Prison centrale de New-Bell: Le supplice des prisonniers Vip

DOUALA - 13 SEPT. 2012
© Hervé Villard Njiélé | La Nouvelle Expression

Ces derniers vivent dans les conditions peu orthodoxes depuis l’incendie qui s’est déclaré à la prison de New-Bell

L’incendie qu’il y a eu à la prison centrale de New-Bell de Douala très tôt ce lundi 3 septembre 2012 aux environs de 3h, n’a pas encore fini d’égrainer le chapelet de ses conséquences. De nombreux dégâts matériels ont été enregistrés. A ce jour, les prisonniers de l’Opération Epervier, principales victimes de cet incident malheureux en sont encore affectés. Certains dorment à même le sol à proximité des toilettes, tandis que d’autres passent des nuits dans le noir, sans électricité. Pour dire vrai, les conditions de vie dans laquelle se trouvent les prisonniers de la spéciale 18 et 20 sont exécrables. Selon des informations, ils ne sont pas différents des autres prisonniers de ce pénitencier.

«Depuis que nos cellules ont brûlé suite à l’incendie du 3 septembre 2012, nos conditions de vie se sont détériorées. La situation de relatif confort dans laquelle on se trouvait a disparu. On vit actuellement comme les autres prisonniers», raconte le colonel Etonde Ekoto écroué dans cette prison. Beaucoup des prisonniers de l’opération épervier selon certains témoignages, dorment à même le sol car, il n’y a pas assez d’espace pour les contenir tous.

«Après l’incendie, on nous a affecté dans le quartier des mineurs. Mais là-bas, il n’y a pas d’espace. Nous sommes très serrés. Même se mouvoir relève d’une véritable gageure. Vous savez, c’est la rentrée des classes et, les prisonniers mineurs doivent fréquenter. Ça pose un réel problème d’espace. Vraiment nous vivons dans des conditions pas très bonnes mais c’est la prison. Et on n’a pas de choix», déclare Kisito Ondoa, un autre prisonnier de l’opération épervier ancien pensionnaire de la spéciale 18.

Celui qui déplore l’incident qui s’est passé, laisse par ailleurs entendre qu’ils ont un véritable problème au niveau de la nutrition. «Même pour avoir de l’eau à boire ce n’est pas facile. Je vous rappelle que c’est dame Kontchou qui nous ravitaille en eau de temps en temps. L’autre jour elle nous à fait parvenir plusieurs palettes d’eaux minérales.», ajoute-t-il. Pourtant, poursuit le détenu, « dans notre ancienne cellule, tout était aménagé. On n’avait pas ce problème.». Argument Partagé par Jean Baptiste Nguini Effa, ancien directeur général de la Scdp. «Dans notre ancien quartier, même si on n’était pas trop à l’aise, on avait quand même notre petit confort. On avait des box où garder nos documents, on avait quand même des climatiseurs, des téléviseurs, et également un réfrigérateur pour conserver nos aliments. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas, puis qu’on a été muté. Mais, ce n’est pas un problème. L’essentiel c’est que l’on soit en vie. On pouvait mourir dans cette incendie», relativise l’ex Dg de la Scdp qui reconnait avoir sauvé uniquement les documents de la procédure pendant l’incendie. «Pendant l’incendie, j’ai emporté seulement mais trois mallettes. Tous ce que j’avais comme vêtements et autres ont brûlé.» déclare-t-il avec regret. Dans le nouvel espace de recasement aménagé dans le quartier des mineurs seule une vingtaine des prisonniers Vip ont accepté d’être logés dans ce lieu.


Pas d’électricité

Faute d’espace, d’autres prisonniers Vip ont préféré rester dans les ruines de l’ancienne spéciale 18 et 20 incendiés. Et ce, malgré le fait qu’il n’y a pas l’électricité. Celle-ci n’ayant pas encore été rétablie par le régisseur qui, selon un garde prisonnier, rassemble encore les moyens. «Je suis toujours dans ma cellule. Je ne pouvais pas aller chez les mineurs là-bas. Il n y a pas d’espace. Et on ne peut pas facilement se déplacer. Dans ma cellule là-bas, j’ai quand même où classé mes documents», déclare Ngamo Hamani, l’ex Dg de la Camair.

Comme lui, plusieurs prisonniers de la spéciale 18 et 20 ont décidé de rester dans leur quartier malgré le fait que leur cellules aient été incendiés. Certains couchent sur des matelas à même le sol dans ce qui leur servait de cour. «Que d’aller nous serrer chez les mineurs là-bas, nous préférons dormir à même le sol ici. On peut se mouvoir facilement. Et en plus, il y a une barrière qui nous protège de la grande cour. On dresse tout simplement nos moustiquaires et on dort. C’est vrai que c’est pénible mais, on est mieux ainsi» rapporte une autre victime de l’opération épervier, rencontré au Tribunal de grande instance du Wouri.

Parmi les pensionnaires de la spécial 18 et 20 qui sont restés dans leur anciens quartier, on peut citer le colonel Edouard Etonde Ekoto. «Je suis toujours dans ma cellule. Je ne vais nulle part. J’ai sauvé mon matelas pendant l’incendie. Pour quelle raison je vais quitter ma cellule ?», s’interroge l’ancien super maire de la ville de Douala. Dans ce qui reste de la spéciale 18 et 20, après l’incendie environs 40 prisonniers Vip, selon nos sources, y sont encore logés. En attendant que leurs cellules soient réaménagées, Ils vivent dans les conditions difficiles.



13/09/2012
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