Putsch - République Centrafricaine: François Bozizé, un colis encombrant pour le Cameroun

Douala, 26 Mars 2013
© Mathieu Nathanaël Njog | Aurore Plus

Le Président centrafricain a été renversé du pouvoir dimanche 23 mars 2013 après la prise de Bangui par la rébellion. Après l'avoir déclaré introuvable, il a trouvé refuge au Cameroun a confirmé hier un communiqué de la Présidence de la République publié lundi au poste national.

I- Le pouvoir aux mains de la rébellion Seleka

C’est de retour d’une descente effectuée, dans la ville frontalière de Kentzou à environ 10 km de la frontière centrafricaine, pour s'enquérir d'une attaque perpétrée la nuit dernière (du vendredi 22 au samedi 23 mars 2013) par des éléments de la rébellion centrafricaine venue libérer six de leurs camarades détenus par la Gendarmerie et la police, que le Gouverneur de la région de l'Est, Samuel Ivaha Diboua a été surpris de l'annonce de la présence en sol camerounais du Président François Bozizé. Arrivé au coucher du soleil à l'aérodrome de Batouri, chef-lieu du département de la Kadey, nous a confié un prélat.

Il a effectué le voyage à l'aide de l'hélicoptère de la Présidence de la République centrafricaine. Il était en compagnie apprend-on de ses deux fils et de son aide de camp. François Bozizé et sa suite ont aussitôt été conduits à la résidence des hôtes du Préfet de la Kadey. Où les autorités locales se sont démenées à lui trouver le nécessaire de toilette sur place.

Preuve s'il en faut qu'il a été surpris par l'attaque des rebelles armées du Seleka, l'obligeant à quitter précipitamment le palais présidentiel. Ce qui ne lui a pas permis d'emporter le moindre bagage. Un colis encombrant certainement pour le gouvernement camerounais qui s'est contenté de publier un communiqué officiel dans lequel, la Présidence de la République affirme que le Président déchu a trouvé refuge au Cameroun. Sans plus. «Suite aux récents évènements en République centrafricaine, le Président François Bozizé a cherché refuge au Cameroun où il se trouve actuellement dans l'attente de son départ vers un autre pays d'accueil», indique le communiqué, sans préciser le lieu où il se trouve.

Pour certains de ses fidèles qui espéraient qu'il avait fait un repli stratégique pour mieux préparer la riposte, vont très vite déchanter. Puisqu'il ne fait plus l'ombre d'aucun doute qu'il est en transit. D'après nos sources, le Président déchu, François Bozizé devrait être escorté cette même nuit vers Bertoua, le chef-lieu de la région de l'Est. Et le reste de sa famille a été conduite en Rd Congo où elle a été accueillie. Comme avant lui Hissene Habré et Ange Félix Patassé, le passage en terre camerounaise est synonyme de descente aux enfers. En effet, depuis le jeudi 22 mars 2013, les rebelles armées de l'Alliance Seleka sont passés à l'offensive pour s'emparer le pouvoir. Une situation prévisible au regard du climat qui prévalait dans la capitale centrafricaine où l'armée régulière et la rébellion écumait les rues sans ménagement, arme au point, attendant qu'aboutissent les négociations entre le pouvoir de Bangui et la rébellion. Après 72 heures de combat, la rébellion a pris le contrôle du palais présidentiel, faisant tout de même au passage des morts; puisque dans les rangs de l'armée africaine, la Présidence sud-africaine est le premier pays, parmi ceux qui ont envoyé des contingents en Centrafrique, à affirmer avoir enregistré 13 militaires tués et 23 blessés; la rébellion par son chef, a annoncé qu'elle organiserait les élections dans trois ans.


II- Le bluff de la communauté internationale

La communauté internationale a tôt fait de réagir par des messages lapidaires. La République de Chine, appelle au respect de la dignité de l'Afrique. Pendant que la France appelle au calme et au dialogue. Dans un communiqué publié dimanche, il ressort que la Présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, est profondément préoccupée par l'évolution négative de la situation en République centrafricaine (RCA) et ses conséquences dommageables pour ce pays, la région et le reste du continent. Elle réitère la ferme condamnation par l'UA de la reprise injustifiée des hostilités par le groupe armé Seleka, qui a abouti à l'entrée en force de ses éléments armés dans la capitale, Bangui, en violation flagrante des Accords de Libreville du 11 janvier 2013, conclus sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (Ceeac) et soutenus par l'UA et le reste de la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies. La décision des dirigeants de la rébellion armée Seleka de recourir à nouveau à la force constitue un sérieux défi à l'autorité individuelle et collective des Chefs d’Etat de la région, qui se sont activement investis dans la recherche d'une solution politique, aggrave l'insécurité, ainsi qu'en témoignent les pillages en cours et autres actes de violence affectant la population civile, et éloigne encore davantage les perspectives de retour à la paix en RCA et de la promotion d'une véritable gouvernance démocratique. La Présidente de la Commission appelle instamment à une action collective africaine unifiée et décisive pour faire face à cette grave remise en cause de l'ordre constitutionnel de la RCA, qui constitue également une atteinte aux acquis des processus de démocratisation à travers le continent africain. Cette action africaine doit tendre à l'application scrupuleuse de toutes les dispositions des Accords de Libreville, qui demeurent valides en toutes circonstances. Dans ce contexte, elle rappelle que les instruments pertinents de l'UA prévoient notamment, dans les cas de changement anticonstitutionnel de Gouvernement, la suspension de la participation du pays concerné aux activités de l'UA, l'isolement total des auteurs du changement anticonstitutionnel et l'adoption de sanctions à leur encontre, en vue de parvenir à la restauration intégrale de la légalité.

Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA s'est réuni dans la matinée du lundi 25 mars 2013 pour examiner la situation et prendre les mesures qui s'imposent, conformément aux textes pertinents de l'Union qui confèrent à cette dernière la responsabilité principale pour la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique dans le contexte de l'Architecture africaine de paix et de sécurité. Déjà lors de sa précédente session du 23 mars 2013, elle a décidé d'imposer une interdiction de voyager et le gel des avoirs à l'encontre de tous les acteurs politiques et militaires impliqués dans des actes visant à saper les Accords de Libreville, ainsi que dans des violations du droit international humanitaire et des droits humains, et de solliciter l'appui du Conseil de sécurité des Nations unies et d'autres partenaires. A cet égard, le Conseil demande à la Commission de lui soumettre, dans un délai de deux semaines, la liste des personnes à viser par lesdites sanctions.

Par ailleurs, elle exhorte les partenaires internationaux de l'UA, notamment le Conseil de sécurité des Nations unies, à faire preuve de la fermeté requise et à prendre des mesures appropriées pour marquer leur détermination à rejeter le fait accompli et à tenir ses auteurs responsables de leurs actes, y compris les pillages, ainsi que les violations des droits de l'Homme, et du droit international humanitaire provoqués par l'entrée de la rébellion armée à Bangui.


26/03/2013
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