Que cache l’hibernation des longs-courts séjours privés de Paul Biya en Europe ?

Que cache l’hibernation des longs-courts séjours privés de Paul Biya en Europe ?

Cameroun : Que cache l’hibernation des longs-courts séjours privés de Paul Biya en Europe ?Le chef de l’Etat a réduit de manière sensible ses fréquents voyages à l’étranger. Cela fait plus de 400 jours soit plus de 10 mois qu’il n’est pas sorti du pays. Décryptage.

I- Des raisons familiales

Le directeur du Cabinet civil de la Présidence de la République Martin Belinga Eboutou peut enfin souffler, lui qui avait pris l’habitude d’abreuver, d’inonder la Crtv et le quotidien progouvernementale Cameroon Tribune de communiqués lapidaires et laconiques dont la teneur suit : «Le président de la République a quitté Yaoundé ce jour pour un court séjour privé en Europe…» A quatre-vingt-dix pour cent la destination principale de ces voyages était Genève, en Suisse où le président Paul Biya prenait ses quartiers à l’hôtel Intercontinental.

Accompagné de son épouse, Chantal, et de quelques collaborateurs dont Emmanuel René Sadi, actuel ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et Martin Belinga Eboutou. La fréquence soutenue et la durée de ces séjours en Europe irritaient les Camerounais qui y voyaient là l’irresponsabilité du chef de l’Etat qui, au lieu de développer son pays, allait ainsi gaspiller les deniers publics en terres étrangères. A tel point que certains de ces séjours faisaient l’objet de commentaires acides dans la presse camerounaise et étrangère. On se souvient les médias locaux et étrangers s’en étaient pris à lui lors d’un séjour privé à La Baule en Bretagne, ouest de la France avec une délégation impressionnante.

Une partie de l’explication de ces séjours privés fréquents en Suisse se justifie par le fait que le chef de l’Etat a une partie de sa famille dans ce pays : ses enfants Brenda et Junior qui y poursuivent leurs études. Ces enfants lui manquant donc pour des raisons scolaires, c’est lui qui se sentait obligé de se rendre régulièrement dans ce pays pour les materner. Mais cette explication est un peu courte car ces enfants chéris ont une mère, Chantal, qui n’ayant pas de fonctions officielles a le temps d’aller les retrouver de temps à autre.

Paul Biya n’est pas le seul chef d’Etat a avoir des enfants qui poursuivent leurs études à l’étranger mais on ne s’en rend compte, cela ne perturbe pas leur programme de travail. On peut dire là que c’est une faiblesse du président de la République. Le téléphone, même s’il ne peut pas remplacer la chaleur humaine est quand même un moyen de communication qui rapproche, diminue la distance qui sépare les individus. L’argument familial ne tient donc pas pour justifier les fréquents voyages de Paul Biya à l’étranger, on peut voir du côté du travail.

Des raisons professionnelles

L’une des raisons invoquées par Paul Biya et ses collaborateurs pour justifier ses séjours répétés hors du pays c’est qu’il y trouve un climat propice au travail. Il fuit les pressions de toute nature qui l’empêchent de travailler à son rythme. Ainsi donc quand Paul Biya veut travailler, expliquent ceux qui le défendent, l’atmosphère qui règne dans le pays est tel que son rendement est faible. Ces explications sont infondées et illogiques. Comment peut-on dire que le climat qui règne dans notre pays n’est pas propice à la réflexion.

C’est une injure à notre pays, à tous les Camerounais. Comment font les autres chefs d’Etat qui restent chez eux et travaillent pourtant. Pourquoi ceux-là sont inspirés et pas Paul Biya. Le chef de l’Etat peut bien travailler à Mvomeka’a son village natal où le cadre est bien propice à la réflexion même si on va invoquer la pression familiale. Il faut dire ici que Paul Biya étant chef de l’Etat, il n’appartient pas à sa seule famille, il appartient à tout le peuple camerounais pour lequel il travaille. Si l’atmosphère du village est si pesante, il y a de nombreux palais présidentiels dans le pays où Paul Biya peut bien travailler. C’est ce que faisait l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo qui passait ses congés dans son pays natal où il avait aménagé des coins où la vie n’était pas si mauvaise.
 
Les grandes réalisations

Au crépuscule de sa vie, Paul Biya a enfin compris qu’il n’a rien fait pour son pays sur le plan économique en général et des infrastructures en particulier, il doit donc se rattraper. Pendant la présidentielle de 2004, son thème de campagne favori était les grandes ambitions qui n’ont rien donné de concret à tel point que plusieurs années plus tard les gens n’ayant rien vu l’ont qualifié de menteur, de démagogue. Pour rectifier le tir, pour faire sérieux, Paul Biya a inventé un autre slogan tout aussi tonitruant que le premier, les grandes réalisations et là, il s’y est mis vraiment avec les travaux effectifs du port en eau profonde de Kribi, de la centrale à gaz de Kribi, du barrage de Memve’ele toujours dans le Sud du pays dont il vient de poser la première pierre, etc.

Paul Biya qui attache du prix à la réalisation de ces infrastructures veut s’en occuper personnellement et pour le faire donc, il doit rester sur place au Cameroun, car sait-on jamais quand on séjourne régulièrement on ne sait pas ce qui peut arriver. Au total, nous voyons deux raisons fondamentales, l’âge de Biya et les grandes réalisations qui font en sorte qu’il mette un terme à ses fréquents séjours en terre étrangère.

III- Autres raisons

Le foyer conjugal ?

Il est difficile de dire avec exactitude ce qui se passe actuellement dans le couple présidentiel, où les relations seraient exécrables entre le chef de l’Etat et son épouse Chantal. Le président Paul Biya qui s’affichait avec son épouse à tous ses séjours privés à l’étranger l’a-t-il éloigné de lui momentanément au point où il a dû mettre un terme à ces voyages pour ne pas être à ses côtés ? Nous n’en savons rien. C’est une piste à explorer et qui peut bien réserver des surprises, bonnes ou mauvaises.

L’âge avancé du capitaine et la fatigue

Il arrive un moment où dans la vie il faut s’arrêter, s’accorder un moment de réflexion pour repartir de bon pied. Paul Biya a donc décidé de s’arrêter un moment et a compris qu’à son âge, 79 ans officiellement, on ne doit plus faire n’importe quoi, fonctionné n’importe comment. En effet, l’âge de Biya est un âge de sagesse qui ne permet plus de faire certains types d’escapades. Des raisons de santé peuvent l’amener à sortir du pays de temps en temps, peut être aussi des raisons professionnelles. Or rien n’indique qu’il séjournait régulièrement à l’étranger pour ces deux raisons. Même s’il voyage dans de bonnes conditions, c’est-à-dire avec un avion personnel avec toutes les commodités qu’on peut y trouver, l’âge de Paul Biya reste un facteur limitant. Tout comme la fatigue, parce qu’il ne faut pas l’oublier Paul Biya travaille depuis 1962, soit 50 ans.

Le regard des autres

En dehors des médias étrangers qui lui faisaient une mauvaise publicité, les responsables politiques et les populations des pays (Suisse, France…) où Paul Biya avait l’habitude d’y passer beaucoup de jours ne comprennent pas comment un chef d’Etat étranger peut régulièrement séjourner chez eux mêmes si cela peut leur apporter des précieuses devises. Si ces hommes politiques, ces populations où Paul Biya ne le disait pas à haute voix, mais sa présence régulière les irritait. Certains le traitaient même de fainéant, de paresseux, de quelqu’un qui fuyait ses responsabilités dans son pays.

© Aurore Plus : Michel Michaut Moussala


10/07/2012
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