Présidentielle Sénégalaise: Dakar s'embrase

YAOUNDÉ - 31 Janvier 2012
© Léger Ntiga | Mutations

La validation de la candidature de Me Wade à la présidentielle du 26 février prochain, par le Conseil constitutionnel, a engendré des scènes de violences. Une réaction des populations qui fait un effet boule de neige, à travers le pays. L’on a ainsi entendu des expressions dures de colère portant l’empreinte des jeunes du Mouvement du 23 juin (M23).

Pas question pour eux, de rester les bras croisés, après que la candidature du chef de l’Etat a été avalisée par les cinq sages de la haute juridiction. Dans la capitale, c’est en début de soirée que les jeunes du M23 ont vigoureusement manifesté au lieu dit Hlm (non loin de l’ancien siège du Parti démocratique sénégalais –Pds-). C’est ainsi que les jeunes ont brûlé des pneus et bloqué la circulation au niveau de la Voie de dégagement nord (Vdn).

À Colobane, des édifices publics inaugurés l’année dernière, n’ont pas été épargnés. Les manifestants y ont mis du feu. Au niveau du boulevard du centenaire, cinq magasins tenus par de ressortissants chinois ont été réduits en cendres. Du marché Hlm à Sébikotane autre quartier chaud de Dakar, en passant par Ouagou Niayes, Médina, le Pont Sénégal 92, Amitié, en face du collège Sacré-Cœur, Guédiawaye, Corniche, Golf, rond-point boulangerie jaune de Sacré-Cœur et l’entrée de la route nationale, le décor était le même. Tout était sens dessous dessus. Des membres des «Forces vives de la nation ont brûlé des pneus et des poubelles». C’est justement à Colobane lors d’une intervention du Gmi tentant de dispersé la foule que le jeune Fodé Ndiaye a subi une nuée de projectiles ayant entraîné son évacuation à l’hôpital où il a succombé à ses blessures.

Brasiers allumés

A l’intérieur du pays, d’après des témoignages, le mécontentement des populations a été plus violent. Des confrères sénégalais et des responsables de la police rencontrés, citent particulièrement Mbour, Thiès, Kaolack et Fatick. «A Kaolack, des jeunes du M23, à bord de motos Jakarta, ont mis la ville sens dessous dessus et ont saccagé la permanence locale du Parti démocratique sénégalais (Pds) avant de la brûler. Un même traitement qu’ils ont réservé aux locaux de la Rts inaugurés, il y a une semaine. Le véhicule du chef de la station de la Rts de Kaolack n’a pas échappé aux brasiers allumés un peu partout dans la ville», a indiqué samedi matin à la télévision, l’un des responsables de la police, poursuivant que cette vague de violences a installé «une peur terrible chez les populations, puisque le site en feu se trouve à côté des fils électriques de hautes tensions, d’une grande banque et d’un siège de la Sonatel (la société d’électricité du pays». Ce d’autant plus que, «les sapeurs-pompiers tardaient à arriver sur les lieux.

Le feu a duré, plusieurs minutes, avant d’être maîtrisé par les sapeurs-pompiers, qui sont intervenus tardivement. Pendant ce temps les manifestants ont continué leur progression sur la route Kaffirine-Tamba et de la Transgambienne. La permanence du Pds de Diourbel n’a pas aussi échappé à la furie des jeunes en colère qui l’ont mis en feu, brûlant des pneus dans les différents endroits. À Fatick, les services du gouverneur et le Poste de Police ont été attaqués par les jeunes», cryaient savoir différentes sources samedi matin. La particularité des localités de Kaolack, Fatick et Diourbel, du fait de l’usage des motos Jakarta, a facilité les choses aux mécontents, et rendu la tâche plus compliquée aux policiers débordés par l’ampleur de la foule dont la mobilité était facilitée par ce moyen de locomotion les ayant pris de court.

Le bilan de cette expression collective de colère n’a pas été que matériel. Il est aussi humain et surtout. Dans la ville de Thiès, d’après des sources policières, les populations ont adopté la stratégie de la guérilla en se dispersant dans différents sites, afin de mener, de façon organisée, des actions. C’est ainsi que plusieurs quartiers et l’entrée de la ville, ont brûlés et des banques attaquées. Du coup, des véhicules de transport en commun n’ont pu accéder au centre-ville. Selon le responsable des jeunes du Parti socialiste (Ps) à Thiès, Pape Amadou Sall «les gens évitent les actions de rassemblement, pour ne pas donner aux forces de l’ordre, l’occasion de les cerner, de les contrôler et de les réprimer».

En attendant la proclamation définitive de la liste des candidats à la présidentielle de 2012, les jeunes du M23 de Thiès entendaient profiter de la journée de samedi, pour s’organiser, avant de mener l’assaut final, le lendemain, dimanche. Ce qui a fait dire à l’adjoint au maire de Thiès, Lamine Diallo, que «les gens restent intransigeants par rapport à la détermination à mener les combats jusqu’au bout surtout que les Thiessois sont loin d’être des poltrons. Nous ne reculerons pas face à la répression aveugle des forces de l’ordre». Par ailleurs, suite aux affrontements intervenus dans la cité du Rail, l’adjoint au maire, Ibrahima Ba, a été poursuivi jusque chez lui par les policiers. Il a cependant eu la vie sauve grâce à l’interposition des populations plus nombreuses. Au plan judiciaire cependant, opposition et pouvoir préparent mutuellement des recours en invalidation de candidature





31/01/2012
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