QUE CACHE L’INTÉRÊT DU MONDE POUR PAUL BIYA ET SON ÉPOUSE ?

 



Pour la deuxième fois consécutive, le journal Le Monde manifeste très clairement un intérêt soutenu pour le couple présidentiel et la situation sociopolitique au Cameroun qu’il entreprend à sa manière de décrypter dans sa livraison électronique du 18 mars 2015. La gravité des allégations et la nature aussi approximative que légère des affirmations contenues dans l’article intitulé « Boko Haram met en lumière les fragilités du Cameroun », qui porte la signature de Monsieur Cyril Bensimon, nous amène à dévoiler les véritables intentions de ces écrits, qui prétendent être des articles de presse. Au moins quatre raisons devraient amener tout lecteur attentif à y déceler des incohérences graves.

1. La dissonance entre le titre et le contenu de l’article

Alors que l’on s’attend à ce que l’auteur démontre, comme l’annonce son titre, « lamise en lumière » de ce qu’il qualifie de «fragilités du Cameroun » comme résultat des agressions de la secte Boko Haram, l’on déroule plutôt au lecteur une litanie de critiques acerbes et cinglantes contre le régime de Yaoundé dont on met en exergue l’âge de son leader et de son équipe. Plus précisément, l’auteur écrit que, «…depuis, M. Biya, 82 ans, est toujours aux commandes de l’Etat et de son régime vieillissant- la plupart des ministres sont septuagénaires-…».

Outre que ces affirmations restent à démontrer quand on les passe au crible fin de la vérification des faits, l’on ne voit aucun lien entre le titre annoncé et le récit mené. Par ailleurs, puisque l’âge du Président camerounais semble poser un problème au journal Le Monde, les récentes élections sur le continent africain ont plutôt consacré des Présidents d’âge mûr. De même, un regard rétrospectif dans l’histoire récente de la France, nous informe que, pour être né le 24 avril 1856, le Président français Henri BenoniHomère Joseph Pétain,Maréchal de France, accède à la Présidence de laRépublique le 11 juillet 1940 à l’âge de 84 ans. Son séjour à l’Elysée est de 4 ans puisqu’il s’achève le 20 août 1944 à l’âge de 88 ans révolus. Investigations faites, il s’avère que le journal Le Monde, paru en décembre 1944, dans sa rétrospective qui a dû être faite cette année-là, ne fait aucune allusion à cette donnée. Dans le même registre, Charles André Joseph Marie de Gaulle, fondateur de la Vème République, né le 22 novembre 1890, démissionne quant à lui, de ses fonctions de Président de la République le 28 avril 1969 après 10 ans passés à l’Elysée. Il avait 79 ans.

2. L’insistance malsaine sur la vie privée du couple présidentiel camerounais

Tout observateur sérieux et familier des us et coutumes en France sait que, contrairement à l’approche américaine qui ne dissocie guère la vie privée de la vie publique des leaders politiques, la norme retenue dans l’Hexagone a toujours été d’observer une séparation étanche des deux sphères.C’est en vertu de cette philosophie que la maladie de Waldenströmdont souffraitmalheureusement le Président Georges Pompidou, a été présentée au public français pour la première fois par son médecin personnel, le docteur Jean Vignalou, sous la forme d’un communiqué du 7 février 1974, comme étant « une simple grippe ».

Et ce,malgré la transformation physique du concerné. A peine deux mois plus tard, c’est-à-dire le 02 avril 1974, le deuxième Président de la Vème République française rendait l’âme. A cette occasion, la presse française, dont Le Monde était l’un des fleurons et qui, aujourd’hui, s’érige en donneur de leçons dans ce domaine, ne s’est certainement pas illustrée par son respect de la déontologie journalistique.

3. Les intentions cachées de l’article

Peut-être, plus que tout autre indice, une lecture attentive des intertitres contenus dans l’article- « discrétion », « crimes abominables », « ressentiments entre communautés »-, révèle, en dernier ressort les intentions réelles de Monsieur Bensimon, dont la prétendue technique d’écriture se situe à mille lieues des canons journalistiques. De surcroit, des concepts tels que « insurrection islamiste » ou « djihadiste » ou encore « rébellion sociale », qui n’ont aucune occurrence dans le lexique contemporain camerounais, sont utilisés à profusion aux fins de créer la division du peuple camerounais tout en semant la confusion dans son esprit.

C’est le lieu de rappeler que le Président Biya a mis en place trois programmes pour l’année budgétaire 2015 destinés à soutenir le développement du pays : un premier qui concerne la nation tout entière et qui est soutenu par les budgets appropriés, un second intitulé « Programme d’urgence triennal » ayant pour objectif d’accélérer le processus de croissance économique dans des secteurs stratégiques préalablement identifiés et un troisième spécifiquement dédié à booster le développement dans toutes ses composantes dans les zones septentrionales affectées par les conflits. Les faits ne corroborent donc pas les insinuations malveillantes demise à l’écart de certaines populations du Cameroun.

S’agissant de l’armée camerounaise, il semble assez curieux que la seule référence dans cet article à cette institution, soit liée à son supposé « dysfonctionnement ». Comme amplement démontré plus haut, les faits sur le champ de bataille, mais aussi la reconnaissance nationale quasiment unanime à l’égard de ses performances, apportent un cinglant démenti aux allégations tendancieuses de l’auteur. Lemasque tombe définitivement lorsque M. Bensimon, comme un cheveu dans la soupe, se sert des événements du Burkina Faso. Il faut à tout prix un embrasement du Cameroun.

4.Que retenir de ce funeste scenario ?

Contrairement à ce que pense l’auteur de ces sinistres écrits, le peuple camerounais, comme la plupart d’autres peuples enAfrique, ne saurait oublier le déroulement du scenario libyen de 2011. Des « illustres personnalités occidentales » prônaient la déchéance du régime de Tripoli classé premier à l’Index du Développement humain d’Afrique de 2010, au motif qu’ils y apporteraient démocratie, bien-être social et développement économique aux populations. Quatre ans après la chute du raïs libyenmenée tambour battant par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan), force est de constater qu’un indescriptible chaos s’est installé dans cette partie de l’Afrique.


Ce ne sont pas les atermoiements du Conseil National de
 encore de deux parlements, respectivement installés à Tripoli et à Tobrourk, qui prouveraient le contraire. Jadis exportatrice de pétrole en Afrique avec un million de barils par jour, ce pays se retrouve embastillé par une centaine de milices se disputant chacune une portion de son territoire et empêchant l’exploitation de la manne pétrolière nationale. Non contents de leur forfait en Libye, les mêmes acteurs sont-ils décidés de créer la même situation au Cameroun, 12ème économie de l’Afrique selon le palmarès de Jeune Afrique 2014 et 1ère économie de la Cemac ? Il revient aux seuls Camerounais de répondre à cette question.
En guise de conclusion, nous tenons à informer l’ensemble des observateurs avertis de la scène camerounaise que la teneur de l’article concerné est d’autant plus surprenante que son auteur a été invité par les autorités camerounaises du 09 au 13 février 2015 pour mieux s’imprégner du contexte actuel de notre pays. Des dispositions ont même été prises pour son acheminement dans la zone des combats pour lui permettre de toucher du doigt les réalités du terrain : théâtre des opérations, visite des camps des refugiés nigérians et des déplacés camerounais fuyant la barbarie des Boko Haram.

Curieusement, son rapport ne fait aucun cas de l’extraordinaire mobilisation actuelle, politique, transethnique, transculturelle et transreligieuse des 10 régions du Cameroun autour de leur vaillante armée et des victimes des exactions des agresseurs de l’Extrême-Nord et de l’Est du Cameroun. La vérité est que, jamais dans leur histoire, les Camerounais ne se sont autant mobilisés pour acheminer vers les points de conflits leur appui matériel et financier accompagné de prières interreligieuses. Le journal Le Monde et les commanditaires de tels articles, restent les seuls à savoir l’objet de leurs manoeuvres. Mais, il est de notre devoir de mettre en garde le peuple camerounais pour éviter la descente aux enfers que d’autres pays ont connue.

Pr Abdoul Rassoul

Le Jour

 

 



24/03/2015
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