RDPC: Des séminaires pour contrer Marafa - Nord: Une bagarre fait plusieurs blessés - Sud: Fame Ndongo menace

YAOUNDÉ - 04 Juin 2012
© L'Actu

La hiérarchie du parti des flammes a officiellement organisé ces échanges, pour renforcer les capacités des militants sur les nouveaux textes. Pourtant, l'ombre de Marafa a grandement hanté ces assises.

Pour éliminer la thèse de l'organisation de ces séminaires en réponse des sorties médiatiques de Marafa, les organisateurs de ces échanges entre le Comité central et la base, ont déclaré que ces séminaires de formation et d'information, tenus dans les dix chefs-lieux de régions du pays samedi dernier, étaient programmés depuis le mois de mars 2012, bien avant l'arrestation de l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), intervenu le 16 avril dernier. Pourtant, à y regarder de près, l'affaire Marafa Hamidou Yaya a occupé une place de choix dans les échanges avec les militants, aussi bien à Ebolowa, Bertoua, Ngaoundéré, Maroua ou encore son fief politique, Garoua. Là-bas, deux militantes, l'une pro Marafa et l'autre pro-Biya, ont dû en venir aux mains avec à la clé, quelques blessés.

Pourtant, officiellement, ces séminaires visaient tout simplement au renforcement des capacités des militants au fonctionnement du parti, notamment l'imprégnation des nouveaux textes. Il a été question, au cours des différentes conférences, d'expliquer aux militants les profondes mutations intervenues dans les textes de base, lors du récent congrès ordinaire du RDPC, et rendues exécutoires le 14 mars 2012 par le président national, Paul Biya. C'est dans ce cadre que les contours du vote populaire ont été partagés avec les militants. En fait, le RDPC a décidé de légitimer davantage, aussi bien les responsables du parti, tout comme ses représentants, aux différentes consultations électorales, notamment les municipales et les législatives. Dans ce cas, seuls les candidats aimés de la base pourront être choisis, en élargissant le collège des votants à l'ensemble des militants en règle dans une circonscription. En outre, les questions sur le nouveau code électoral ont également été abordées.

Mais à côté de cette raison officielle, le cas Marafa qui est toujours membre du Bureau politique du RDPC, inquiète à travers ses sorties médiatiques. C'est la raison pour laquelle il a été au centre des préoccupations, lors de ces différents séminaires. Il a pratiquement ravi la vedette à l'objet du séminaire. Le but étant d'amener les militants RDPC à se désolidariser de la cause Marafa, et à faire bloc derrière le parti. Surtout que les participants n'étaient autres que des militants affublés de titres. Notamment, les membres du Comité central, les députés à l'Assemblée nationale, les membres des bureaux nationaux de l'OFRDPC et de l'OJRDPC, les présidentes et présidents des Sections RDPC, OFRDPC et OJRDPC, les magistrats municipaux...

Guy-Ndzié Essomba


RDPC - Nord: Une bagarre fait plusieurs blessés

Les pros Marafa et les pros Biya se sont affrontés au séminaire de sensibilisation des responsables de ce parti, à leur permanence.

Je reconnais que Garoua, suite à l'arrestation de Marafa, n'est pas tranquille. «Si le ministre Tchiroma vous a dit que tout va bien, demandez-lui les preuves de ce silence dont il parle, mais pas à moi». Ainsi s'adressait Yaou Aissatou, présidente nationale de l'OFRDPC, et déléguée du Comité central du RDPC au séminaire de sensibilisation et de formation des cadres du parti à Garoua, aux hommes de médias, samedi dernier. Cette allégation qui témoigne de la psychose que créée dans la ville de Garoua, après l'incarcération de l'ex ministre de l'Administration territoriale (Minatd). Les pros Marafa se sont mobilisés au même niveau que les pros Biya et autres sympathisants du parti des flammes. Bien que le séminaire ne les concerne pas directement, ils ont pris en otage dès les premières heures ce samedi, le cadre de cette rencontre, prédite sous tension.

Les deux parties espéraient une vérité de la prise de parole de la déléguée du Comité central, au sujet de l'arrestation du fils de Garoua. Malheureusement, cette dernière est restée évasive sur la question. «Qu'est ce qu'elle veut en réalité nous dire? Est-elle entrain de soutenir la démarche partisane et rancunière de Paul Biya contre Marafa en le mettant en prison? Ou veut-elle nous dire que Marafa mérite ce traitement?» Chuchote un anti Biya, pourtant habillé aux couleurs du RDPC.

AU regard de la tension qui prévalait avant le séminaire, Hadja Haoua, présidente de l'Association des femmes pour la paix et militante du RDPC, demande poliment la parole à la déléguée du Comité central. Malgré le refus de cette dernière, Hadja Haoua parvient tout de même à s'exprimer, en soutenant que, «nous sommes dans un pays de droit et, Yaou Aissatou, fut-elle déléguée du Comité central, ne doit pas nous imposer certaines choses; je ne comprends pas pourquoi juste après avoir dit ce qu'elle pense sur le dossier Marafa, elle demande à l'assistance de sortir et de ne laisser maintenant que les conviés au séminaire. La quasi-totalité des personnes qui sont dans la salle, sont analphabètes et il fallait traduire ces propos à ces dernières, afin que chacun rentre avec une idée claire sur ce dossier Marafa qui passionne Garoua et tout le Nord ».

Son opinion fâche une de ses voisines pro Marafa, mais accréditée comme observatrice au séminaire. Aussitôt, elle se jette sur Hadja Haoua. Et la bagarre déclenche. Malgré l'intervention de la police, la bagarre entre les deux dames fait quelques blessés légers, suite à l'assaut des pros Marafa qui n'attendaient que la moindre étincelle. «Marafa n'est qu'un bandit. C'est connu de plusieurs personnes. Il ne faut pas que madame Yaou vienne nous fermer l'œil sur cette histoire, quoi qu'il advienne, nous sommes là pour défendre la démarche de notre président Paul Biya. Et d'ailleurs même, elle fait partie de ceux qui ont dit qu'ils feront tout pour faire sortir Marafa de la prison. J'ai juste demandé qu'on l'explique à la population qui veut descendre dans la rue pour manifester, suite à cette arrestation de Marafa», soutient Hadja Haoua. Comme quoi, Marafa n'aurait pas que des partisans dans le Nord.

Félix Swaboka



RDPC - Sud: Fame Ndongo menace

Le séminaire de samedi dernier s'est transformé en un cours de mise en garde des responsables des organes de base, contre Marafa.

Les responsables des organes de base du RDPC dans la région du Sud (Au niveau des sections et des sous sections), s'attendaient, pour la plupart, à une rencontre ordinaire dont le contenu (du moins au niveau des communications), ne devait pas forcément faire entorse aux formalités d'usage. Mais, Jacques Fame Ndongo, première personnalité ressource du RDPC dans la région, a samedi dernier à Ebolowa, donné l'impression que même «le bastion naturel et imprenable» du parti des flammes, pourrait bien être atteint par le syndrome Mara¬fa, avec ses sorties médiatiques fracassantes.

Une élite du Sud indiquait d'ailleurs quelques heures avant le séminaire de samedi dernier que: «les communications du séminaire sont stratégiques. Des consignes strictes ont été données par la hiérarchie du parti, pour que les présidents de sections, de sous sections, et des cellules, puissent à leurs niveaux respectifs, informer la base sur ce qui se passe. Nous voulons que cette communication reste juste dans son contenu, et qu'elle ne fasse l'objet d'une quelconque polémique dans les médias locaux». L'on comprend pourquoi, la presse privée, «sur hautes instructions du professeur Fame Ndongo», a été priée de vider la salle samedi dernier à Ebolowa. Seuls nos confrères de Crtv-Sud et Cameroon-Tribune avaient droit de couvrir l'évènement.

«Allez donc continuer à écrire contre le RDPC. Offrez autant de pages que vous voulez à Marafa qui insulte le président de la République et tout le peuple camerounais. Mais, vous n'aurez pas du tout accès à ces travaux», a vociféré un militant du RDPC, section Mvila centre. La communication déroulée par Fame Ndongo aux responsables des organes de base du parti, aura finalement été un long cours du professeur sur «l'éthique new-look» du nouveau militant RDPC; avec quelques rappels sur les inscriptions biométriques sur les listes électorales. Il est également revenu sur quelques textes révisés du parti, après le dernier congrès ordinaire du 14 septembre 2011. Fame Ndongo a consacré le reste de sa communication, à une mise en garde musclée des responsables des organes de base, contre le vent de déstabilisation qui souffle en ce moment sur le parti, avec les sorties médiatiques de l'ancien ministre Marafa, interpellé puis écroué dans le cadre de l'opération Epervier.

S'adressant aux responsables des organes de base qui doivent répercuter les communications du «séminaire» aux militants de la base, Fame Ndongo a déclaré «que tout écart de conduite sera sévèrement sanctionné par le parti». Approché quelques heures après la rencontre de samedi dernier, une élite du Sud, responsable d'un organe de base, a fait savoir que «les responsables des organes de base du parti ne sont pas des enfants. Il s'agit des adultes qui ont un contrat moral avec le parti en terme de respect de ses idéaux. Nous sommes plutôt préoccupés par les inscriptions sur les listes électorales et les préparatifs du renouvellement des Organes de base. Le reste nous importe peu».

Albert Nna


Adamaoua: Marafa hante et divise le RDPC

Le séminaire d’information et de renforcement des capacités
organisé samedi dernier à la permanence du parti, a vu une forte présence des partisans de l'ex-Minatd.


Tout a commencé par les balbutiements de Hamadjoda Adjoudji. Dans son laïus, le secrétaire général adjoint du Comité central du RDPC a fini par se perdre dans sa paperasse, lourde en consignes et recommandations. Enonçant les objectifs du séminaire d'information et de renforcement des capacités de fonctionnement du parti, tel que plaqué à la permanence du RDPC de Ngaoundéré, ce 2 Juin, le chef de la délégation du Comité central à ces assises, a laissé transparaitre son manque de sérénité dans ce périple. Au finish, «je me suis trompé de texte», déclaré le patriarche dans la salle, pas comble.

«Le troisième objectif (du séminaire) pas explicite, est relatif à l'interpellation de deux de nos éminents camarades, de façon à donner la position du parti», déclare Hamadjoda Adjoudji, avant sa perdition. A l'analyse, cet objectif devait être exposé aux militants à huis clos. Car, les autres articulations ont vite sauté aux yeux de tous comme une manœuvre de diversion. Sur les résolutions du troisième congrès ordinaire du RDPC du 15 et 16 septembre dernier à Yaoundé, et la lecture des textes rénovés, exposé par Baba Hama¬dou et Abba Sadou.

Le maquillage de la vrai raison du déploiement des délégations du Comité central dans les dix régions, a coulé une fois le huis clos confirmé. Les journalistes ont ainsi été mis hors de la salle, afin de parler en famille. De prime abord Hamadjoda Adjoudji et le comité d’organisation se sont rendu compte qu'il y avait dans la salle, «des non invités». En fait, des renseignements ont avancé la présence des groupes marafistes dans la salle. «Qui dans le Grand Nord est contre Marafa? Les gens ont juste peur du rouleau compresseur de l'Etat, c'est tout», avance un partisan ayant requis l'anonymat.

La permanence du parti n'étant pas insonorisée, tout était suivi de l'extérieur. Ce qui a finalement convaincu l'ancien ministre de rester muet sur le cas Marafa, tel qu'initialement attendu par les militants des sections RDPC de la région ayant fait le déplacement, et parmi eux, des chefs traditionnels rameutés d'urgence à Ngaoundéré. «On ne sait pas si le Sga a omis volontairement de parler du problème Marafa, ou c'est une instruction, il a pourtant évoqué le sujet dès l'entame», a confié un chef traditionnel, sous anonymat également. Cette source a confirmé que des exemplaires de la dernière parution du journal «L'action», qui donne la position du parti à travers la plume du secrétaire national à la communication, Pr Jacques Fame Ndongo, ont été distribués aux militants. Sans plus. Interpellé sur le sujet, Hamadjoda Adjoudji a prétendu au sortir du séminaire, que «l'élite de l'Adamaoua n'a pas de position sur l'affaire Marafa, et ne veut pas s'ingérer dans les affaires de la justice». Marafistes de cœur et réalistes aux côtes de Paul Biya, le ratio est à 50/50. Mais pour ???

Eric Nguélé



RDPC - Est: L'ombre de Marafa plane à Bertoua

Les échanges entre les militants et la délégation du Comité central ont tourné autour de l'assistance judiciaire de leur camarade du Bureau politique par le parti.

«Les militants ne doivent pas se laisser distraire par les paroles et les actes dont les sanctions sont du ressort d'autres instances». C'est ainsi que Janvier Mongui Sossomba, le chef de la délégation du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) pour ce séminaire régional à Bertoua, bouclait son discours d'ouverture ce samedi 02 juin 2012, à la permanence de ce parti politique. Sans le citer de nom, l'on comprend bien que le président de la Chambre d'Agriculture, des Pêches, de l'Elevage et des Forêts (Capef), faisait allusion à l'ancien Minatd, Marafa Hamidou Yaya, qui secoue le landerneau politique national par la publication de ses lettres depuis qu'il a été placé en détention provisoire, à la prison centrale de Kodengui à Yaoundé le 16 avril 2012.

Pour les membres de l'équipe que Janvier Mongui conduisait (Benjamin Amama, Badel Ndanga Ndinga, Christophe Mien Zok, Armand Ndjodom et Pascal Bekolo Bekolo, ndlr), «les déclarations de ce camarade ne devraient pas influencer votre militantisme et votre foi en notre président national, Paul Biya». Et Janvier Mongui Sossomba de marteler: «n'ayons peur de rien! Soyons sûrs de nous! Soutenons le président Paul Biya pour l'accomplissement de son programme de grandes réalisations!» De manière spécifique, les militants avaient souhaité «une assistance judiciaire du membre du Bureau politique par le RDPC». Une requête à laquelle Janvier Mongui Sossomba a répondu par le fait que, «notre camarade n'est encore que prévenu donc, jouissant de la présomption d'innocence. En plus, une assistance judiciaire de notre parti en faveur de ce militant, sonnerait comme une prise de position pouvant influencer le cours de l'information judiciaire et surtout, un désaveu de la politique d'assainissement des mœurs entreprise depuis quelques années par notre président national. Enfin, le camarade Marafa n'est pas le seul du RDPC à être impliqué dans ces affaires de lutte contre la mal gouvernance. Plus grave, les déclarations de cet ancien ministre prouve qu'il est entrain de vomir le RDPC qui l'a pourtant investi.»

D'autres sujets ont été abordés lors de ce séminaire. Notamment, les sections à cheval entre deux ou trois arrondissements, qui plombent la représentativité des populations de ce département. «L'absence d'une université d'Etat affecte le cursus universitaire de la plupart des enfants après le bac. L'Etat devrait tout au moins créer ici, des grandes écoles spécialisées dans les mines et les forêts. L'augmentation du pourcentage réservé au quota de la région de l'Est dans les concours qui a stagné à 4% depuis des lustres».

Ange Johan Nkouol




05/06/2012
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