RDPC: en avant la propagande!

RDPC: en avant la propagande!
(Le Messager 30/03/2010)


Hermann Göring, chef de la gestapo allemande, qui avouait au plus fort du nazisme « ne pas avoir de conscience », car c’est Hitler qui était sa conscience, n’aurait pas fait mieux. Même son coreligionnaire Joseph Goebbels, patron de la propagande du führer, qui avait réussi à convaincre le peuple allemand d’entrer en guerre contre « le reste du monde », par des techniques de communication encore jamais disséquées, aurait pu être envieux en regardant opérer hier lundi 29 mars 2010 dans l’un des salons de l’hôtel Hilton à Yaoundé, les thuriféraires du régime du Renouveau. L’occasion c’est la dédicace du Volume 2, de l’ouvrage « Paul Biya l’Appel du peuple ». Une deuxième compilation des motions de soutien adressées au président Biya, éditée et présentée au public par la Société camerounaise de presse et d’édition du Cameroun (SOPECAM) éditeur de Cameroon tribune.

Comme le 21 décembre 2009 pour la présentation du premier volume, l’entreprise a remis ça. Tous les membres du gouvernement conduits par le Premier ministre, les directeurs généraux d’entreprises publiques et parapubliques, l’essentiel des hauts responsables de l’administration et de la présidence de République, les diplomates accrédités à Yaoundé, tous les hauts cadres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), des leaders de quelques partis de l’opposition, la crème du landerneau médiatique camerounais et bien d’autres, sont invités à découvrir la deuxième édition de Paul Biya l’Appel du peuple .

Comme réglé sur du papier à musique, c’est quasiment le même décor (la même salle du Hilton hôtel), les mêmes subtilités (Paul Biya est absent du Cameroun), presque les mêmes metteurs en scène (Seul Hamadjoda Adjoudji est remplacé par Ibrahim Talba Malla), le même jour de la semaine (lundi), la même heure (10h), les mêmes maîtres de cérémonie (Ibrahim Cherif et Anne Nsang). Et pour engager toute la nation, l’exécution de l’hymne national à deux reprises.

Et pan ! Place est faite aux discours, les plus laudateurs à l’endroit de Paul Biya qui est présenté comme un démiurge. D’abord Marie Claire Nnana, directeur général de la SOPECAM, qui dévoile sous toutes ses coutures, « son nouveau bébé éditorial» à l’assistance éblouie. Elle présente succinctement les 59 textes et annonce même une troisième édition. Dans son discours d’une dizaine de minutes, le directeur général fait référence à Paul Biya plus de 10 fois, sous plusieurs formes d’appellation.

Il y a ensuite Ibrahim Talba Malla, Directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) et représentant du secrétaire général du comité central du RDPC. Dans son allocution d’une vingtaine de minutes, il fait référence à Biya 28 fois, avant de le présenter comme l’homme qui susciterait un engouement à nul autre pareil chez les « citoyens ». Ceux là même, qui lui envoient des messages qui montrent que le Cameroun a besoin d’un leader charismatique : Paul Biya. « Il s’agit du peuple camerounais, je dis bien du peuple Camerounais qui renouvelle sa confiance et son attachement à un homme », martèle –t-il.

Déification

Vient le tour d’Elvis Ngollé Ngollé, ministre des Forêts et de la faune, qui évoque la personne de Paul Biya plus de 35 fois en une trentaine de minutes. Il centre son propos sur le sens philosophique qu’il faut donner à l’ouvrage. Pour lui, Paul Biya l’Appel du peuple, est un appel spirituel qu’il ne faut pas prendre au premier degré, mais explorer son esprit dans le sens de l’emploi de la formule « l’esprit des lois » de Montesquieu. Celui qui bat tous les records, c’est Jacques Fame Ndongo, flagorneur devant l’Eternel.

L’agrégé de sémiologie, explose le compteur en citant plus de 60 fois le président Biya qu’il présente par des subterfuges puisés à la source des sciences de la propagande, comme le seul homme au Cameroun qui peut charrier autant d’appel. Une sorte de dieu parmi les vivants. Il va préciser qu’« il n’existe pas une région, un département, un arrondissement » une couche des sociétés camerounaises qui n’ait pas fait « acte de langage pour Paul Biya ». Le ministre de l’Enseignement supérieur pense que par ces appels du peuple, le langage atteint un niveau incantatoire. En écrivant, les auteurs de ces lettres d’amour au président prient également Dieu tout puissant de donner santé et vie à Paul Biya. Ce qui fait dire à un journaliste présent qu’on « prie Dieu de veiller sur le demi dieu ».

Et puis, par une grille de lecture qui repose sur le schéma « Source – contenant – contenu – direction », Jacques Fame Ndongo finit de convaincre que le régime de Yaoundé a choisi une stratégie de campagne tapageuse qui embastille toutes les forces vives et les corps constitués derrière un « homme providentiel » : Paul Biya. C’est ce qu’illustre le Premier ministre, Yang Philémon qui force une comparaison entre Barack Obama et Paul Biya. En quelques phrases, le chef du Gouvernement « dissèque » le fameux « Yes we can », et débouche sur la conclusion que Paul Biya pourra dire « Yes ! Yes ! Yes ! », à « L’appel du Peuple ».

Le même « Ja » (oui en allemand) qu’avait dit en chœur, le peuple germain, en réponse à la question de Joseph Goebbels. Au bout d’une campagne également tapageuse et martelant, le patron de la propagande hitlérienne arrachait une réponse par l’affirmative à la question, « voulez vous une guerre totale ? ». Le chemin est déblayé pour 2011.

Rodrigue TONGUE

 

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31/03/2010
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