Prison de New Bell Coup dur pour les prisonniers de l'opération épervier

DOUALA - 04 SEPT. 2012
© Hervé Villard Njiélé | La Nouvelle Expression

Leurs cellules ont été sérieusement consumées par les flammes lors de l’incendie qui s’est déclaré à la prison centrale de New-bell. C’était dans la nuit de dimanche à lundi 3 septembre 2012 aux environs de 3h.

Les cellules dénommées «spécial 18» et «spécial 20», sont celles concernées par l’incendie qui s’est déclaré à la prison Central de New-Bell, très tôt cette matinée du 3 septembre 2012. Encore appelées cellules Vip (Verry important personnality) parce qu’elles bénéficient d’un minimum de confort, ces geôles qui regorgent à majorité des victimes de l’opération épervier de la ville de Douala, ont entièrement été léchées par les flammes. Aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée mais, on note d’énormes pertes matérielles. Selon certains gardiens de prison et détenus témoins de cette scène moins reluisante, le feu s’est déclaré dans la nuit, aux environs de 2h. Celui-ci est parti d’une habitation spontanée pour s’attaquer au plafond des cellules VIP. Aidées par les planches et les contreplaqués, matériaux ayant permis de construire ces plafonds, les flammes vont se propager rapidement au point d’attaquer d’autres cellules. Elles vont détruire presque tout à leur passage.


Sauvés de justesse

D’après des témoignages, les occupants desdites cellules ont été sauvés de justesse grâce à une issue de secours se trouvant à l’arrière de leur bâtiment. «Il y a une issue de secours derrière la cellule des prisonniers de la spécial 18 et 20. C’est par là qu’on les a fait sortir si non, le feu allait les brûler. Et, on aurait enregistré des morts comme la fois dernière », confie un bagnard. La prompte intervention des forces de l’ordre, le déploiement rapide des sapeurs pompiers de la base aérienne de Douala, et la forte mobilisation des détenus, ont contribué à stopper la fureur des flammes qui entendaient tout rafler à leur passage. «Je voudrais saluer le courage et la bravoure des détenus et du personnel pénitencier qui n’ont pas paniqué face à cette situation. Leur intervention a contribué à stopper la propagation des flammes», affirme Dieudonné Engonga Mintsang, le régisseur de La prison Centrale de New-Bell, un peu plus serein.

Au sujet de l’origine des flammes, on parle davantage d’un court circuit. L’administrateur pénitentiaire imagine ce qui aurait causé l’incendie. «Les matériaux à la prison Centrale de New-Bell sont obsolètes. Il y a une surabondance de l’énergie électrique et le moindre tripatouillage engendre ces incendies qui surviennent de manière récurrente». Pour assurer la sécurité des geôliers, un fort dispositif sécuritaire a été dressé autour de la prison dès l’annonce de cet incident. «C’est depuis 3h que je suis débout. On m’a appelé pour me signaler qu’il y avait incendie à la prison Centrale de New-Bell quand je revenais d’une patrouille. Je me suis immédiatement rendu ici. On a mis sur pied un dispositif sécuritaire. Car, il fallait à la fois lutter contre les flammes et empêcher que les détenus ne s’évadent», raconte un commandant de compagnie de gendarmerie sous anonymat.

Sur les lieux de l’incident hier, l’image qui s’offrait à tous les visiteurs était effroyable. Les toits de la «spécial 18» étaient inexistants. L’air sentait le brûlé. Une mince colonne de fumée sortait encore des cellules incendiées. Dans les décombres, on distinguait les débris de tout genre. Les morceaux de lattes à moitié consumés, les tôles déchiquetées, les tables et les lits consumés, les restes de documents brûlés par le feu très vif, des climatiseurs carbonisés, des vêtements à moitié brulés, pour ne citer que ceux là. Bref, tout a été calciné par les flammes. Des prisonniers à la recherche des pièces de monnaie, des fils de fer et d’autres objets importants s’activaient laborieusement dans les décombres.


Des documents brûlés par le feu

Dans la «spéciale 20», les prisonniers Vip étaient assis sur des bancs devant leurs cellules consumées et discutaient autour du drame qui vient de se dérouler. On pouvait distinguer parmi ces derniers Jean Louis Edou, condamné à vie, Zacchaeus Mungwe Forjindam, condamné à vie, le colonel Etonde Ekoto, Tambou Bitchoka, le père accusé de viol par sa fille, Ngamo Hamani, et plein d’autres victimes de l’opération épervier. Certains d’entre eux fouillaient dans le reste des documents brûlés par le feu, quelques pièces importantes. Pour ces derniers qui disent avoir perdu des documents importants de leur procédure, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Et ni par où commencer. «Nous avons tout perdu. Nos documents, nos vêtements ont tous brûlés de même que nos chaussures. Les vêtements que nous portons encore sont ceux qu’on avait en dormant hier», affirme Ngamo Hamani, dépité.

Après la déclaration de cet incendie hier, Gérome Doh, le secrétaire d’Etat à l’administration pénitentiaire, est descendu sur les lieux pour apprécier l’ampleur des dégâts. Il était assisté dans sa suite par le gouverneur de la région du littoral, Joseph Beti Assomo, le représentant du préfet du Wouri, le délégué régional de la sureté nationale, le commandant de région de gendarmerie du littoral, les commissaires centraux et bien d’autres autorités administratives. Celui-ci a pareillement tenu une réunion de crise dans les services du gouverneur. Hier, passer devant la prison de New-Bell relevait d’une véritable gageure. La route était presque coupée en deux. Seuls les piétons passaient. Des militaires armés jusqu’aux dents barraient la voie aux véhicules. Bref toute la prison était sur haute sécurité.


04/09/2012
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