Remise de peines: Paul Biya cède à l'ultimatum de l'Onu

Yaoundé, 19 Février 2014
© EVARISTE MENOUNGA | Mutations

Le Chef de l'Etat vient d'accorder sa grâce au franco camerounais Thierry Atangana.

Les injonctions et les menaces de la commission des droits de l'Homme de l'Onu ont fini par avoir raison de la détermination, de l'intransigeance et de l'entêtement du Chef de l'Etat camerounais. Pour échapper aux sanctions projetées par l'organisation mondiale, Paul Biya vient de lâcher du lest. Il vient de se débarrasser d'un fardeau encombrant, de cette affaire de Thierry Atangana qu'il traînait depuis près de 17 ans; à la manière d'un boulet attaché à son pied. L'occasion de la célébration du cinquantenaire de la Réunification était trop belle pour que le Chef de l'Etat n'en profite pas. Ce faisant, il fait d'une pierre deux coups: il se remet en selle et peut envisager sereinement son voyage aux Etats-Unis comme invité de Barack Obama pur prendre part au sommet Afrique Etats-Unis. Parallèlement, il désamorce une autre bombe: la menace projetée d'interdiction de séjour de certains dirigeants camerounais à l'étranger, comme ce fut le cas en Côte d'ivoire sous le régime Gbagbo.

C'est l'alinéa 5 de l'article 1er de ce décret, taillé sur les mesures de Thierry Atangana, qui confère la liberté à ce dernier: «une remise totale de la peine restant à purger en faveur des personnes condamnées à une peine d'emprisonnement à temps pour détournement de deniers publics et dont le séjour en milieu carcéral, en raison des condamnations intervenues, pour des infractions de même nature, est supérieure à 10 ans».

Edzoa Titus, son compagnon d'infortune semble avoir été, de manière cynique et délibérée, exclu du bénéfice de cette mesure de remise des peines du Chef de l'Etat.

Sont éligibles à la mesure de remise partielle des peines: Gérard Ondo Ndong, Gilles Roger Belinga et Engo Pierre Désiré devraient voir leurs peines réduites de 10 ans. Dans la même mouvance, Mounchipou Seidou devrait recouvrer la liberté.

Réagissant à cette mesure de remise totale des peines qui profite à son client, Me Tchoungang s'en félicite. Il célèbre la victoire des défenseurs de la liberté pour leur combat acharné qui a atteint la Cour suprême et a fini par avoir raison de la détermination de ceux qui confisquent les libertés au Cameroun. L'ancien Bâtonnier salut en même temps l'acte politique fort du Chef de l'Etat qui, pour la première fois dans l'histoire du pays, fait bénéficier de la mesure de remise des peines aux détourneurs de deniers publics. Par cet acte sans précédent, le Président de la République, selon l'avocat, a voulu envoyer un message fort aux magistrats qui condamnent à tour de bras, sans état d'âme.

Cette remise totale de peine du Chef de l'Etat qui intervient après la demande de libération immédiate exigée par l'Onu, explique Me Tchoungang, vient confirmer que le dossier de Thierry Atangana était vide. C'est le lieu, indique-t-il, de louer le courage dont avait fait preuve la magistrate Nomo Zanga lorsque, dans le silence de ses délibérations, elle avait initialement tranché pour l'acquittement de Thierry Atangana. Une décision qui ne verra jamais le jour, la Chancellerie ayant décidé de la saborder. Deux nouveaux juges chargés de mission entreront par effraction dans le dossier et feront pencher la balance de la délibération en faveur d'une condamnation à 20 ans de prison ferme. Mise en minorité, Nomo Zanga pliera l'échine. Elle peut aujourd'hui célébrer une libération pour laquelle sa conscience de juge impartiale militait.


19/02/2014
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