Quand les résultats du test du Vih sèment la confusion

YAOUNDE - 23 NOV. 2010
© Félicité Bahane | Cameroon Tribune

Des personnes troublées par des diagnostics contradictoires. Le Centre Pasteur remet en cause la fiabilité de certains tests.

Juste un an qu’ils sont mariés. Mais plus de six mois déjà qu’ils se regardent en chiens de faïence, à cause des résultats du test au VIH/sida, qui semblent vraiment jouer avec leurs nerfs. « Un coup c’est positif chez nous deux, le coup d’après c’est positif seulement pour elle, cette fois c’est négatif pour tous les deux. C’est au moins la cinquième fois qu’on fait le test et jamais on a eu le même diagnostic deux fois d’affilée. C’est une situation insupportable », regrette Benoît L, fonctionnaire à Yaoundé. La trentaine, le monsieur explique que tout a commencé à un moment où son épouse a eu des poussées de boutons « un peu bizarres », souligne-t-il. « Nous sommes allés à l’hôpital militaire et on nous a prescrit le test du Vih à tous les deux et seuls ses résultats étaient positifs », explique le mari. Le couple refait le test dans le même hôpital et cette fois, tous les deux sont positifs. Rendu au Centre Pasteur de Yaoundé, ils s’en sortent cette fois avec des résultats négatifs. Malgré tout, l’épouse raconte qu’elle s’est rendue à l’insu de son époux à l’hôpital de District de Biyem-Assi pour refaire le test. Positif à nouveau. Le doute s’installe définitivement dans le couple qui en parle dans son entourage. Chose curieuse mais pas si rassurante, « nous avons rencontré plus d’une personne qui disent subir le même désagrément depuis des mois», ajoute Benoît L., complètement perdu. Pourtant, ça s’explique, selon les spécialistes…

Selon le Dr Suzanne Belinga, médecin biologiste au Centre Pasteur du Cameroun, « ce n’est pas rare qu’un test passe de positif à négatif. Il arrive même que des personnes sous anti-rétroviraux soient déclarées négatives après un contrôle ». La confusion, d’après elle, « est un problème de choix de tests utilisés pour faire l’analyse ». La spécialiste explique alors qu’en analyse médicale, il existe des tests avec des caractéristiques qu’on qualifie de spécifiques et de sensibles. « En général, quand on fait un dépistage de masse, on choisit un test très sensible, qui recrute toutes les personnes malades, mais qui sera aussi positif chez certaines personnes qui ne sont pas malades, parce que ce test manque de spécificité. C’est ce qu’on appelle des faux-positifs et c’est pour cela qu’on conseille à toutes les personnes positives de toujours faire un deuxième test de confirmation, notamment au Centre Pasteur qui est le laboratoire de référence », souligne-t-elle. Le constat cependant est que la quasi-totalité des tests utilisés dans les hôpitaux et autres laboratoires sont des bandelettes à caractère très sensible. Et donc, susceptibles de produire plusieurs cas de faux-positifs, que seuls des laboratoires de référence peuvent infirmer ou confirmer, en procédant par « un test spécifique qui cette fois, ne sera jamais positif chez un non malade», affirme le Dr Belinga. Tout naturellement, selon la spécialiste, si après la confirmation du Centre Pasteur, l’usager va refaire un test sensible, il y a des chances qu’on détecte à nouveau le faux-positif, parce qu’il aura utilisé le même procédé, qui manque de spécificité.


26/11/2010
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