Promotion: Ces artistes camerounais qui fuient Internet

Douala, 24 juillet 2013
© Adeline TCHOUAKAK | Le Messager

C'est le constat que l'on fait chaque fois que l'on cherche des informations concernant des artistes camerounais sur la toile. Ils n'y sont pas assez présents. Curieuse option à l'ère des Technologies de l'information et de la communication (Tic) ou nos vedettes (peintres, sculpteurs, chanteurs, chorégraphes, humoristes, comédiens, metteurs en scènes, écrivains...) sont-elles réfractaires à tout ce qui touche au high-tech?

Les gens: Les artistes camerounais encore en mode «old school»

Le monde est aujourd'hui en mode numérique! C'est évident que les artistes utilisent de nos jours, la Technologies de l'information et de la communication (Tic), pour se faire connaître et se vendre. Ils mettent en ligne leurs actualités, des bouts de leurs spectacles, leurs photos, leurs œuvres, leurs clips, leurs performances, leurs contacts et y vendent leurs œuvres. Une ouverture rapide et instantanée au monde. Si cette technique de communication est désormais une réalité ailleurs, au Cameroun, cette religion ne fait pas encore beaucoup de fidèles dans le milieu des artistes.

Ils sont nombreux, des artistes camerounais qui n'ont pas de site Internet, encore moins un blog (qui est pourtant gratuit). Ces anti-tic se recrutent en majorité parmi les anciens et les jeunes artistes locaux. Parmi les anciens, on note de grosses pointures de la culture camerounaise, dont les œuvres mises en ligne, seraient d'un apport important pour la postérité. Entre autres, Koko Komegne, Ben Decca, Ottou Marcelin, Joseph Francis Sumegne, Ange Ebogo Emerent, Kouokam Narc6, Gédéon Mpando (de regrettée mémoire), Tala André Marie, Sam Fan Thomas, Ekambi Brillant, Jack Djeyim, Henri Njoh, Pierre Didy Tchakounté, Dina Bell etc. Beaucoup de jeunes artistes locaux ont curieusement adopté cette mode, «old school» Il s'agit entre autres de Nono Flavie, Nicole Mara, Serges Polo, Koppo, Narc6 Pryze, X-Maleya, Tonton Ebogo, Majoie Ayi, Jean-Michel Dissake Dissake...ils utilisent davantage les moyens classiques de communication (radio, télévision, pressé écrite et affichage). Quelques-uns d'entre ces derniers ont un compte sur le réseau social, Facebook. Et plus rien!


Joe Mboule

Dans des moteurs de recherches comme Google, on retrouve quelques infos (parfois pas très exactes) sur ces artistes, grâce aux articles des journalistes et les contributions des internautes qui mettent souvent en ligne, leurs vidéos. Pourquoi cette traîne face aux nouvelles technologies? Joe Mboule qui n'a qu'un compte Facebook pour le moment, tente une explication: «je n'ai pas encore trouvé d’administrateur pour un site Internet mais, j'ai quelqu'un qui gère mon compte Facebook et puis, je n'ai pas assez de temps». Il reconnaît pourtant, comme nombre d'autres retardataires: «la visibilité sur le web est d’une importance capitale pour leur carrière».

A l'opposé, certains artistes camerounais ont compris l'apport des Tic dans leur carrière. Ce sont davantage des artistes qui ont flirté avec l'international. Sans glande surprise, on retrouve dans cette short-liste, des noms comme Richard Bona, Ndédi Eyango, Manu Dibango, Gino Sitson, Joël Mpah Dooh, Charlotte Dipanda, Marole Tchamba, Lady Ponce, Belka Tobis, Eddy Berthy, Justine Gaga, Alexis Prigas, Valéry Ndongo, etc. Des jeunes qui n'ont pas les Moyens de s'offrir un site Internet, se sont rabattus vers des blogs, qui, eux sont gratuits. Entre autres, Duc-Z, Krotal... Pour la chanteuse centrafricaine, Idylle Mamba, Internet est aujourd'hui le moyen le plus sûr de conquérir le monde entier «je suis connue à travers le monde grâce à Internet. Ce qui serait impossible juste avec les Cd et Dvd. C'est incroyable de savoir que quelqu'un écoute et apprécie ce que vous faites à l'autre bout du monde, c'est parfois par ce canal qu’on a des sollicitations, des critiques, des connaissances dans le domaine où on exerce.» Les artistes camerounais ont donc tout intérêt se mettre à jour. A bon entendeur. A vos claviers.


Le million FCFA... pour ouvrir un site Internet

Avoir un site Internet, n'est pas la chose la plus aisée, parce que cette démarche nécessite beaucoup de moyens financiers.

En moyenne le million FCFA. C'est ce qu'il faut débourser pour avoir un site Internet bien fait et entretenu au quotidien. Mais avant d'être visible sur la toile, l'artiste doit suivre deux étapes très importantes. La première, consiste à se rapprocher d'un webdevelopper, qui conçoit, mûrit et développe le projet. C'est le gros du travail explique Franck Armel Nzokou Forgang, Webdevelopper et Webmaster que nous avons rencontré. «C'est le Webdevelopper qui matérialise ce que l'artiste a dans sa tête. Dans le cas où il n'a aucune idée du site qu'il veut ouvrir, le webdevelopper lui propose une maquette pour validation». Ce travail de conception peut durer, des semaines voire des mois, tout dépend de la complexité du projet. C'est également en fonction de ce dernier critère que le prix est fixé. Mais, précise le technicien, on ne peut pas concevoir un bon site Internet, à moins de 500 000 FCFA quand il s‘agit des particuliers et moins de 1 000 000 FCFA, quand le client est une entreprise.

Quand le Webdevelopper a fini son travail, le dossier (ensemble des fichiers qui constituent le site), est transmis à un hébergeur. Selon le dictionnaire Petit Larousse illustré 2011, l'hébergeur est un prestataire de services équipé de disques durs et de serveurs qui propose aux internautes le stockage de leurs contenus et leur diffusion sur le web. Au Cameroun, ils peuvent être des fournisseurs comme Camtel, Orange, Mtn, Ringo etc. C'est en fonction de la taille du fichier que l'hébergeur fixe les prix de ses services. Mais contrairement à la conception, les prix sont relativement abordables. En moyenne, 30 000 FCFA à débourser tous les ans pour que les intendantes aient accès au site du client. Passé ces deux étapes, le client qui peut être un artiste, doit s'attacher des services d'un Webmaster pour alimenter en permanence de nouvelles informations de son site. Au final, une colossale somme à débourser pour avoir une visibilité sur le web.

Pour ceux qui n'ont pas la possibilité de s'offrir ce luxe, ils peuvent payer un site professionnel déjà conçu sur internet et l'alimenter eux-mêmes. La formule la plus simplifiée et gratuite qui s'offre à ceux qui n'ont pas de moyens sur la toile est le blog. Créent gratuitement mais l'espace est réduit et le design très souvent statique. Mieux que rien en tout cas...


25/07/2013
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