Protection au Sommet de l’Etat: Enquête au cœur du dispositif sécuritaire de Paul Biya

DOUALA - 21 Février 2012
© Aurore Plus

Paul Biya a récemment renforcé la panoplie de son appareil sécuritaire en substituant l'ancien BIL (Bataillon d'intervention léger) en 2001 par le nouveau Bataillon d'intervention rapide (BIR); la dernière née de ces structures étant évidemment le Conseil national de sécurité.


Au lendemain du coup d’état avorté du 06 avril 1984, tous ceux qui ont vécu ces évènements dramatiques de près, s'accordent à reconnaître, que Paul Biya n'a véritablement plus jamais été le même. Alors que des témoignages concordants font état de ce que, pendant ses premières années de présidence, le chef de l'Etat était très proche du peuple. Qu'il participait à tous les cultes dominicaux à la cathédrale Notre Dame des Victoires, jouait au golfe, faisait même du footing au parcours Vita, lorsqu’il ne se contentait pas de quelques ballades en ville à bord de sa belle jaguar blanche (don de son ami de toujours, le milliardaire de Nsimeyong Omgba Damase) sans tralala protocolaire, ni escorte motorisée.

Des indiscrétions indiquent que c'est après l'échec du fameux putsch du 06 avril que Paul Biya s’est primo: terré dans sa tour d’ivoire; secundo, évertué à confier la tâche délicate de la formation et d'encadrement des hommes chargés de sa garde rapprochée aux marines américains qui l'auraient à leur tour sous traitée aux experts de Tsahal (l'armée israélienne). Déjà, dès 1985, la Garde républicaine (GR) changea de dénomination, et devient garde présidentielle (GP). Depuis lors, nous dit-on, la protection rapprochée du président de la république et des membres de sa famille avait entièrement été attribuée aux forces étrangères et plus précisément aux Israéliens, parmi lesquels l'on retrouva quelques privilégiés locaux, dont l'actuel directeur de la sécurité présidentielle (Dsp) le général Ivo Desancio Yenwo.


Les leçons du coup d'état du 06 Avril 84

Pour l’adjudant retraité de la division des transmissions de la Garde présidentielle d'Obili, dès les premières années de fonctionnement, tous les hommes de la Gp nouvelle version (garde présidentielle) étaient directement formés en Israël et bénéficiaient d'un statut particulier et de nombreux avantages. Ce qui fit de ce corps d'élite redouté, l’un des plus courus, et des plus prisés de la République. A cette époque là, se souvient-il avec nostalgie, n'était pas recruté à la Garde présidentielle qui voulait. Bien qu'au fil des ans, avec l'avènement de la crise économique des années 1990, seuls quelques gradés privilégiés ont continué à bénéficier des stages de perfectionnement et de recyclages de haut niveau en Israël. Avec la création du centre d'instruction de la Gp de Minkama par Obala, l'objectif fut davantage axé sur l’accroissement substantiel des effectifs. C'est alors que la garde présidentielle s'enrichira annuellement de quelques centaines d'hommes, armés et hyper entraînés.

Placés sous l'autorité du colonel Titus Ebogo, la mission de formation et de recyclage des éléments de la Gp était alors confiée au colonel israélien en retraite Avi Sirvan qui s'en acquitta avec beaucoup de maestria pendant les rudes années de braise (jusqu'à sa disparition en 2010). En ces moments particulièrement difficiles. A côté de sa garde prétorienne, Paul Biya s'appuiera sur cm trinôme: Etat-major particulier dirigé par feu Blaise Benaé Mpeke (EMP); Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) dirigée par le commissaire divisionnaire Pierre Minlo Medjo qu'il a libéré dès sa prise de fonctions, et par un Secrétariat d'Etat à la sécurité intérieure piloté de main de maître par Jean Fochivé qu'il prit le soin de rappeler au plus fort des soubresauts des années 1990, marqués par le vent de l'Est, le discours de la Baule et le processus de démocratisation des pays africains. En effet, alors que certains biographes du chef de l'Etat, dont Michel Emvana ont reconnu, que Paul Biya aurait fait l'objet de plusieurs tentatives de coups d'état avortés.

Il faut préciser qu'au fil des ans, l'enjeu sécuritaire est devenu une véritable hantise chez le premier Camerounais qui tirant, les conséquences des évènements du 06 Avril, (où son régime n'avait été sauvé de justesse que grâce aux hélicoptères gazelles, aux parachutistes du bataillon des troupes aéroportées de Koutaba ), s'est attelé à disséminer plusieurs groupements de la Garde présidentielle à travers la ville de Yaoundé, (suréquipés dotés de forces de frappe autonomes et prêts à l'action) dont: un bataillon d'intervention logé à Ekounou, une unité équestre située à Melen à un jet de pierre du camp Yeyap, la base et le plus important contingent étant tout naturellement, celui d'Obili.


Le symbole Ebogo Titus

Avec le départ à la retraite de celui qui, tout seul, avait fini par incarner la Garde présidentielle (Gp), de nombreuses indiscrétions font état de ce que la nomination du colonel Jean-Paul Mengo à la tête de l'institution n'avait pas été accueillie avec euphorie au sein de la troupe. Considèré par certains comme un simple colonel de l'armée de terre sans aucune expérience, par d'autres comme un officier supérieur dénué de personnalité. Moult de nos investigations ont laissé apparaître que c'est le penchant pour le colonel à voir les tentatives de coups d'état partout qui aurait causé sa perte. L’on se souvient d’ailleurs d’une de ses apparitions à la loge présidentielle, quelques minutes avant un des multiples voyages privés du chef de l'Etat en Europe, où attifé dans des combinaisons avec gilet pare-balles, parachute et tout le tralala, Jean-Paul Mengo n'avait pas manqué de créer l'effroi, y compris chez Paul Biya qui, nous dit-on à l'occasion, en avait été aussi ému, qu’effrayé. C’est ainsi que deux années environ, après sa nomination, le colonel Mengo est remercié et remplacé par le capitaine de corvette Jean Mendoua, un marin (formé dans les académies militaires israéliennes) ayant fait l'essentiel de sa carrière au sein de la GP, ou il occupait par ailleurs les fonctions de commandant en second, après avoir été commandant du centre d'instruction de la GP.

Bref, un homme connu et apprécié de la troupe. Même si à cette période là, beaucoup arguent que la Garde présidentielle était déjà en proie à certaines crises internes, liées aux promotions et à la gestion des crédits tels que les bons de carburant. L'avènement de Jean Mendoua, ne manqua pas de ramener le calme et la sérénité au sein de cette force d'élite. Toutefois, pour diluer sa toute-puissance, Paul Biya conseillé par ses stratèges militaires, dont le colonel Avi Sirvan, s'employa à mettre sur pied, une nouvelle armée formée de commandos... les premières missions à elle assignée étant: la participation au combat en appui aux forces armées nationales, la sécurisation de la zone de Bakassi, la lutte contre la criminalité transfrontalière, à l'instar de la croisade contre les coupeurs de route dans le septentrion; Mais aussi et surtout l'escorte et la sécurisation des cortèges présidentiels.




21/02/2012
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