Présidentielles 2011: Biya devrait-il se représenter ?

DOUALA - 25 FEV. 2011
© Yves Junior Ngangué | Aurore Plus

Pendant que le monde en général et l’Afrique en particulier amorce un tournant décisif et irréversible de son histoire eu égard à ce que la quasi-majorité des peuples entend désormais prendre leur destin en main en s’affranchissant du joug des pouvoirs dictatoriaux, Paul Biya ne devrait-il pas faire preuve de sagacité en se gardant de se représenter en octobre prochain ?


Paul Biya
Photo: © CIN Archives
Pendant que le monde en général et l’Afrique en particulier amorce un tournant décisif et irréversible de son histoire eu égard à ce que la quasi-majorité des peuples entend désormais prendre leur destin en main en s’affranchissant du joug des pouvoirs dictatoriaux, Paul Biya ne devrait-il pas faire preuve de sagacité en se gardant de se représenter en octobre prochain ?

L’actualité de ces derniers temps, argue un observateur averti de notre landerneau politique, devrait inviter l’actuel chef de l’Etat Paul Biya au pouvoir depuis 28 ans, à ne plus solliciter les suffrages des Camerounais. S’il va sans dire qu’il ne fait plus bon de passer plusieurs décennies au pouvoir dans notre monde d’aujourd’hui, eu égard à ce que la fin est quasiment la même pour tous les dictateurs déchus, Paul Biya, pense notre observateur, devrait logiquement tiré les leçons de sa longévité au trône en quittant les choses avant que celles-ci ne le quittent définitivement. Les images d’un Mobutu chassé du pouvoir comme un malpropre, diminué par la maladie, mort dans les conditions exécrables et enterré à la va-vite comme un vulgaire chien (après trente ans de règne) au cimetière chrétien de Rabat au Maroc, ou celle d’un Zine Abidine Ben Ali, chassé par la rue (révolution du jasmin) exilé à Djeddah en Arabie Saoudite après un refus formel de la France de l’accueillir sur son sol et menacé par un éventuel mandat d’arrêt des institutions judiciaires de son pays, (lesquelles l’accusent d’avoir détourner des sommes colossales), ne sont guère reluisantes.

Après avoir tutoyé les cimes, connu le prestige, la gloire, les multiples extravagances et autres prérogatives qu’offre le pouvoir suprême, les dirigeants africains ne devraient-ils pas se retirer pendant qu’il est encore temps ? En vue de couler paisiblement leurs vieux jours, dans nos terroirs, où ils devraient bien évidemment être portés en terre ? Si beaucoup de réalisations peuvent être mises au crédit de Paul Biya qui quoiqu’on dise a su maintenir le Cameroun notre pays, mosaïque d’une centaine de groupes ethniques, dans la paix et la concorde pendant de nombreuses années. Il faut remarquer que toute œuvre humaine étant imparfaite, le Cameroun sous son leadership, ne fait pas partie des grands modèles de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits humains et de réussite économique sur le continent noir et même dans le monde.


Lendemains incertains après les dictatures

Pour preuve, parti du statut de pays à revenu intermédiaire dans les années 1970, le Cameroun est aujourd’hui un pays déclassé sur l’échiquier international (Ppte, autrement dit pays pauvre très endetté), alors même qu’on se serait attendu à ce que notre nation achève en ce moment le dernier virage du peloton des Etats émergents. Sinon, la Corée du Sud, la Malaisie, la Chine et autres dragons d’Asie du sud-Est, n’étaient-ils pas au même niveau de développement que le Cameroun dans les années 1960 ? S’il reste patent que le réveil tardif de l’homme du 06 Novembre concernant la problématique du développement de notre pays ne devrait servir de caution à aucune éventuelle confiscation (par lui) de la charge suprême, il est indubitable qu’en choisissant la voie de sortie, l’actuel chef de l’Etat Camerounais ferait plus de bien au Cameroun qu’en se représentant contre lui-même à l’échéance d’octobre prochain. L’éminent philosophe français Edgar Morin s’exprimant sur la situation en Côte d’Ivoire n’affirmait-il pas récemment sur les antennes de la Lci, qu’après une longue période de dictature, un pays se remet toujours difficilement des corollaires et des soubresauts de celle-ci.

N’avait-il pas de ce fait accusé la longévité sur le trône du père de l’indépendance ivoirienne Félix Houphouét Boigny, décédé au pouvoir en 1994 ? Ne se souvient-on, pas que cette situation avait prêté le flanc à une guerre sans précédent entre les principaux héritiers de ce dernier ? Ne se souvient-on pas aussi que celle-ci se fût terminée dans un bain de sang avec le fameux coup d’Etat de Noël 1999 ? Sinon, la Côte d’Ivoire s’est-elle jusqu’à lors remise de cet épisode dramatique de son histoire ? Dans un tout autre registre, qu’est-il advenu du célèbre Zaïre (scandale géologique) de Mobutu sese Seko qui disait fort opportunément qu’après moi, le chaos. N’est-ce pas toujours un pays pauvre, sous-développé et en proie aux guerres et à l’instabilité ? Sous ce prisme, en faisant un choix lucide et déterminant, celui de ne pas se représenter afin d’entrer dans l’histoire, mais aussi et surtout celui d’organiser des élections justes, libres et indépendantes. Paul Biya ne préservera-il pas ainsi le Cameroun des lendemains difficiles et incertains qui accompagnent toujours la fin des régimes totalitaires ?



09/03/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres