Rencontre Fru Ndi - Biya: Paul Atanga Nji, le gourou de la réconciliation

DOUALA - 14 DEC. 2010
© Edouard KINGUE | Le Messager

L'image est forte. Au bas de l'aéronef qui a conduit Paul Biya a Bamenda, Paul Atanga Nji est à la parade.

L'image est forte. Au bas de l'aéronef qui a conduit Paul Biya a Bamenda, Paul Atanga Nji est à la parade. C'est lui qui ouvre la carlingue au chef de l'Etat, au risque de se faire étêter par les rotors. Cette mise en lumière est symbolique d'un homme de l'ombre jeté en pleins projecteurs par le prince.


Etrange destin que celui de cette sulfureuse personnalité qui en 1990 déjà, défraie l'actualité sous la casquette d'un homme d'affaires en offrant la rondelette somme de 48 millions au trésor public. Quelques temps plus tard, du fond de la prison de New-Bell il signa une motion de soutien des prisonniers originaires du Nord-Ouest en faveur de... Paul Biya. Il faut croire que le message fut reçu 5 sur 5. Après une traversée du désert, on l'a vu aux côtés du président de la République, il est de tous les voyages. Gourou ou expert en quelque chose ? Sa biographie officielle est inexistante dans les portails du gouvernement et de la présidence. Mais un homme de missions réservées a-t-il besoin d'un cursus pour exister ? Pour s'affirmer ? Biya l'apprécie et le met à son service exclusif. Très actif pendant les années de braise et désormais membre régulier des délégations du président de la République, il a mené une grande activité médiatique entre 2007 et 2008, au moment de la campagne pour la modification de la constitution pour permettre à Paul Biya de briguer un autre mandat présidentiel, tout comme sa défense acharnée du chef de l'Etat, épinglé en juin 2009 par un rapport de l'Ong Ccfd (Comité catholique contre la faim et pour le développement) pour des biens mal acquis en France ont renforcé sa présence sur la scène publique.

De la tête d'une banque obscure en passant par les postes de: chargé de mission à la présidence, président de section Mezam I du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et aujourd'hui patron du Conseil national de sécurité, Atanga Nji vient de connaitre son heure de gloire en réussissant l'organisation de la fête des armées des armées à Bamenda. Mieux, en bon rompu de la politique underground, c'est lui qui a organisé dit-on, la rencontre Paul Biya - FruNdi. Moins manipulateur qu'un Grégoire Owona, moins exhibitionniste qu'un Moïse Albert Njambe -au fait qu'est devenu le médiateur-faroteur- ?, Atanga Nji a pris ses quartiers à Bamenda depuis avant septembre 2010 pour donner à la visite de son président un cachet particulier et en faire un succès historique.

Paul Atanga Nji était connu depuis quelques années comme ministre chargé de missions à la présidence. Il était de tous les voyages officiels ou privés du Président. Atanga Nji est devenu depuis le joker de Paul Biya à Bamenda pour neutraliser Fru Ndi et les sécessionnistes. Ce qui lui réussit plutôt bien comme on peut s'en rendre compte aujourd'hui. Après avoir neutralisé les activistes qui promettaient un accueil à problèmes à Paul Biya, il a conduit le chairman dans les bras de son président. Maintenant que la poignée de main Biya ¬ Fru Ndi ouvre tous les champs de tolérance politique, désormais le responsable en charge du conseil national de sécurité se pose comme la passerelle obligée du dialogue franco-anglophone. Pourvu que Paul Biya suive le mouvement pour l'avènement d'un Cameroun plus concentré dans les problèmes de développement...



Rencontre BIYA - FRU NDI: Fin du chantage et de la surenchère des conseillers de Paul Biya

© Souley ONOHIOLO | Le Messager mardi 14 décembre 2010

En plus du magnifique cadre qu'elle à offert pour la fête aux cinquante années de l'armée nationale du Cameroun, la capitale politique de la région du Nord-Ouest a été un lieu de rencontre de plusieurs symboles qui méritent d'être explorés. Tentative de décryptage.


Bamenda la rebelle ! Bamenda l'insoumise ! Bamenda le fief des sécessionnistes ! Bamenda le dernier bastion de la contestation ! Bamenda la dernière poche résistance de l'opposition camerounaise... Nombreux sont les qualificatifs, pour peindre et commenter avec parfois beaucoup d'hyperboles, le radicalisme de la ville de Bamenda. Du coup, à l'annonce de la célébration du cinquantenaire de l'armée dans la capitale politique de la région du Nord-Ouest, il y a d'abord eu comme une sorte de psychose et de grande frayeur au sein de certaines populations qui se sont demandé s'il ne s'agissait pas d'une provocation. « Paul Biya joue avec le feu. Qu'est ce qu'il va chercher à Bamenda ??? » Interrogeaient certains. Plus le temps passait, l'installation de la peur grossissait.

Et puis, il y a eu Bamenda la belle, ville généreuse et très accueillante ; une ville qui a donné une véritable leçon du sens de d'hospitalité africaine au point d'amener le chef de l'Etat Paul Biya à prolonger son séjour de 24 heures. Un temps supplémentaire qui lui a permis d'introduire au sein de l'opinion un débat sur la poignée de main historique entre le chef de l'Etat Paul Biya et le chairman Ni John Fru Ndi, jusqu'ici encore, leader de l'opposition camerounaise. Au moment ou les milles et un clichés des évènements de Bamenda se bousculent dans les esprits; que les spécialistes de l'analyse sociologique, politique et même économique procèdent à l’évaluation et au décompte des retombées, la ville de Bamenda nous parle.

Il y a d'abord cette image forte, probablement l'une des plus fortes de l'année 2010, la rencontre longtemps attendue entre Paul Biya et Fru Ndi. Signe de maturité politique, sortie de crise pour chacun, le rapprochement et l'ouverture du dialogue entre les deux hommes de pouvoir sont une "victoire" sur le plan politique. Elle permet à chacun des deux d'en tirer des bénéfices. Une bouffée d'oxygène qui relance leur carrière politique et permet de pousser un ouf de soulagement. Meurtri par les démissions en cascades et les actes d'antijeu fomentés en interne comme en externe, Fru Ndi à travers la reconnaissance de Paul Biya à son endroit, sort du mélodrame, requinqué et rassuré. Un message que doivent commencer à décrypter ses adversaires qui croyaient l'enterrer vivant. Il y a lieu d'admettre que rien ne sera plus comme avant et que désormais, le Sdf et principalement de l'avis de son leader va désormais compter aux prochaines séquences de redistribution des cartes. Paul Biya en acceptant rencontrer le chairman, reconnaît implicitement la force que ce dernier représente surtout pour les échéances électorales à venir. Les bénéfices du chef de l'Etat au sortir de cette rencontre ont augmenté son capital politique, son image à l'échelle internationale s'en trouve grandie. Mieux encore, cette rencontre, historique, fait oublier pour un temps l'affaire des biens mal acquis.

Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, les spécialistes de la désinformation et de la diabolisation, les activistes de mauvais alois et tous ceux qui jusqu'ici ont bénéficié de certains privilèges, reçu des strapontins et des avantages financiers, en alimentant la haine et la crise entre Paul Biya et Fru Ndi, vont devoir réviser leurs positions et chercher un autre sujet de chantage politique. De nombreux apparatchiks ont fait de la divergence des points de vue politiques entre Paul Biya et Fru Ndi, leur fond de commerce. Sous le prétexte d'aller en guerre contre le radicalisme de Fru Ndi, des méthodes d'instrumentalisation de la panique ont été expérimentées. Certains ont souvent lancé des idées noires au sein de l'opinion, manipulé les consciences, jeté les tracts dans les rues et accusé le Sdf d'être la main noire qui tirait les marrons du feu. Le contact qui a été noué vendredi dernier à Bamenda ouvre sur une nouvelle ère de décrispation de l'atmosphère, l'environnement et toute forme d'animosité et de haine, alimentées et parfois entretenues dans les chaumières.

Le masque est-il tombé ? Les tabous sociologiques sont-ils brisés. Finie l'imposture, le chantage et la surenchère ? Paul Biya a-t-il réalisé que Fru Ndi qu'on lui a toujours présenté comme un homme dangereux n'en est pas un ? De son coté le chairman du Sdf (dont la plus grande autorite de l’Etat lui doive un minimum de respect et de considération) se rend compte que Paul Biya, même s’il contrôle l’appareil contrôle l'appareil étatique, reste un homme qui peut dialoguer, prolonger le débat sur Elecam, recevoir un mémorandum en direct des illusions cameras de la télévision. Les vendeurs de vent et ?? n'ont qu'à bien se tenir.




15/12/2010
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