René Sadi prend les populations de Bandjoun en otage

Cameroun : René Sadi prend les populations de Bandjoun en otage  C’est à 15 heures que le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation est arrivé à Bandjoun pour présider une cérémonie qui devait commencer à 10 heures. Le mot «excuses» n’existerait pas dans le vocabulaire de René Emmanuel Sadi, pas moins ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation (Minatd). Surtout qu’il venait à Bandjoun dans la peau du président de la République qu’il dit l’avoir dépêché pour présider la cérémonie de passation de service entre les préfets sortant et entrant du département du Koung-Khi.

Au moment où il foule le sol de la place des fêtes de Bandjoun à 15h02 minutes, les populations et les groupes de danse étaient déjà assommés par la fatigue et le soleil. Certaines femmes étaient assises à même le sol. Le nombre de chaises mobilisées à la place des fêtes de Bandjoun ayant été sous estimé par rapport à l’évènement du jour. C’est depuis 8 heures du matin que la mise en place des populations avait commencé pour accueillir la première dame préfet dans le département du Koung-Khi.

Autorités administratives et judiciaires, élus locaux, leaders politiques, opérateurs économiques et forces vives avaient tenu à respecter le programme à eux communiqués. L’annonce de l’arrivée d’Emmanuel René Sadi à Bandjoun était connue à Bafoussam depuis la mi-semaine. De sources dignes de foi, le gouverneur de l’Ouest, Midjiyawa Bakari, s’est rendu très tôt dans l’arrondissement de Tonga, porte d’entrée de la région de l’Ouest, pour accueillir Minatd. Mais c’est avec un retard considérable, aux environs de 11 heures, qu’il va s’annoncer. Entre 11 heures et 15 heures, plus de nouvelles du Minatd et de sa suite. A un moment donné, le speaker va faire savoir aux populations qui s’impatientaient, que le ministre sera là vers 12h30 minutes.

Arrivée à la place des fêtes à 10 heures, au point de prendre place à la tribune, madame le ministre de la promotion de la femme et de la famille sera obligée de se retirer pour ne revenir qu’à l’annonce du ministre. Madeleine Tchuinté quant à elle est allé se frayer un siège à l’hôtel de ville de Bandjoun. Au même moment, le ministre des transports et celui des Domaines étaient annoncés dans la ville depuis la matinée. Plus le temps passait, plus on faisait face aux fausses alertes quant à l’arrivée du Minatd. Les corps constitués se sont obligés de se mettre en place et se disloquer par petits groupes. Tout le monde a les yeux sur la montre. Quand le maire Victor Fotso arrive à la place des fêtes de Bandjoun à 13h26 minutes, les populations commencent déjà à espérer. Ce n’est pas la première fois que les préfets et sous-préfets soumettent les populations à ce genre de torture au cours d’une cérémonie.

Le jeudi 8 mars 2012, lors de l’ouverture du Salon des communes de l’Ouest et l’inauguration de l’hôtel de ville de Bandjoun, René Emmanuel Sadi avait soumis les populations à la même épreuve, le retard. Ce qui a poussé certaines personnes à s’interroger sur le fonctionnement de l’administration camerounaise. A 14 heures, le protocole du Minatd arrive à la place des fêtes de Bandjoun et se met à chambouler l’ordre mis en place par le protocole du gouverneur. Las d’attendre, certaines personnes qui avaient d’autres préoccupations, ont dû quitter la place des cérémonies. En dépit de son âge avancé, Victor Fotso sera contraint à se mettre debout pendant près de 45 minutes pour attendre le Minatd. Pendant la conversation avec le sous-préfet, Jean-Pierre Kameni, ce dernier lui présente sa montre comme pour exprimer son indignation au sujet du retard accusé. Le même geste sera repris par le maire, visiblement courroucé.

«Comme si l’arrestation et l’incarcération de Yves Michel Fotso ne suffisait pas, le gouvernement veut voir Fotso s’écrouler devant sa population, à force de se mettre débout », a lancé un habitant de Bandjoun. Dans le cours de 14h45, le gouverneur arrive et refuse, malgré l’insistance du protocole, de serrer la main au préfet sortant, au sous-préfet et au maire qui attendaient debout. Après avoir donné quelques instructions, il va regagner son siège à la tribune, aux côtés du préfet entrant et des 4 ministres présents. Même quand il se lève de son siège pour aller accueillir le ministre, toujours pas de signe de civilité et d’amitié à l’endroit du maire et de ses voisins.

On ne peut pas se réserver de dire que le gouverneur qui venait d’installer les 7 autres préfets est en train de se voir ravir la vedette par le Minatd. Dans le discours de circonstance qui a duré une vingtaine de minutes, René Emmanuel Sadi n’a pas daigné présenter des excuses au sujet de son retard ou de la modification du programme. Au Cameroun, on peut accuser le président Biya de tout sauf du retard qui ne fait d’ailleurs pas partie de ses habitudes.

Le contraste est qu’après son discours, le Minatd a cédé place au gouverneur pour présider la cérémonie de passation de commandement. Ce qui a fait l’objet de plusieurs interprétations. Cet évènement pourtant tant attendu par la population du Koung-Khi a finalement été entaché par le retard et ce que des invités ont taxé d’insultes de René Emmanuel Sadi à tout un département. Une attitude du Minatd qui vient ainsi confirmer l’imagerie populaire selon laquelle le retard serait enseigné comme expression du pouvoir à l’Ecole nationale de l’administration et de la magistrature de Yaoundé.

© La Nouvelle Expression : B.N.N. depuis Bandjoun


19/11/2012
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