place publique, mais il n’est pas question pour le Gp2mc de faire le jeu des forces occultes tapies dans l’ombre. Il est question de sauver la profession, de donner du pain quotidien à ces marins qui broient du noir».


Etoundi Oyono accusé

A la direction générale du Pad, un cadre supérieur parle sous anonymat. «Le problème est plus grand et plus profond et certains aspects échappent à la compréhension des marins marchands. Il a été demandé à l’administrateur du Gp2mc de produire les pièces justificatives de leur dossier, et de retracer l’historique des démarches entreprises. Le directeur général n’est pas hostile au Gp2mc, ce qui ne l’empêche pas de prendre des mesures de sécurité. Nous sommes au courant de toutes leurs manœuvres qui visent plus à déstabiliser la paix sociale qu’à trouver des solutions à leurs problèmes qui se trouvent à Yaoundé, notamment au ministère des Transports. Ils sont sur le point de rencontrer également le gouverneur de la région du Littoral».

Face à ce blocage, les membres du Gp2mc menacent. «Nous allons rencontrer le directeur général afin qu’ils nous expliquent la raison de cette censure. S’il n’est pas convaincant, nous allons relancer notre programme initial de manifestations illimitées jusqu’à ce que nous soyons rétablis dans nos droits. Nous ne sommes pas des vandales mais des marins responsables qui veulent que force revienne à la loi. Si rien n’est fait, nous allons montrer de quoi nous sommes capables par une manifestation grandeur nature samedi 27 octobre prochain. On connaît comment commence une manifestation mais pas comment elle s’achève», affirme Albert Simon Mienlam, administrateur du Gp2mc.

Si le marin marchand est «autorisé à accéder dans l’enceinte portuaire et à bord des navires», selon la mention inscrite sur le badge signé par le chef de la circonscription maritime de Douala, l’administration du Gp2mc entend ratisser large pour que le marin marchand soit rétabli dans ses droits.

Etame Kouoh



Focal: Le code Isps bafoué

Elaboré après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le code Isps (international ship and port facility security code) est bafoué au Cameroun. Si l’on s’en tient aux marins marchands qui contestent la présence des policiers, militaires et gendarmes à bord des navires, «le code de sécurisation des navires, des installations portuaires et des cargaisons est fait pour être mis en pratique par des marins marchands dont les diplômes et certificats répondent aux normes Ism (international safety management, ou encore code international pour la sécurité de l’exploitation des navires et la prévention de la pollution, ndlr)», dit le chef du département technique du Gp2mc. Ce dernier pense que le code international pour la sécurité des ports et des navires est sacrifié au Cameroun sur l’autel des intérêts égoïstes, et que la plus value produite par l’entretien des navires achève sa course dans les poches de certaines entités qui jugent mal l’entrée du Gp2mc au port. «Dès que nous allons entrer au port, tout va rentrer dans l’ordre. Finies la maffia et les compromissions. C’est ce qui fait peur à toutes ces personnes qui nous mettent les bâtons dans les roues car elles ont peur de perdre leur grenier», pense Albert Simon Mienlam.

E. K.



22/10/2012
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