Questions orales de l’honorable Jean Michel Nintcheu au Minfi et au Premier Ministre (session de mars 2011)

Questions orales de l’honorable Jean Michel Nintcheu au Minfi et au Premier Ministre (session de mars 2011)

Jean Michel Nintcheu:Camer.beMonsieur le Ministre des finances, Mes questions tourneront autour de ce qu’il convient d’appeler désormais l’affaire Cofinest. Après avoir désigné deux administrateurs Provisoires qui ont tous produit des résultats infructueux et calamiteux par rapport aux missions qui leur avaient été assignées, la Cobac a pris le 19 juillet 2010 deux décisions contradictoires: la Décision N°D-2010/101 nommant François Xavier ZINGA comme Administrateur Provisoire de la Cofinest et la décision N°D-2010/123 portant clôture de l’Administration Provisoire de Cofinest, retrait de son agrément et désignation du sieur ZINGA comme liquidateur de cet établissement de microfinance.

- Peut-on en même temps retirer l’agrément, clôturer l’Administration Provisoire et nommer un Administrateur Provisoire qui est en même temps Liquidateur dans une même structure bancaire ou de microfinance ?
- La Cobac a-t-elle transmis à l’autorité monétaire nationale que vous êtes, la décision du 19 juillet 2010 portant clôture de l’Administration provisoire, retrait de l’agrément et désignation d’un liquidateur à Cofinest ? Pourquoi n’avez-vous pas rapidement informé le public en général et les clients en particulier, comme l’exigent les usages en vigueur à la Cobac ? Ce manquement voulu et entretenu achève d’établir de manière irréfutable la complicité entre l’Administrateur Provisoire et vous sur le dos des pauvres clients de Cofinest.

Monsieur le Ministre des finances,
Des mesures ont été prises pour les dépôts de moins de 50.000 FCFA. Que deviendront les épargnants ayant des dépôts de plus de 50.000 FCFA ? Il m’est revenu que le dernier Administrateur Provisoire de Cofinest s’était octroyé un salaire de 4 millions de FCFA par mois alors que cet établissement bancaire éprouvait d’énormes difficultés.

-N’avait-il pas tout simplement voulu devenir un adepte de la nouvelle forme de gaspillage institutionnalisée dont vous êtes manifestement le gourou et que vous-même avez inaugurée en 2004 après votre entrée au gouvernement en louant  aux frais du contribuable camerounais durant deux ans sans discontinuité une suite à l’Hôtel Hilton ? Croyez-vous, après une telle impudicité commise en pleine période d’austérité budgétaire de l’Etat, être la personne la mieux indiquée pour donner des leçons de bonne gouvernance aux camerounais ?

Monsieur le Ministre des finances,

Vous n’êtes pas à une indécence près. Depuis votre nomination à la tête du Ministère des finances, ce département est devenu le terreau de la résurgence des démons du tribalisme. Vous n’avez jamais cessé de débiter des amalgames intolérables visant exclusivement à salir et à détruire la réputation d’un groupe ethnique ou d’une région. Vous surfez régulièrement sur les vagues tribalistes. Vous nourrissez le rêve hideux et détestable de voir la poudrière ethnique exploser dans le pays. Pour preuve, au cours d’une Conférence de presse tenue il y a moins d’un mois, vous vous êtes acharné avec un ton enragé contre une tribu en déclarant toute honte bue devant les médias : « les Baham ont bouffé leurs propres frères ». Bien avant et plus précisément le 06 décembre dernier, vous vous êtes permis de dire au cours de l’émission dimanche midi sur le poste national : « La CBC n’appartient plus à la famille Fotso. Yves Michel Fotso a frauduleusement subtilisé 1,5 milliards de FCFA des caisses de la banque ».

Au-delà de ce que ces deux banques et cet établissement de microfinance éprouvaient d’énormes difficultés et méritaient des thérapies conséquentes, rien ne justifie de tels propos de la part d’un ministre. Ces deux déclarations administrent la preuve par mille que vous êtes en mission commandée pour détruire toutes les entreprises bancaires dont une partie du capital est détenue par les ressortissants de la région de l’Ouest.

Une équation simpliste s’est imposée comme une évidence dans votre esprit monstrueux : Amity Bank, CBC, Cofinest = Kamga, Kamdem, Sielienou, Fotso, Kadji, Monkam, Djoumessi, Siaka, Djomo, Feutsa, Sindjoun = gens de l’Ouest.

En stigmatisant de la sorte dans un segment important de l’activité économique une ethnie et les noms de cette ethnie pour qualifier et résumer les problèmes de la Cofinest, vous voulez faire diversion et créer la confusion autour de vos manquements graves. 

Il n y a que dans notre pays qu’on voit un ministre, de surcroît des finances, étaler aux yeux de ses compatriotes son ignorance totale dans son domaine de compétence et sa haine viscérale contre une tribu ou région. Pour avoir refusé de rendre public durant six mois la décision de la Cobac clôturant l’Administration Provisoire,  retrait d’agrément et liquidation de Cofinest, vous n’êtes pas digne de confiance et c’est un handicap grave pour le poste que vous occupez.

Les questions que je me pose aujourd’hui sont les suivantes :

-Quelle est cette justice qui autorise que l’on puisse être publiquement lynché par un ministre de la République avant même d’avoir été entendu ?
- Qu’est ce qui explique le silence complice voire coupable du Premier ministre face à ces dérapages inadmissibles et intolérables d’un membre de son gouvernement ? A-t-il proposé au Président de la République la mise à l’écart du gouvernement de cet incompétent dangereux pour la République ?
- Qu’est ce qui peut justifier le ponce pilatisme du Président de la République qui n’a pourtant de cesse de proclamer à longueur de discours les vertus de l’unité nationale et de la cohésion nationale si chèrement acquises ? Qu’attend-il pour virer ce guignol détestable?

Sous d’autres cieux, ces propos tribalistes vous auraient valu une démission immédiate.

Monsieur le Ministre,

Par ce que la petitesse de votre âme vous a transformé en un minable et méprisable jaloux sans foi ni loi qui veut obstinément inventer le délit de patronyme bancaire pour régler ses comptes, démissionnez de vos fonctions!!
On ne saurait diriger un ministère aussi stratégique quand on est un petit épicier de village qui passe le temps à débiter des commentaires insensés, ridicules et tribalistes.

Je vous remercie.

© Correspondance : Cellule de Communication du Cabinet de l’honorable Jean Michel Nintcheu, (vice-président du groupe parlementaire sdf)


31/03/2011
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