Regards. Mission impossible pour Magnusson ?

Nombreux sont les Camerounais qui voient en ce nouvel entraîneur sélectionneur, le sauveur des Lions indomptables.  Or, à bien regarder, le technicien prend les rênes d’une équipe déchirée par des crises internes, des guerres de leadership auxquelles ont été associés plusieurs entraîneurs expatriés qui se sont succédés à sa tête.

Le Messager

Jean Paul Akono. Objectif Can 2013

C’est dans son bureau à la Direction technique nationale (Dtn) sis au quartier Hippodrome à Yaoundé que Jean Paul Akono reçoit le reporter du Messager ce samedi après-midi. Il fait un soleil à cuire un éléphant à l’extérieur, mais à l’intérieur c’est le beau temps dans le cœur du coach. Le visage rayonnant et l’air enjoué, le nouveau patron de l’encadrement technique des Lions indomptables garde sa bonne humeur habituelle. La pièce transpire le football. Il n y a qu’à regarder sur sa table pour s’en rendre compte. Des dizaines d’ouvrages et guides pratiques sur le sport roi. Morceaux choisis : « Programmés pour échouer » de Jean Bruno Tagne, « Le mouvement sportif camerounais pris en otage par des braconniers » de Charles Ateba Eyene, « L’homme qui créa les Lions indomptables » de Victor Tonye Mbock ou encore un volumineux ouvrage sur la planification du football dans le monde.

Magnusson de son surnom, est attendu une heure plus tard au Centre technique de la Fécafoot à Odza pour la clôture d’un stage d’entraîneur organisé par la Fifa ; mais il accepte quand même de consacrer quelques minutes à la presse. Seulement, lui arracher une réponse complète est un parcours du combattant puisque toutes les deux minutes son téléphone n’arrête de sonner. Au bout du fil, un parent, un proche, un homme de médias, un collègue ou une vieille connaissance.

Pour abréger la conversation, le consultant sportif de Vox Africa n’a que le temps de lancer des : « Merci mon frère. On va se battre pour être à la hauteur » ou encore « Ok. Je te rappelle. Pour le moment, je suis occupé ». Il va même finalement éteindre son téléphone avant de se retourner vers son interlocuteur qui n’est pas du tout surpris par cette ambiance post-nomination. Mais l’entretien va s’interrompre cette fois par des visiteurs bruyants, venus témoigner leur soutien à l’heureux « élu ». Après quelques chaleureuses accolades, Jean-Paul Akono parle (enfin).

Des circonstances de sa nomination à ses chantiers immédiats en passant par l’enjeu de l’heure, le héros de Sydney dévoile sa feuille de route. Il sait que le challenge est grand, laborieux et jonché de ronces et épines, mais pas impossible car « être entraîneur,  c’est savoir prendre des risques et les assumer », confie-t-il. Il ne se présente pas comme l’homme de la situation mais croit pouvoir ramener la sérénité au sein de la tanière et permettre au Cameroun de se qualifier pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 2013. Cette qualification, précise-t-il, passe avant tout par les joueurs qui doivent d’abord aplanir leurs différends et songer à l’appel du drapeau pour lequel on ne rechigne pas. Magnusson n’a que trois semaines pour convaincre et se dit prêt à relever le défi.

Regards. Mission impossible pour Magnusson ?

Nombreux sont les Camerounais qui voient en ce nouvel entraîneur sélectionneur, le sauveur des Lions indomptables.  Or, à bien regarder, le technicien prend les rênes d’une équipe déchirée par des crises internes, des guerres de leadership auxquelles ont été associés plusieurs entraîneurs expatriés qui se sont succédés à sa tête. Sans être fataliste, assainir la tanière en seulement 15 jours serait donc une entreprise presque vouée à l’échec.

Gare à la désillusion ! L’overdose d’euphorie des fans des Lions indomptables suite à la nomination de Jean-Paul Akono à la tête de l’encadrement technique du « onze » national risquerait d’échouer devant la réalité macabre de cette sélection très critiquée ces deux années. Le cas Paul le Guen arrivé en Zorro au Cameroun en 2009 devrait plutôt servir d’exemple et refroidir un peu le fanatisme effréné des supporters du vert rouge jaune. Certes, ces derniers attendent du nouveau coach qu’il ramène la sérénité dans les rangs des joueurs qui doivent renouer avec les bons résultats et enterrer la funèbre machine à perdre. Mais il faudrait avoir la lucidité d’avouer que nos Lions sont dans le coma. Eux qui jouent le 13 octobre 2012 à Yaoundé face aux Requins bleus du Cap-Vert. Jean-Paul Akono sera-t-il le « messie » comme l’espèrent les Camerounais ? Pas si sûr puisque l’ancien entraineur de l’équipe nationale militaire du Rwanda qui n’hérite pas d’une équipe au meilleur de sa forme. De fait, le Cameroun, quadruple champion d’Afrique, accumule les contre-performances, qui hypothèquent fortement sa participation à la Can 2013.

Pour aller en Afrique du Sud, Nicolas Nkoulou et ses coéquipiers doivent inscrire trois buts sans en encaisser un. Un défi presque impossible au regard de l’état de santé moribonde de notre équipe fanion. Sur les trois dernières rencontres, les Lions indomptables n’ont engrangé que trois points sur neuf, et sont actuellement au creux de la vague. En cause, l’indiscipline des joueurs, mais aussi les relations difficiles qui habituellement caractérisent les rapports entre la Fédération camerounaise de Football (Fécafoot) et le ministère des sports et l’éducation physique (Minsep). La première mission de Jean-Paul Akono sera donc de remettre de l’ordre au sein de cette tanière au bord de l’implosion. Mais à trop vouloir penser que le salut de l’équipe national repose sur Magnusson, on risque de se leurrer. Car en prenant les commandes d’une équipe qui n’a pas encore vidé le contentieux de la Can foireuse en Angola, l’instauration de plusieurs camps après le retrait du brassard de capitaine à Rigobert Song (et toutes les magouilles qui entourent les Lions, Jean-Paul Akono comme Paul Le Guen ne serait qu’une girouette pendant tout son séjour à la tête de ce groupe. Pourtant, on vante aujourd’hui ses qualités d’entraîneur à poigne, de technicien chevronné qui ne cède jamais face aux immixtions dans son travail.

Recette miracle

Le problème des Lions indomptables n’est pas forcément une affaire d’entraîneur, quoique le précédent fût une vraie calamité en termes de coaching. Le manque de résultats n’explique pas tout. Depuis 2010, les Lions Indomptables ont connu trois sélectionneurs différents (Paul Le Guen, Javier Clemente et Denis Lavagne). Aucun de ces « sorciers blancs » n’a trouvé la recette miracle pour faire réagir une tanière pourrie et minée par les querelles intestines. Sauf que chacun essaie de tirer la couverture de son côté. Jean-Paul Akono qu’on connaît pointilleux, doit garder à l’esprit que le « onze camerounais » n’est plus une équipe depuis longtemps, ce n’est qu’une addition d’individualités garnie d’égos. Comme dans une mafia, personne ne veut faire avancer les choses. Et quand ni les autorités fédérales, encore moins les autorités tutélaires ne sont pas capables de trouver l’antidote, ce n’est pas du banc de touche que viendra la lumière. En bon entendeur…

C.T


18/09/2012
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