Remaniement - Gouvernement du 9 décembre 2011: Biya va faire le grand ménage

Douala, 27 Novembre 2012
© Barthélemy Nzock | Aurore Plus

Biya va confidences de pénates, le chef de l'Etat va s'entourer d'une nouvelle équipe pour mener le nouveau budget programme de l'exercice 2013.

I-Un énième nouveau départ

APRÉS LE SENEGAL et la Côte d'Ivoire; il y a quelques semaines plus tôt ce sera autour du Cameroun de se doter d'un nouveau gouvernement. Après la distribution du gâteau national au sortir des dernières élections présidentielles pour contenter tous les affidés ou de la crise post-électorale comme c'était le cas avec la Côte d'Ivoire, l'heure est venue de se lancer dans la réalisation des grands chantiers annoncés dans les programmes politiques, bases sur lesquelles, les différents présidents ont été élus Paul Biya n'entend pas déroger à la règle. Et à l'instar de ces homologues suscités, le remaniement gouvernemental annoncé va faire l'effet d'un tsunami. Il sera question pour le Chef de l'Etat de faire un savant dosage entre les hommes de son pré-carré et une jeune garde de technocrates pour conduire le budget programme de l'exercice 2013 qui va s'élever à 4 485 milliards FCFA. Elu à la dernière élection présidentielle du 9 octobre 2011, pour un nouveau septennat sur un programme ambitieux et flatteur, porté par le slogan des «Grandes réalisations» Paul Biya ne serait pas satisfait des résultats obtenus par le deuxième gouvernement de Philémon Yang. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir impulsé la dynamique. Avec l'exigence donnée d'une attente des résultats à court terme en passant par la définition des feuilles de route et leur évaluation. Un an plus tard, c'est véritablement un constat d'échec. Pourtant plus que jamais, le chef de l'Etat a entamé une course contre la montre. Pour léguer dans les années à venir à son successeur, comme c'était le cas avec son prédécesseur, «un pays riche et prospère». Malheureusement, en lieu et place de l'efficacité qu'il attend de ses collaborateurs, c'est plutôt des casseroles qu'il enregistre.

Elles sont faites des malversations financières, preuve que l'opération épervier n'émeut pas grand monde dans son entourage où on considère que le rapace de l'assainissement des mœurs dans la gestion des deniers publics ne prend dans ses serres que ceux qui se préparent ouvertement à la succession du prince. Un crime de lèse majesté. On a envie de se demander, y a-t-il un seul collaborateur qui ne travaille pas pour se maintenir dans le sérail du l'actuel régime et celui à venir. Une situation qui a donné lieu à un climat délétère, émaillé par des batailles de succession plus ou moins voilées dans son entourage. Ce qui a permis au Chef de l'Etat de se rendre compte qu’il était désormais un homme seul. Ce qui lui fait rageusement regretter René Owona, et Ferdinand Oyono, ses vrais amis.

Il vient encore de se rendre compte avec I' affaire des 100 milliards FCFA des titres à Camtel et Cnps dans laquelle est empêtré son fils Franck Biya que les dénonciations partent de ses proches qui ne lésinent sur aucun moyen pour se glisser les peaux de banane afin d'éclabousser tous ceux qu'il soupçonnent être en ligne de mire dans la succession du prince d'Etoundi. Après avoir géré les perturbations en haute mer, avec les sorties épistolaires de l'ex-Ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) et ancien Secrétaire général de la Présidence de la République, Marafa Hamidou Yaya, désormais savamment neutralisé; et la longue absence de son épouse pour des raisons de santé, Paul Biya semble avoir trouvé son équilibre. Et contrairement à ceux qui n'ayant pas vu le remaniement ministériel annoncé en fin mai début juin dernier arrivé, ont fini par arrêter un nouveau calendrier politique.

C'est que le prochain gouvernement était annoncé pour les lendemains des prochaines consultations électorales (Sénatoriales, législatives et municipales de 2013). Seulement, grand maitre du contre-pied. Paul Biya veut montrer une fois de plus qu'il est le seul à présider aux destinés politiques de cette nation. C'est pourquoi, il va encore prendre tout le monde au dépourvu. Et à nouveau c'est le grand frémissement dans le landerneau politique. Depuis le début de semaine, la capitale vit dans une effervescence toute particulière. Les ministres se font de plus en plus discrets et les journaux parlés de 13 heures, 17 heures et 20 heures, du Poste national, sont devenus une fois de plus les plus suivis. L’attente du nouveau gouvernement oblige. Un gouvernement dans lequel on annonce un vaste chamboulement, mais aussi un jeu de chaises musicales.


II- Echec dans le choix des hommes

Il est question selon l'entourage du chef de l'Etat de constituer une équipe choc dont la mission sera la mise en route du budget programme de 2013. Une manière mal voilée de faire un retour aux plans quinquennaux qui s'était révélés très efficaces dans le développement du Cameroun. Aussi bien pour booster l'économie que dans la relance de l'agriculture, mais aussi dans la réalisation des grands projets d'investissements sous l'ère de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo. Car le document de stratégie de la croissance et l'emploi (Dsce) qui est le programme politique devant conduire le Cameroun vers l'émergence à l'Horizon 2035 s'avère progressivement une chimère. Il y a alors urgence que le Chef de l'Etat rattrape ce qu'il peut encore être sauvé du septennat des «Grandes réalisations».

On dit les voyants au rouge. Des confidences qui nous sont faites disent que le remaniement ministériel c'est pour ce soir (mercredi) au plus tard jeudi.

L'indicateur majeur sera la tenue dans les heures qui suivent d'un Conseil ministériel. La dernière session date de la fin d'année 2011, Ce sera pour le Chef de l'Etat, l'occasion de réunir autour de lui, le deuxième gouvernement de Philémon Yang. Mais aussi d'exprimer toute sa déception à certains des jeunes loups qui ont fait leur entrée dans le gouvernement le 9 octobre 2011 et qui devraient malheureusement être débarqués. Mais aussi de serrer la main pour la dernière fois, à certains de ces compagnons de longue date dont il se trouve dans l'obligation de mettre à la touche, soit pour leur état de santé qui ne leur permet plus de suivre la dynamique impulsée, soit du fait de leurs dérives.

Quel qu’en soit le cas, les observateurs y voient déjà des atermoiements d'un chef d'Etat qui veut reprendre la main d'une situation qui allait à vau-l'eau. Ce n'est ni plus, ni moins qu'un aveu d'échec dans le choix des hommes qui sont appelés à mettre en application ses promesses électorales. Surtout que depuis janvier 2012, le Cameroun aurait du être un pays quasi-entièrement en chantier, notamment pour ce qui est des projets structurants qui conduiraient le Cameroun à l'horizon 2035 au statut de pays émergent. Depuis janvier 2012, les Camerounais ne cessent de scruter l'horizon en vain puisqu'ils ne voient toujours rien arriver. Le deuxième pont sur le Wouri, la nouvelle autoroute Douala-Yaoundé, le décollage de l'agriculture..... On est loin du compte. Dans l'imagerie populaire, Paul Biya les a une fois de plus fait des promesses fallacieuses. Comme c'était déjà le cas, avec « l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative Ppte (des Pays pauvres et très endentés) » qui avait été présentée comme la fin des souffrances des Camerounais. Ou encore les «Grandes ambitions» qui n'ont été qu'une vue de l'esprit. Confortant ceux qui soutiennent que «les promesses politiques n'engagent que test qui y croient» Avant les prochaines consultations électorales de proximité, il est question pour le Chef de l'Etat d'envoyer au charbon des hommes d'action aux postes opérationnels. Car, les chantiers des grandes réalisations sont à 10% de leurs démarrages. Mais aussi parmi les sortants, il y aurait des clients du Tribunal criminel spécial (Tcs).


Ill- Quelques Indiscrétions

Selon des informations puisées à bonne source, il y aurait dans les sortants. Le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary. Un départ qui remet en cause la tenue des états généraux qui seront envoyés sine die pour permettre au nouveau patron des lieux de mieux les préparer selon les aspirations des hommes, de médias avec en tête de liste le Snjc qui a appelé au boycott actif. Mais aussi parce que les hommes du sérail sont outrés par la position de porte-parole du gouvernement qu'il occupe et qu'il ternit. Le ministre des travaux publics, Patrice Amba Salla, dont la gestion des chantiers routiers aussi bien dans sa région natale de l'Est que récemment pour le pont coupé entre Garoua et Ngaoundéré, ou encore l'affaire de Bekolo Mbang qui a débouché sur les révélations cocasses de Dame Etoa et qui ont suffisamment écorné son image.

Il y a aussi, dans le viseur, le ministre des Sports et de l'Education Physique, Adoum Garoua qui va être la prochaine victime d’Issa Mohammed qu'il a suivi comme un mouton de panurge. Avec au bout des dissensions au sein de la tanière des lions Indomptables et une non qualification pour la Can 2013 pour la deuxième fois consécutive. Le ministre de l'Eau et de l'Energie, Basile Atangana Kouna incapable de résoudre les questions d'approvisionnement d'eau dans les deux grandes métropoles (Douala et Yaoundé), même du temps où il occupait le poste de Dg de Camwater avant de faire son entrée dans le gouvernement. Le Ministre Délégué auprès du ministre des Transports, Mefiro Oumarou, qu'on dit très impliqué dans l'affaire de Mme Kontchou et Paul Hiol, maire de Massock-Songloulou évadé. Mais aussi Alamine Ousmame Mey, le ministre des Finances qui a conduit la conception du budget programme 2013, mais qui a tout le mal de fonctionner avec les blocages administratifs dont on s'accommode dans l'administration camerounaise. Et qui a menacé plusieurs fois de démissionner. A côté de ses jeunes a la durée qui pourra être très courte dans le gouvernement, il y a aussi des vieux briscards qui vont être appelé au repos. Louis Bapés Bapés (Ministre des enseignements secondaires). Jules Doret Ndongo (Ministre délégué au Minatd), Ama Tutu Muna (ministre de la culture),... la liste est loin d'être exhaustive. Mais la grosse interrogation reste le sort du Premier ministre Philémon Yang qu'on donne aussi partant.

Il aura aussi dans le prochain gouvernement un important jeu de chaises musicales. Martin Belinga Eboutou va quitter le Cabinet civil pour le ministère des Relations extérieures, il va céder son fauteuil à Ferdinand Ngoh Ngoh qui part du poste de Secrétaire général de la Présidence de la République. Strapontin qu'il va céder à Henri Eyebé Ayissi, qui part du ministère délégué auprès du président de la République chargé du Contrôle supérieur de l'Etat. C'est Pierre Moukoko Bonjo qui devrait partir du Minrex pour le remplacer à ce poste. En revanche, Alain Mébé Ngo'o et René Sadi vont procéder à un échange de portefeuille tout simplement. Le premier va au Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation ; et le second devient le ministre délégué auprès de la Présidence de la République chargé de la défense. Bienvenu Obelabout est pressenti pour quitter la Direction des renseignements extérieurs pour être promu Délégué général à la Sûreté nationale.

De même, Emmanuel Nganou Djoumessi va quitter le ministère de l'Economie, de Planification et de l'Aménagement du Territoire pour un autre ministère. En revanche, on pourrait enregistrer le retour de Mbarga Mboa et l'entrée Paul Atanga Nji. Seulement, cette révélation va sonner comme un crime de lèse majesté. Pourtant sous d'autres cieux, ce travail sert de ballon d'essai pour permettre de prendre le pouls de l'accueil que le peuple va réserver à ce choix. Notamment pour les postes ministériels importants. Ceux qui font partie des vrais dix ministres de Paul Biya comme nous l'avait dévoilé Marafa Hamidou Yaya dans l'une de ses sorties épistolaires.


02/12/2012
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