Prix des produits pétroliers: Le gouvernement ignore la prescription de hausse du Fmi

Prix des produits pétroliers: Le gouvernement ignore la prescription de hausse du Fmi

Station Essence:Camer.beLes injonctions répétées de ce partenaire financier du Cameroun pour l'arrêt de la subvention sur les carburants ne séduisent pas les pouvoirs publics sous la hantise des remous sociaux de février 2008.Si les bailleurs de fonds internationaux voulaient provoquer un chaos socio-politique au Cameroun, ils ne se prendraient pas autrement. En réitérant au cours de la récente mission de consultation tenue en Mai dernier, l'exigence pour le gouvernement du Cameroun de revoir sa politique en matière de subvention aux carburants, l'institution de Bretton Woods a confirmé sa détermination à rendre inaccessible les produits pétroliers pour l'immense majorité des usagers. Cette injonction économique ultralibérale et antisociale du Fmi semble d'autant plus mal venue à l'heure actuelle où la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Aussi, malgré l'importance de cette enveloppe et son caractère contraignant pour le trésor public, le gouvernement sait qu'il y a une ligne rouge à ne pas franchir.

La parade que vient de trouver le gouvernement ne semble pas satisfaire le Fmi. En effet, en lieu et place de l'arrêt des subventions suggéré, les pouvoirs publics ont opté pour une accélération des travaux de reconfiguration de la Sonara. La raffinerie nationale désormais à même de transformer le brut camerounais, va s'approvisionner auprès de la Société nationale des hydrocarbures qui gère la portion congrue de pétrole que le pays reçoit de l'extraction de l'or noir par les grandes firmes étrangères. La Snh dans le cadre de ce schéma est appelée à fournir le brut camerounais à la Sonara à des prix préférentiels.

Contenir l'inflation

C'est un avantage certain que le gouvernement va prendre, sur tous ceux qui n'éprouvent aucun embarras jusqu'ici de l'exposer au chaos éventuel provoqué par une mesure aussi impopulaire que l'élimination du soutien des prix à la pompe des produits pétroliers. Chantre de cette directive du Fmi, l'ex ministre des finances, Essimi Menye avait défrayé la chronique le 21 mars 2011 en annonçant à l'issue d'une mission du Fmi, sa décision de procéder à la modification de la taxation des hydrocarbures. Cette mesure justifiait-il alors, allait dans le sens de l'accord des pouvoirs publics avec le Fmi signé en 1997 à travers lequel le gouvernement s'était engagé à homologuer le prix de vente au détail des hydrocarbures en fonction des cours du pétrole sur les marchés mondiaux.  Un  accord qui est resté curieusement silencieux sur la vingtaine de taxes environ qui alourdissent les prix à la pompe.
Reste que la péréquation  en vigueur sur les produits pétroliers repose sur des fondements beaucoup plus solides que ces milliards de la subvention en faveur de la Sonara supposés perdus par le trésor public. Depuis son instauration en 2004, le mécanisme de soutien des prix à la pompe a contribué en grande partie à stabiliser les prix et par conséquent, à contenir l'inflation. Le gouvernement en est conscient, raison pour laquelle il refuse jusqu'ici de céder à la pression continue des bailleurs de fonds. En tout cas, l'importance du sujet a favorisé la création d'une commission spécialement chargée et dont s'occupe personnellement le premier ministre.

 Pour l'heure, l'injonction d'augmenter le prix du carburant peine à emporter l'adhésion du gouvernement qui mesure la réalité de sa menace pour la paix. L'on se rappelle qu'en février 2008, les évènements qui avaient plongé le Cameroun pendant plusieurs jours dans un chaos sociopolitique indescriptible sont partis d'une revendication initiée par les transporteurs. Ces derniers protestaient contre une nouvelle hausse des tarifs du carburant que venait d'adopter le gouvernement. Aujourd'hui plus qu'hier, la perspective d'une augmentation des prix des hydrocarbures serait mal venue. Elle va entraîner une flambée des prix et affecter le pouvoir d'achat des consommateurs, déjà mis à mal par une inflation galopante.

© Correspondance : André Bassong /Guy c.Moussi


20/06/2012
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