Présentation, confort, sécurité…: Les visages désolants de nos départements ministériels

DOUALA - 17 OCT. 2012
© Alain NOAH AWANA | Le Messager

Dans un rapport rendu public en début de semaine, l’Acdic démontre comment la présentation extérieure des bâtiments est négligée, tout comme l’accueil, ainsi que d’autres aspects comme la sécurité, la communication. Alors que le Minatd, le Mintransports et le Minjustice viennent en tête, le Minfi, le Minepia et le Minesec ferment la queue.

Dans un rapport rendu public en début de semaine, l’Acdic démontre comment la présentation extérieure des bâtiments est négligée, tout comme l’accueil, ainsi que d’autres aspects comme la sécurité, la communication. Alors que le Minatd, le Mintransports et le Minjustice viennent en tête, le Minfi, le Minepia et le Minesec ferment la queue.

Ils font partie du décor. A tel point que les usagers n’y prêtent plus vraiment attention. Mais, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) a décidé de les passer au scanner. Ce sont les manquements observés dans les différents départements ministériels du Cameroun. Lundi 15 octobre 2012, lors d’une conférence de presse donnée par Bernard Njonga, cette association a présenté un rapport intitulé « Evaluation citoyenne : Les visages de nos ministères ». L’enquête, qui s’est déroulée de juillet à septembre 2012, a été menée par une équipe de 50 personnes. Elle a porté sur 35 ministères et chaque enquêteur se devait de conduire l’enquête dans chacun de ces départements ministériels, sur la base d’une fiche comportant six critères pour une note globale de 480 points. En tout, 1 750 fiches ont été remplies et les notes attribuées aux différents ministères.

Dans le classement général, le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) remporte la médaille d’or avec une moyenne de 11,87 sur 20 (285 points sur les 480). Il est suivi du ministère des Transports (11,12/20) et celui de la Justice (11/20). Au bas du tableau viennent les ministères des Finances (Minfi), de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia) et des Enseignements secondaires (Minesec) avec respectivement 8,2/20, 7,75/20 et 7,25/20. Il est important de savoir que sur les 35 ministères évalués, seuls 17 ont eu une moyenne supérieure à 10/20. Retenons que le ministère des Marchés publics, créé en décembre dernier, n’a pas été noté car pour l’instant, il est logé dans les locaux de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp).


Plaques indicatives défaillantes


Présentés ainsi, les résultats pourraient faire sourire certains. Mais, lorsqu’on y regarde de près, l’enquête menée par l’Acdic donne froid dans le dos, si elle n’inspire pas tout simplement de la pitié pour le Cameroun. Prenons le premier critère qui est celui de la présentation extérieure, il existe une grande différence quant à l’importance que les responsables accordent à la tenue de ceux-ci. Tenez par exemple : au ministère des Forêts et de la faune, tout comme à celui de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable, il n’existe pas de plaque indicative. Celle du ministère des Enseignements secondaires est cassée depuis longtemps. Certains ministères, même s’ils ont des plaques, ne les ont pas actualisées, tandis que d’autres en ont plusieurs portant les différentes dénominations qu’on leur a données au fil des années.

Toujours dans ce domaine, rares sont les ministères comme celui des Postes et télécommunications ou celui des Relations extérieures qui ont un drapeau. Entre temps la fraîcheur des bâtiments n’y est pas. Sur certains, on observe que des arbustes poussent sur le toit, de la broussaille aussi, comme si on y entretenait un jardin. Quid maintenant de l’accueil des usagers dans ces ministères ? Le deuxième critère d’évaluation de l’Acdic fait ressortir de nombreuses défaillances à ce niveau aussi. Les ministères camerounais accordent très peu d’attention au système d’accueil : négligence en ce qui concerne les salles d’attente (sauf dans les cabinets des ministres), faible indication sur les portes des bureaux (quelques hauts responsables seulement), etc. Ici, le Minrex et le Mincom s’en sortent plutôt bien.


Couloirs encombrés et toilettes défectueuses

Le troisième critère revient sur le cadre de travail. Et là, le Minatd et le Contrôle supérieur de l’Etat occupent le haut du podium tandis que le Minedub et le Minesec sont bons derniers. Les toilettes, si elles existent, ne sont que rarement fonctionnelles et servent beaucoup plus de débarras. Quant aux poubelles, en interne comme en externe, c’est une vraie gageure. Elles existent, mais soit elles ne sont pas mises au bon endroit, soit les usagers doivent être plus sensibilisés car des ordures traînent encore par terre dans les ministères. Dans les couloirs de certains ministères, difficile parfois de circuler. Archives et vieux meubles qui ne servant plus à rien encombrent le passage. Allez donc voir au Minedub et au Minesec. Quant au confort des bureaux et des équipements de travail, des efforts sont tout de même faits, même si la plupart des ministères pointent à une note de 06/10 dans ce sous critère.

Si des aspects aussi importants sont négligés, qu’en est-il des mesures sécuritaires, quatrième critère d’évaluation de l’Acdic ? Bonne nouvelle, aucun élève n’a échoué, du Minatd (15,6/20) au Minesec (10/20). Les mesures de sécurité à l’entrée des bâtiments, dans ceux-ci, de jour comme de nuit, sont assez bien assurées. Mais, en ce qui concerne l’existence d’extincteurs et de bouche d’incendie en bon état, ce n’est pas encore la satisfaction. Et les accidents du passé sont un indicateur de ce que les prévisions ne sont pas proportionnelles aux attentes.


Le ministre n’est pas là !

Le cinquième critère repose sur « la communication » et naturellement, c’est le Mincom qui remporte la palme d’or, suivi du ministère de la Défense. Ici, la « Grande muette » c’est plutôt le ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia). Dans tous les cas, si des cellules de communication existent, il n’est pas toujours facile d’obtenir une information. « La communication dans la plupart des ministères se limite à la communication institutionnelle dont l’axe principal est la couverture médiatique des activités du ministre ou la publication, à intervalles plus ou moins réguliers, d’un bulletin avec les mêmes objectifs et des personnages identiques », commente le rapport de l’Acdic. Et quand bien même le département ministériel a un site web, il n’est que très rarement actualisé.

Pour finir, le rapport s’est penché sur l’accessibilité des ministres. Et les résultats montrent que c’est le Minatd (encore !) et le ministre des Forêts et de la faune qui sont les plus accessibles. Ceux de la Défense et des relations extérieures sont les moins accessibles. Comme pour reprendre cette boutade de l’Acdic : «Bienvenus chez vous. Mais, n’oubliez pas que vous êtes chez moi ». La question est tout simplement de savoir si c’est voulu par le ministre ou alors une négligence structurelle. Quoi qu’il en soit, à l’heure où l’on parle d’évaluer les feuilles de route des ministres, les différents départements ministériels devraient sérieusement se pencher sur le rapport de l’Acdic. A moins que, comme on a l’habitude de le dire, le chien aboie et la caravane passe…


17/10/2012
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