Présidentielle 2011-Une coalition tacite en gestation : John Fru Ndi s’apprête à adouber Jean Jacques Ekindi

Présidentielle 2011-Une coalition tacite en gestation : John Fru Ndi s’apprête à adouber Jean Jacques Ekindi
(Aurore Plus 19/08/2011)


Alors que les Camerounais favorables au changement désespéraient déjà de voir que l’opposition leur donne des garanties de succès, dans les coulisses, on annonce un consensus entre les leaders du Social démocratic front et du Mouvement progressiste. Contour et enjeux. I- Les atermoiements du Sdf

Le Social democratic front (Sdf) a lors de son dernier Comité exécutif national (Nec) décidé à la majorité des membres de cette instance de réviser sa position par rapport à la prochaine élection présidentielle d’octobre 2011. Si la majeure parti de l’opposition ne s’est pas encore officiellement prononcée sur sa participation à cette élection, elle a demandé à ses militants en particulier et aux camerounais en général, à 23 jours de la clôture des inscriptions sur les listes électorales d’aller s’inscrire.

Un revirement spectaculaire lorsqu’on sait que depuis la création d’Election Cameroon (Elecam) et la nomination de ses dirigeants, notamment des membres de son conseil électoral et du directeur de cette institution chargée de jouer le rôle du Conseil électoral national indépendant (Ceni), le Sdf a, dans une campagne de protestation à l’absence de crédibilité de cet organe chargé de gérer les prochaines élections, opté pour le boycott du processus électoral. En demandant urbi orbi aux Camerounais de ne pas aller s’inscrire.

Curieusement sans rien à changer de fondamental pour garantir la crédibilité de cette institution, le Sdf vient de faire ce que l’opinion publique qualifie de volte-face spectaculaire. Surtout que sur la question, plusieurs militants qui soutenaient cette position ont été contraints à la démission. Et accusés d’être des suppôts du pouvoir. Ni John Fru Ndi, goguenard s’amusait même de faire remarquer que malgré ce soutien de ces forces socio-politiques, Elecam n’arrivait toujours pas à enregistrer des inscriptions massives sur les listes électorales. On a bien peur que le revirement du Sdf aussi n’entraîne pas des résultats probants. Aucune stratégie n’ayant été mise en place pour l’accompagnement des militants et par ricochet des électeurs potentiels. Une pirouette dans laquelle, le Sdf passe maître dans l’art. On sait que par le passé a plusieurs fois annoncé le boycott des élections avant de se résoudre à la dernière minute de se mettre en lice.

Pour certains des hommes de l’aile modérée du Sdf, ce revirement se justifie par deux raisons fondamentales. D’une part, la nomination des nouveaux membres du Conseil électoral d’Elecam, portant ainsi le nombre de 12 à 18. Parmi lesquelles des personnes dont le Sdf estime pouvoir accorder une certaine crédibilité. Pour ses contradicteurs, ces personnes sans fonction, ne peuvent rien changer dans un système verrouillé. D’autre part, il y a aussi la loi favorisant le vote des camerounais de l’étranger. Si le Sdf affirme toujours que leurs revendications qu’il avait énumérées en onze préalables, pour que le processus électoral aspire à la crédibilité tiennent, les cadres du Sdf estiment que leur parti veut donner une chance à l’avancée de la démocratie en mettant de l’eau dans son vin au regard des petits pas insidieux que le régime au pouvoir vient de faire. Même s’il reste l’exigence d’un bulletin unique. Mais certaines indiscrétions laissent entendre que, le Chairman, Ni John Fru Ndi est pris dans l’étau des contradictions et des ambitions de certains de ses exégètes.

II- Fru Ndi pressé de l’intérieur

Ceux-là même qui veulent depuis des années que le Sdf accepte d’entrer dans un gouvernement d’union nationale, mais aussi demandent aujourd’hui au Chairman de passer le témoin pour ce qui est du potentiel candidat du Sdf à la prochaine élection présidentielle. Il ne fait pas de doute, en passant pour une girouette, le Sdf est plus que jamais partant pour participer à la prochaine élection présidentielle. D’ailleurs, le Chairman a affirmé lors de sa dernière sortie à Yaoundé il y a deux semaines que par respect pour ses autres adversaires du parti, il ne profiterait de cette tribune pour annoncer sa candidature. Et déjà dans le Sdf, certains cadres et même militants de base ne cachent plus leurs ambitions.

Même si ceux qui passent pour être les hommes de main du Chairman se montrent toujours discret. Outre le député, Serge Noumba et le militant de la section Sdf de France, Célestin Ndjamen qui ont depuis des années annoncé leur candidature à la candidature pour les investitures, affirmant leur volonté manifeste d’affronter Ni John Fru Ndi aux primaires des investitures, on cite dans les starting-blocks, un des ses vice-présidents, Osih Joshua, le président du groupe parlementaire, Mbah Ndam et dans une moindre mesure le président régional du Sdf Littoral, le député Jean-Michel Nintcheu, dont le radicalisme cache mal sa détermination se positionner comme une alternative au Chairman. Et le dernier en lice, le député de la Mezan Fobi Nchinda.

D’ailleurs, certaines sources affirment même que Fru Ndi prépare une dernière carte à tous ces hommes de main qui œuvrent et manœuvrent pour le confiner à son seul statut de Chairman. Soutenant ainsi, même de manière voilée qu’il n’est plus l’homme de la situation après avoir essuyé plusieurs échecs devant le candidat «naturel» du Rdpc et président de la République sortant. Le réduisant par là même en challenger de pacotille. Surtout que, selon des confidences des pénates de Ntarikon, John Fru Ndi qui n’a plus que pour seuls appuis les derniers des Mohicans des Funding fathers, se dit trahi par certains de ses exégèses qui lui ont clairement et sans froncer les sourcils, individuellement demandé de leur adouber pour la candidature du Sdf à la présidentielle de 2011.

C’est que, Fru Ndi sait mieux que quiconque que, comme au sein du parti au pouvoir, sa non candidature pourra faire voler le Sdf aux éclats. Et sait tous ceux qui sont prêts à le poignarder dans le dos. Or pour le Chairman, si pour l’élection présidentielle 2011, les dés sont pipés, et les adversaires du candidat naturel du Rdpc n’ont aucune chance de remporter cette échéance qu’on dit plus que jamais capital pour l’avenir du Cameroun, le Sdf doit jouer son avenir, celui qui en a fait le principal parti de l’opposition. Cela passe par les élections couplées législatives et municipales de 2012. Pour mieux négocier ces deux consultations de proximité, tout dépendra de la manière dont le Sdf sera sorti de cette présidentielle 2011. Bien évidemment sans laisser des plumes.

III- Ekindi pour sauver le Sdf

Pour cela, Ni John Fru Ndi a sa petite idée. Comme Paul Biya le fait avec le Rdpc, il a décidé de maintenir le suspens et l’incertitude jusqu’à la dernière minute. Selon des confidences de pénates, il aurait déjà sa solution. Elle porte sur deux hypothèses. Si Paul Biya ne se présentait pas, Ni John Fru Ndi est certain que se trouvant au sein d’une opposition désorganisée, orgueilleuse, et évoluant plus en solitaire, il est, au regard des résultats des précédents scrutins, et de la représentativité de son parti, le mieux placé pour valablement porter les espoirs et les rêves du changement des camerounais. En leur offrant une victoire tant espérée d’une alternance afin de conduire un mandat de transition qui permettra de remettre les institutions crédibles d’une véritable démocratie.

Seulement, il est conscient qu’il sera difficile pour lui de gagner en allant en rang dispersé. Mais en même tant, il est de plus en plus difficile pour Fru Ndi et le Sdf de pouvoir compter sur une possible coalition d’une certaine opposition dans quelques cas de figure quelles que soient les exigences du Sdf de présenter à tout prix Fru Ndi comme candidat. Le chairman du Sdf traine contre lui des casseroles du non respect des engagements lors des élections de 1992 et sa trahison de la coalition lors des élections présidentielles de 2004, lorsqu’il n’avait pas été désigné démocratiquement comme candidat de cette coalition sur la base des conditions pourtant édictées par le Sdf. C’est pourquoi dans son entourage, on pense fortement qu’il doit passer le témoin à un autre candidat du parti.

Son avenir politique et celui du Sdf en dépendent. Il le sait, lui qui tient comme à la prunelle de son œil de conserver au pire son statut de leader du parti majeur de l’opposition camerounaise avec les avantages qui y sont liés. C’est pourquoi, dans la deuxième hypothèse, si Paul Biya était à nouveau le candidat du Rdpc, mieux à sa propre succession, il est prêt à adouber contre la volonté de ses cadres un candidat autre que celui de son parti. D’un pour éviter d’être ridicule en cas d’une défaite, certes inévitable, mais alors cuisante qui pourrait le pousser à passer la main de la présidence de son parti pour répondre à la pression qui se fait de plus en plus forte du renouvellement de la classe politique.

Mais aussi pour départager tous ses lieutenants qui ont déjà sorti les épées des fourneaux et sont prêts à s’entredéchirer pour une éventuelle candidature autre celui de sa personne. Un enjeu pour la survie du Sdf qui a d’autres échéances électorales pour conforter son statut. C’est pourquoi, plus que jamais, il envisage dans ce cas de figure d’adouber Jean-Jacques Ekindi, le président du Mouvement progressiste et candidat « naturel » de son parti. Il espère ainsi se racheter aux yeux de l’opposition qui est loin d’oublier la forfaiture de 2004, mais aussi de l’opinion nationale en se portant pour un homme politique qui n’est pas égocentrique comme on l’aura toujours présenté.

Plus encore, qu’il aura contribué autant qu’il aura pu à l’aspiration du rêve des camerounais en général et de l’opposition en particulier à une véritable élection. Ce qui va lui donner encore plus de crédit au sein de l’opinion publique et certainement le faire passer pour un acteur majeur dans l’histoire politique de la troisième République. Soit en cas de victoire de Jean-Jacques Ekindi qui peut fédérer les forces du changement dès qu’il a l’onction du Sdf. D’ailleurs des candidats comme Paul Ayah Adibine ne cessent d’appeler les candidats de l’opposition à l’union. « Seule solution possible pour arriver à une alternance par les urnes. Surtout si les camerounais s’engagent à défendre leur vote », soutiennent certains penseurs.

Soit au cas ou l’alternance arrive par une contestation populaire. Tous les ingrédients étant réunis à cet effet, reconnait le pouvoir en place, qui ne cesse mener une campagne offensive sur le thème de la paix. La rencontre entre Fru Ndi et Ekindi, lors du dernier Nec n’est pas innocent. Certaines indiscrétions font état de ce que le président du Mp est de plus en plus un confident du Chairman du Sdf. Notamment depuis John Fru Ndi est convaincu qu’il est trahi par son pré-carré.

Écrit par Barthélémy Nzock

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21/08/2011
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