RDPC: le Congrès d’accord, la présidentielle d’abord


Douala - 25 Août 2010
© C.M &Valentin Siméon ZINGA | La Nouvelle Expression


L'enjeu des concertations au sein du RDPC depuis le 24 août va au-delà de la préparation d'un congrès.

C’est connu : les images ne montrent qu’à la mesure de ce qu’elles masquent. La série de rencontres – entamées le 24 août et qui sont prévues pour s’achever le 31 courant - entre le secrétaire général du Comité central du Rdpc et les membres titulaires de cette instance dirigeante du parti au pouvoir, ne dérogent pas à cet apophtegme. Préparées de longue date au siège du Rdpc, en présence des hiérarques de l’appareil mobilisés dans le cadre d’un brainstorming, les concertations qui se sont ouvertes mardi à Yaoundé, s’inscrivent dans une triple logique, qui recoupe la forme et le fond des « assises ».

Sur la forme :

Le fait a pu passer inaperçu, mais il n’est pas peu pertinent de le relever : René Emmanuel Sadi reçoit les membres du Comité central, selon le mode des regroupements à caractère régional. On peut y voir une opportunité de laisser s’exprimer les spécificités des régions. Mais – et ceci n’est pas forcément incompatible avec cela - il y a fort à parier que cette logique s’appuie sur des considérations liées à l’ordre juridique interne au Rdpc. Au sens de l’article 23 des statuts de cette formation politique, le Comité central, organe chargé d’assurer la direction du parti, « est présidé par le Président National » qui le réunit. L’ordonnancement séquentiel des « concertations » qui ont cours au palais des Congrès depuis mardi, traduit donc une disposition pratique adossée sur une contrainte statutaire : n’étant pas président national du Rdpc, le secrétaire général du Comité central n’a pas qualité pour présider une réunion du Comité central. Il ne pouvait donc pas réunir en une unité de lieu, de temps et d’action, l’ensemble des membres de cette instance.

Reste le fond:

Il repose sur deux déclinaisons. D’abord, la démarche de René Emmanuel Sadi tend à apparaître comme une manière de reconnaissance solennellement réaffirmée des membres du Comité central, qui ont souffert d’un certain « oubli » de la part des instances dirigeantes du Rdpc. Et de fait, cette catégorie de personnels politiques n’a pas souvent bénéficié des privilèges consentis aux députés et autres présidents de section, occasionnellement réunis pour diverses opérations orchestrées par la direction de l’appareil. Ce message fait d’ailleurs partie de ceux qu’a choisi d’émettre la hiérarchie du Rdpc à la faveur des « séances de travail » de Yaoundé. Et le secrétaire national à la communication y est allé des circonlocutions de son cru pour le suggérer. « Ce sont des séances de travail, pour permettre aux membres du comité central de s’impliquer toujours davantage dans la marche du Rdpc vers la modernisation de ses structures, de ses objectifs et de son mode de fonctionnement. Donc, c’est un parti qui ne néglige personne, ne met à l’écart personne et encore moins les membres du comité central qui sont des repères et des valeurs sûres du parti et qui doivent être toujours mis à contribution pour plus d’efficience dans l’action du parti au pouvoir », a déclaré Jacques Fame Ndongo à Cameroon Tribune (24 août 2010).

Ecran de fumée pour masquer l’agenda du parti ?

Certains le croient, qui s’accrochent à l’hypothèse de la préparation d’un Congrès, attendu depuis 2001, et dont les voix autorisées disent pourtant que les préparatifs sont achevés, en attendant le visa du président national. Mais il est plus sûr que les concertations ouvertes au Palais des congrès participent d’une stratégie de mobilisation des ressources militantes du Rdpc, en vue de la préparation des prochaines échéances électorales, dont la plus en vue reste l’élection présidentielle prévue pour 2011. Selon de fiables indiscrétions, il s’agit de l’un des pans d’une stratégie prévue pour dévoiler ses articulations au fur et à mesure que l’on s’achemine vers cette échéance. Le Rdpc, dont les hiérarques croient avoir circonscrit les adversaires au-delà de leurs rangs, mais qui n’excluent pas de devoir affronter des facteurs internes de démobilisation, voire de déstabilisation, se met donc progressivement en ordre de bataille. En attendant de sonder l’efficacité de cette « opération mobilisation ».


25/08/2010
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