Précarité: Les sénateurs sans salaire

Yaoundé, 27 Août 2013
© Younoussa Ben Moussa | Le Jour

 

Certains de ces parlementaires s'endettent pour vivre.

 

Depuis la constitution du Sénat en avril dernier, les 100 parlementaires de cette Chambre n'ont jamais eu de salaire. Pour Paul Tchatchouang, sénateur Sdf et vice-président du bureau, «chacun se débrouille avec les moyens du bord. Nous sommes obligés de prendre des crédits çà et là pour joindre les deux bouts». Il se félicite du fait qu'en tant que sénateur, ils sont crédibles vis-à-vis de leurs créanciers. A commencer par «le boutiquier du coin». 

Son camarade Jean Tsomelou pense, pour sa part, que les électeurs attendent trop d'eux. Il a commencé par retaper sa voiture pour avoir une attitude digne d'un sénateur. Autant de nouveaux postes de dépenses nés avec leur statut. «On fait avec ce qu'on a», dit-il. 

Aboubakar Siroma, sénateur de l'Adamaoua, lâche: «Nous sommes endettés jusqu'au cou». L'on a vu d'ailleurs certains de ces sénateurs, notamment ceux de l'Adamaoua, adopter un nouveau train de vie. Des voitures, des bureaux du parti à entretenir, un nouveau domicile, de «nouveaux amis» à gérer, des familles et des voisins à habiller lors de la fête du ramadan et surtout, un nouveau style vestimentaire: des costumes, des pagnes et des gandouras neufs. Le tout à crédit. A côté de ça, il y a des griots qui défilent devant leurs domiciles ou qui les interceptent dans toutes les cérémonies, y compris les baptêmes. Pour honorer toutes ces charges, ils s'endettent chaque jour. 

Au Rdpc, ceux qui acceptent de parler à visage découvert ne se plaignent pas. Honoré Djomo Kamga, le chef supérieur du groupement Bandjoun, pense que l'on ne va pas au Sénat chercher de l'argent. «Ce n'est pas un problème d'argent. On ne peut pas être sénateur et courir derrière l'argent», critique- t- il. Aussi avons-nous appris de source sûre que les sénateurs ont perçu à deux reprises des frais de session d'un montant de trois millions. Soit 1.500.000 FCFA par session. 

Au fait, pourquoi n'ont-ils pas eu de salaire depuis? «En réalité, on veut nous priver de moyens pour battre campagne. Ils savent que si on a des salaires, on peut dignement faire campagne, étant donné que ceux du Rdpc ont les moyens de l'Etat», analyse Aboubakar Siroma. Certains évoquent l'absence d'un agent financier au bureau du Sénat. Dans tous les cas, vendredi dernier, le bureau de cette chambre s'est réuni au palais des Congrès sous la présidence de Marcel Niat Njifenji, son Président. A la sortie de cette longue réunion, il a déclaré à la presse, qu'ils ont discuté entre autres du «traitement des sénateurs».



27/08/2013
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