Processus électoral :Refonte des listes : Paul Biya cède à la marge

Écrit par Omer Mbadi Otabela
Mardi, 14 Février 2012 09:27

Dans une démarche en clair-obscur, faite d’intransigeance trompeuse et de revirement calculé d’Elecam, l’exécutif a accédé à une seule des exigences de l’opposition le 07 février dernier.Samuel Fonkam Azu’u a en quelque sorte vendu la mèche sur les dernières implications du

gouvernement dans le processus électoral, le 07 février 2012. Dans un communiqué à l’issue de la session extraordinaire du conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam), son président indique que deux rencontres avec le Premier ministre se sont récemment tenues. La première, le 16 novembre 2011, participait de l’évaluation du scrutin présidentiel du 09 octobre. La seconde, en date du 05 janvier 2012, a, entre autres, examiné le controversé sujet de la refonte des listes électorales avec, en toile de fond, l’épineux problème du financement de l’opération.

 

L’accord financier du gouvernement, adossé sur l’instruction de Paul Biya à mettre les «moyens nécessaires» pour y parvenir, rend compte de la dépendance opérationnelle de l’organisme chargé de gérer les élections. Il souligne aussi le changement d’argumentaire d’Elecam pour s’opposer à la refonte. Jusque là, les délais impartis à cette option et un problème compétence pour la prise de cette décision - soulevé par le directeur général des élections, Mohaman Sani Tanimou - servaient de preuves pour ne pas s’engager dans cette voie.

«Cette année, malgré les suggestions émises par les partis politiques et un certain nombre d’acteurs sur la nécessité d’un processus électoral, nous avons jugé nécessaire de faire une fois de plus une révision des listes électorales au regard des contraintes de temps. Mais l’année prochaine, nous engagerons certainement une refonte des listes électorales», affirmait le président du conseil électoral dans les colonnes de Cameroon Tribune, le 18 janvier 2012. En passant, Mohaman Sani Tanimou et Samuel Fonkam Azu’u s’en sont donnés à cœur joie sur les médias officiels pour imposer leurs vues sur le nécessité de réviser les listes, évacuant au passage la possibilité de remettre les compteurs à zéro.

562 852 faux électeurs

La dernière concertation avec Philemon Yang et ses collaborateurs coïncidait, ironiquement, avec le lancement de la campagne de révision sur les listes électorales. Initiative annoncée en fin d’année dernière par le directeur général des élections. Laquelle, selon Samuel Fonkam Azu’u, a permis de dénicher provisoirement 562 852 faux électeurs en quelques semaines. Travaillé par une obligation « légale » d’actualiser chaque année le fichier électoral, Elecam s’est officiellement mis en situation de ne point accéder aux doléances d’une partie de l’opposition.

Le terrain de la protestation

En début d’année, ce parti pris avait ravivé la polémique sur le choix à opérer. Fort des tares du fichier utilisé pendant le dernier scrutin, une frange de l’opposition et de la société civile locale s’est activée sur le terrain de la protestation. Le 05 février par exemple, deux politiques, à savoir Adamou Ndam Njoya (Udc), Bernard Muna (Afp), et deux responsables d’Ong : Hilaire Kamga de l’Offre Orange et Philippe Nanga de Un Monde, s’indignaient des propos de Samuel Fonkam Azu’u justifiant la révision. Une attitude qui fait chorus avec le discours en creux de certaines puissances occidentales invitant à une refonte. Entre temps, une rencontre significative entre le président de la République et l’ambassadeur de France au Cameroun, le 30 janvier 2012. Avec Elecam, entre autres, au menu de la conversation. En arrière plan, l’« injonction » de Nicolas Sarkozy pour des réformes électorales à entreprendre.

Le revirement en faveur d’une remise à plat des listes électorales, opéré par Samuel Fonkam Azu’u, avec l’onction en creux du gouvernement, éclaire en partie le laïus de Paul Biya lors de la présentation des vœux à ses compatriotes. «Je saisis cette occasion pour réaffirmer que les dysfonctionnements qui ont été constatés et qui, de toute façon, n’étaient pas de nature à remettre en cause les résultats de la consultation, seront corrigés avant les prochaines échéances électorales», prévenait un Paul Biya gêné aux entournures par les appréciations critiques sur Elecam, émanant de l’extérieur.

Toutefois, fidèle à lui-même, le Prince vient encore de montrer son habileté à céder à la marge pour peu qu’il soit acculé. L’essentiel des doléances demeure. Les onze points du Sdf le rappellent à suffisance.

Mise à jour le Mardi, 14 Février 2012 10:03


14/02/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres