Prévention des AVC au Cameroun : l’ignorance tue !


Deuxièmes causes de mortalité au Cameroun après les pathologies infectieuses et principales causes d’ handicap neurologique à long terme, les AVC sont désormais un véritable problème de santé publique, car font chaque année de plus en plus de victimes.
Par le Dr Armand Nghemkap, médecin



Prévention des AVC au Cameroun : l’ignorance tue !
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), tous les ans, près de 15 millions de personnes dans le monde sont victimes d’un AVC et près de 5 millions en meurent avec un taux de mortalité de 25% à 30 jours et de 60% à 5 ans. C’est ainsi que 10% de la mortalité mondiale, toute cause confondue, est attribuée aux AVC.

Au Cameroun, les AVC tuent désormais plus que les accidents de la route. Or, une prévention efficace fondée sur la connaissance des facteurs de risque et un dépistage précoce associée à une rapidité de prise en charge basée sur la connaissance des signes annonciateurs devraient permettre de réduire de façon significative leur fréquence, leur gravité, leur mortalité élevée ainsi que la profondeur de leurs séquelles.

Qu’est-ce qu’un AVC ?

Selon le Dictionnaire de l’Encyclopédie Médicale, l’AVC encore appelé accident vasculaire cérébral ou attaque cérébrale se définit comme une défaillance de la circulation sanguine au niveau d’une région plus ou moins importante du cerveau. Ce qui a pour conséquence la mort des cellules nerveuses qui sont de ce fait privées d’oxygène et d’autres éléments nutritifs essentiels à leur survie.

Mais le Dr Armand Nghemkap préfère le définir comme un orage qui éclate dans un ciel serein et qui constitue par sa gravité une extrême urgence médicale vitale car plus le délai de prise en charge est bref, moins les séquelles sont importantes du fait que chaque minute est précieuse pour éviter des séquelles.

Les différents types d’AVC

On distingue en général deux grands types d’AVC : les AVC hémorragiques qui sont moins fréquentes ( 20% des AVC) mais les plus graves et les AVC ischémiques qui sont les plus fréquents ( 80% des AVC) et heureusement les moins graves. Les AVC hémorragiques sont en général liés à la rupture d’un vaisseau sanguin au niveau du cerveau alors que les AVC ischémiques sont provoqués par l’obstruction ou la thrombose d’une artère cérébrale.

Le cas des AIT

Il existe également un sous-type d’AVC ischémique appelé mini-AVC ou AIT qui résulte de la perte brutale d’une fonction cérébrale durant moins de 2 heures et qui est liée à une embolie ou à une thrombose vasculaire cérébrale transitoire.

Les facteurs de risque à connaître

L’HTA est le facteur de risque dominant au Cameroun car est en cause dans plus de 80 % des cas d’AVC diagnostiqués. Toutefois, l’HTA est malheureusement très souvent méconnue et trop souvent découverte au décours de sa complication majeure et principale qui est l’AVC, du fait d’une absence de dépistage précoce.

Les chiffres records de découverte d’une HTA sont enregistrés dans les populations camerounaises avec des TA systoliques retrouvées à près de 30. Or, le seul contrôle de l’HTA permet de réduire son risque d’AVC de plus de 50 %. Le diabète, l’hypercholestérolémie, le tabagisme, l’obésité, la sédentarité, l’alcoolisme chronique, le stress, les troubles du rythme cardiaque, les malformations artério-veineuses de type Anévrisme cérébral sont des facteurs de risque qu’il faut connaître et savoir dépister précocement.

Les signes d’Alerte

Si l’AVC est très souvent brutal et soudain, il existe toutefois des signes annonciateurs qui permettent de prévenir les secours et d’éviter les conséquences parfois irréversibles de cette pathologie. La faiblesse ou la paralysie même modérée d’une partie du corps comme la paralysie du visage, l’inertie d’un membre ou même la paralysie partielle ou totale d’un hémicorps, les troubles de la parole, les troubles de la vision, les troubles de l’équilibre, des maux de tête d’apparition brutale et inhabituelle comme un "coup de tonnerre dans un ciel serein", sont des signes annonciateurs qui doivent immédiatement alerter la victime et l’amener à prévenir les secours ou à se rendre rapidement dans un service des urgences afin d’éliminer l’éventualité d’un AVC gravissime débutant.

En Conclusion

Les AVC sont réellement un véritable problème de santé publique au Cameroun car les prévisions épidémiologiques très alarmistes indiquent qu’ils vont augmenter et éventuellement apporter la contribution la plus importante à l’aggravation de la mortalité. Ainsi, une prévention efficace par le dépistage précoce des facteurs de risque cardio-vasculaires, notamment de l’HTA , est nécessaire pour une prise en charge adéquate. Aussi, en l’absence d’une politique de santé publique adéquate, le Cameroun demeurera confronté à une épidémie de maladies cardio-vasculaires au premier rang desquels les AVC représentent une cause majeure de mortalité.

Quoiqu’il en soit, le Camerounais étant en toute logique désormais maître de son destin et de sa santé, nul n’est sensé ignorer les facteurs de risque d’un AVC, leur prévention, leur dépistage précoce ainsi que l’importance d’une prise en charge urgente dès l’apparition des premiers signes annonciateurs d’AVC car, comme chacun a pu le constater après lecture attentive : "L’ignorance tue !"


Source : Afrik.com


11/09/2013
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