Quand un milliardaire tombe sur la tête, les petits entrepreneurs trépassent :: CAMEROON

 

Cameroun : Quand un milliardaire tombe sur la tête, les petits entrepreneurs trépassent::CameroonLe promoteur de la société ETP n'a plus que ses yeux pour pleurer. Sa société fermée, le personnel au chômage et des ennuis judiciaires sans fin. Avec quelques dégâts collatéraux pour la société Maersk. Heureusement, le milliardaire qui a pété un plomb a été invité à aller se rhabiller.

Une entreprise de bâtiment et de travaux publics en faillite et contrainte de mettre la clé sous le paillasson, les sièges et les magasins scellés, une centaine d'employés contraints au chômage, 48 jours de détention abusive dans les cellules de la Police judiciaire pour le patron, quatre conteneurs saisis et portés disparus au Port de Douala, des comptes bancaires saisis, etc. c'est le bilan provisoire d'une sainte colère que vient de se payer Victor Fotso, le milliardaire de Bandjoun qui ne badine pas lorsqu'on l'amène à perdre patience. on ne compte pas les crédits bancaires contractés par le promoteur de l'entreprise et dont les intérêts continuent à courir. aujourd'hui encore, les avocats de Victor Fotso continuent à revendiquer le paiement en principal de 832 milliards à la victime et passent par pertes et profits les sommes déjà englouties dans les travaux. 

L'histoire remonte à février 2007, lorsque le milliardaire Victor Fotso, maire indécrottable de Bandjoun, décide par anticipation de se mettre à l'heure des grandes réalisations pour sa commune-village. Les chantiers de l'hôtel de ville de Bandjoun et ceux d'une paroisse futuriste sont déjà quasiment achevés, il ne reste plus que les travaux de finition. un appel d'offres est lancé pour les seconds oeuvres, des marbres à poser ou des lustres à installer, et Temba Guy Bertrand, le promoteur de la société etB sarl (entreprise des techniques de bâtiment) postule et enlève les deux marchés face à quelque 140 concurrents. 

Ce coup de maître de Temba Guy Bertrand, qui sait présenter des offres plutôt alléchantes, va se retourner contre lui. il lance les travaux et doit les préfinancer sur fonds propres. Les contrats passés avec la mairie stipulent qu'il ne sera payé qu'à la vue du niveau d'avancement des travaux : "pas de travaux, pas de paiements ". alors que les travaux sont déjà lancés, Temba décide de se rendre à Dubai pour y prendre possession de matériaux commandés par ses soins pour les besoins du chantier. Les concurrents malheureux de l'entrepreneur saisissent l'aubaine et entreprennent une campagne d'intox auprès de monsieur le maire à qui ils laissent entendre que Temba se serait enfui avec l'argent et aurait abandonné les chantiers. Le sang du milliardaire ne fait qu'un tour. surtout que les chantiers auraient dû être livrés dans un délai de sept mois, et que ces délais étaient largement dépassés. 

Alerté, Temba Guy Bertrand revient précipitamment au cameroun et se met en besogne de rencontrer son client. Pendant qu'il attend au secrétariat du maire, il voit surgir des éléments de la police judiciaire qui l'embarquent manu militari. il passera 48 jours en détention dans les cellules de la Pj. entre-temps, ses comptes bancaires sont scellés, l'immeuble siège de son entreprise et les ateliers sont scellés. Pour les conteneurs au port, ils font l'objet d'une procédure similaire. Les avocats engagés par le milliardaire font preuve d'un zèle et d'une efficacité qui justifient la qualité et le caractère expéditif du service rendu à un milliardaire. en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la présidente du tribunal de première instance de Douala-Bonanjo ordonne, en février 2008, que les conteneurs soient placés sous la garde des transitaires avec interdiction formelle de s'en dessaisir sous quelque prétexte. 

L'ordonnance est signifiée par exploit d'huissier et servie aux transitaires contre décharge en règle. on commence à prendre la mesure de la manipulation et la délation qui ont eu cours autour de cette affaire. on avait laissé entendre à Victor Fotso que Temba Guy Bertrand n'avait jamais commandé le moindre conteneur, ceux-ci existent bel et bien. mais ils vont faire l'objet d'une saisie. 

Ta parole contre la mienne

Le maire Victor Fotso se plaint d'avoir été victime d'une tentative d'escroquerie, de s'être fait délester de la somme de 809 millions de francs matérialisée par des virements bancaires d'un montant de 781 millions et des reçus de versements en espèces d'un montant de 28 millions. interrogé sous serment par le tribunal de Douala, l'accusé soutient tout le contraire. Pour lui, c'est plutôt le maire Victor Fotso qui reste lui devoir la somme de 400 millions de francs. L'imbroglio est à son comble et en appelle à la circonspection des juges et des observateurs. a aucun moment, dans les documents parvenus à la presse, on ne signale le montant global auquel les deux marchés ont été conclus. si la somme de 809 millions est soutenue par la preuve de virements ou de versements en espèces, la multiplication des transactions financières entre les deux protagonistes achève d'embrouiller la compréhension du dossier. 

Mais de ces échanges contradictoires, il apparaît que l'imposture et le mensonge sont du côté du milliardaire de Bandjoun Pour une raison simple. a la signature des contrats de marché, Victor Fotso avait imposé un maître d'ouvrage délégué en la personne de Buban ngu, un architecte dont la mission était toute simple. il revenait au maître d'ouvrage délégué de veiller à l'avancement réel des travaux et d'évaluer leur exécution avant tout paiement par le milliardaire. on en conclut simplement que, si tel a été le cas, toutes les sommes versées à l'entrepreneur par Victor Fotso l'ont été après l'expertise avisée de son architecte et donc, que les sommes versées représentent les travaux effectivement réalisés. Temba Guy Bertrand explique ainsi le modus vivendi institué dans la gestion des marchés de construction de Bandjoun: " ETB Cam Sarl se procure le matériel, paie la main d'oeuvre des ouvriers à sa convenance et, après contrôle contradictoire et réception provisoire des travaux, établit une facture qu'il adresse d'abord au maître d'ouvrage délégué contrôleur des travaux pour visa avant de l'acheminer chez Victor Fotso pour règlement ". 

Il est improbable que Buban ngu, maître d'ouvrage délégué ait choisi de remonter des rapports de travaux complaisants, lui et Victor Fotso ne peuvent guère se prévaloir de leurs propres turpitudes. De plus, Victor Fotso, bien entouré et bien conseillé, avait tellement multiplié des verrous que personne, pas même le roi Koagne Donatien, n'aurait pu lui barboter son argent. on ne sait pas si les juges du tribunal de première instance de Bafoussam ont pu démasquer les supercheries de Victor Fotso, toujours est-il que l'accusé est déclaré non coupable des faits d'abus de confiance à l'issue de cette audience. 

La société Maersk entre dans la danse

Bien que Temba Guy Bertrand ait été reconnu non coupable des crimes dont l'accable Victor Fotso, il a déjà passé 48 jours dans une cellule, 8 mois de détention préventive à la prison de Bafoussam, mais il n'est pas encore au bout de ses peines. entre-temps, l'affaire fait grand bruit au-delà des limites de Bandjoun et de la ville de Douala où les procès sont enrôlés. Désemparé, l'entrepreneur malheureux sonne son réseau d'amis et de soutiens, y compris le maire de meyomessala, le village de Paul Biya en personne. Le maire pris de compassion tente la voie de la conciliation dans une première lettre adressée au président de la cour d'appel du Littoral qui, on le devine, joue de son influence et fait passer une décision favorable. il est  question de ne pas continuer à pénaliser le jeune entrepreneur alors qu'il a gagné le procès qui l'opposait au milliardaire Victor Fotso. on l'aura compris, le gars Temba Guy Bertrand est aussi l'entrepreneur de la mairie de meyomessala. 

 

 

Le 25 février 2008, la présidente du tribunal de Douala ordonne à la société Maersk de retenir sous bonne garde les quatre conteneurs appartenant à l'entrepreneur. La loi est pourtant claire, les huissiers se sont fait un devoir d'en rappeler les dispositions aux responsables des affaires juridiques. Quatre ans après, le 28 août 2012, le président du tribunal de première instance statuant en matière de contentieux d'exécution ordonne la main levée de la saisie conservatoire desdits conteneurs. mais alors, coup de théâtre. Les conteneurs se sont volatilisés, alors qu'il avait été fait interdiction expresse à la société de se dessaisir des biens saisis. où sont donc passé les conteneurs ? Pince sans rire, les responsables de Maersk répondent que les conteneurs saisis ont été vendus aux enchères publiques par les Douanes camerounaises. Voilà un troisième larron qui va s'inviter au procès. 

 

Il y en aura même un quatrième, la Douane camerounaise pour le fait d'avoir pris possession de biens faisant l'objet d'une saisie conservatoire. La toute-puissance du milliardaire de Bandjoun et le zèle des avocats et autres huissiers de justice à sa solde vont le perdre. alors qu'il se faisait for de faire de l'entrepreneur Temba Guy Bertrand une seule bouchée, c'est lui qui va devoir trinquer. on l'a déjà humilié au tribunal alors qu'il pensait que ses milliards plaideront pour lui, du plaignant qu'il était il est passé accuser, il va devoir payer des dommages intérêts à un entrepreneur qu'il aura voulu envoyer à la faillite. on croyait le milliardaire bien conseillé, il apparaît aujourd'hui que ses conseillers sont plutôt des conseillers toxiques, partants pour toutes les causes, y compris les plus pourries. mais au fond, ce n'est pas à ces avocats qu'il faudra s'en pendre. 

 

Ils ne sont qu'à ma recherche de quelques honoraires à pointer. Le diable, c'est le maire en personne, qui signe des marchés, prend toutes les précautions utiles pour qu'on ne lui vole jamais le moindre centime, mais qui se réveille un beau matin et commence à crier au  oleur. Victor prendra sûrement un autre procès, c'est son ami personnel  Paul Biya, qui appréciera de constater que c'est dans son propre parti qu'on rame à contre-courant pour faire dérailler le train des grandes réalisations avec des procès à la noix pour acculer de jeunes entrepreneurs à la faillite. 

 

© L'Equation : David Serge Behle


26/04/2014
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