Pr Moses Nyongwa : « Le seul véritable problème du Cameroun aujourd’hui, c’est la gestion de ses ressources»

Pr Moses Nyongwa : « Le seul véritable problème du Cameroun aujourd’hui, c’est la gestion de ses ressources»

Il y a  moins de trois ans,  le Pr Moses Nyongwa ancien directeur de l’École de traduction Collège universitaire de Saint-Boniface, University of Manitoba avait accepté de commenter l’actualité  camerounaise Icicemac.com.  Tout en donnant quelques tentatives de solutions au mal camerounais, le Pr. Nyongwa était revenu entre autre sur la liste d’homosexuels présumés, parue dans des journaux camerounais, les différentes affaires de pédophilies, incestes  et de viols  que la presse camerounaise avait largement couverts, sur « l’opération épervier », la comparaison de la  corruption entre le régime Ahidjo et Biya et sur la gouvernance catastrophique du président Biya et la déliquescence du SDF,  la perdition  de la jeunesse camerounaise, de la faillite  de  l'intelligentsia camerounaise et bien d’autres sujets  d`être complice de la médiocratie

M. Mba Talla:  Quelle  signification donnez -vous à la la victoire de Faure Eyadema fils au Togo?

Pr Moses Nyongwa : La victoire au Togo, comme au Gabon l’année dernière, était prévisible. Lorsque les partis d’opposition, par  naïveté ou par pur égoïsme, décident d’aller en élection en rangs dispersés, ils savent d’emblée ce qui les attend à la fin du processus : la défaite assurée.  Ce qui est incompréhensible, c’est que devant cet échec prévisible, ils poussent leurs partisans dans la rue pour manifester.  Les résultats de ces manifestations sont les mêmes, que ce soit au Togo, au Gabon, au Cameroun  où ailleurs sur le Continent : violence des forces de l’ordre sur  les populations : mort d’Homme, emprisonnement, destruction des biens, recul de la démocratie, consolidation du pouvoir en place.  Celui-ci peut être secoué, mais tel le roseau, il plie, mais ne se casse pas.  L’exemple de Madagascar est une exception.  Et au finish, tous les analystes sérieux vont vous dire qu’après chaque secousse démocratique dans un pays africain, si le peuple n’est pas assez vaillant pour se mettre debout et exiger des transformations réelles, le pays perd un tout petit peu de sa souveraineté.   Le pouvoir en place fait des concessions aux forces extérieures qui le maintiennent en place.  Tous les Camerounais savent que le Président Ahidjo avait plus de marge de manœuvre en 1980 qu’en 1970, lorsqu’il avait encore besoin des forces françaises pour asseoir son régime.  Le Président Biya devait certainement avoir plus de marge de manœuvre en 1984 qu’après 1992, après la demi-victoire de l’Opposition.  Il est donc important que les hommes politiques puissent comprendre la valeur réelle et symbolique des actes qu’ils posent et leurs effets sur l’ensemble de la Nation.   

Quelle  leçon pouvons-nous en tirer pour l’évolution politique au Cameroun?

Les hommes politiques de notre pays doivent comprendre, à la lumière de ces deux cas, en l’occurrence le cas du Gabon hier et celui du Togo aujourd’hui, que la seule chance qu’ils ont d’arriver au pouvoir c’est d’aller aux élections en rangs serrés.  Pour le faire, ils doivent élaborer une plateforme commune autour d’un certain nombre de points (entre cinq et dix points par exemple). S’ils ne sont pas capables de taire leur ego et de choisir parmi eux un candidat ou une candidate qui portera haut le flambeau du changement, ils ne méritent pas la confiance du peuple, et encore moins son martyre.    Aux compatriotes Camerounais, surtout aux jeunes compatriotes qui attendent depuis longtemps le changement promis par le Renouveau, je dis ceci : si l’Opposition ne présente pas une plateforme qui apporte des solutions réelles aux problèmes qui vous touchent directement, en l’occurrence, le chômage, une formation axée sur l’emploi, le regain de l’espoir en l’avenir,  rejetez –la.  Organisez-vous autrement (associations professionnelles, en groupes d’intérêt, etc.), en groupes de pression pour peser de tout votre poids sur la marche du pays. 

Que pensez-vous des attaques contre le Président Biya : la plainte du CCD, la pétition de Bedzigui?


Je dois vous avouer qu’avant les réactions des responsables du RDPC, ces attaques semblaient à mon avis très anonymes, voire insignifiantes, pas nécessairement à cause du contenu, mais surtout parce ce que ce contenu était connu de tous.  Le CCD n’apportait rien de nouveau dans ce qui avait circulé dans les média depuis 1983.  En d’autres termes, le RDPC a fait une excellente publicité à la plainte du CCD.  Quant à l’issue de cette plainte, le rejet par le tribunal de Paris, à mon avis, ne fait que repousser le problème.  Sans être spécialiste du droit, je pense que la meilleure façon de se débarrasser une fois pour toute  de ce problème aurait été d’écouter les parties et de trancher. Le principe de la chose jugée aurait alors eu droit de cité ici.
Quant à la pétition présentée aux Nations Unies par Célestin Bedzigui et deux autres compatriotes, je dirai simplement qu’il s’agit là encore une fois d’une conséquence du style de gestion de chez nous : une gestion inepte, réactive et non proactive des événements.  Ceux de février 2008 auraient dû être prioritaires dans  l’agenda gouvernemental.  En six mois au plus, un rapport détaillé aurait dû être déposé sur le bureau du Président.  Et les sanctions auraient dû tomber avant le premier anniversaire de ces événements.  Le sentiment qui  nous habite depuis  ces tristes événements est que rien n’a été fait pour identifier les responsabilités dans les tueries. L’impunité continue de régner.  Certains compatriotes pensent qu’il faut faire bouger les choses. Ils prennent donc la décision de saisir les Nations Unies.  Et en réaction, le RDPC réagit, d’abord par son secrétaire général, ensuite par certains cadres qui pensent avoir quelque chose à dire.  Ce que nous retenons de ces différentes interventions, c’est qu’au lieu de détruire point pas point les affirmations et constats de M. Bedzigui, ils s’attaquent à sa personne.  Ils lui font ainsi une publicité dont lui-même n’aurait jamais rêvé.  Pour nous qui observons de  l’extérieur, nous nous demandons qui est le dindon de la farce ici? En lisant certaines interventions, on se demande si les auteurs sont vraiment informés sur le sujet.  Tant que des arguments solides ne seront pas opposés à ceux de M. Bedzigui et d’autres, qui voudraient connaître la vérité sur les différents événements sanglants du pays, les auteurs des interventions continueront par leur maladresse à fabriquer des héros et des martyrs.

 

Quel rôle pensez-vous que la Diaspora devra jouer dans le processus de consolidation de la démocratie et de l’État de droit au Cameroun?

Vous savez, lors de la préparation de la première visite du Président Biya au Canada en 1986, nous avions déjà  amorcé une réflexion sur l’apport de ceux que l’on appelait alors Camerounais de l’étranger sur le développement du Cameroun.  Il s’agissait en effet de voir dans quelle mesure les Camerounais de l’extérieur pouvaient aider à établir des liens de partenariat économique entre les hommes d’affaires d’ici et ceux du Cameroun.  Une autre idée qui dominait les discussions à l’époque était celle d’inciter les Pouvoirs publics au Cameroun à mettre sur pied une Cité de savants (sur le modèle soviétique) où l’État réunirait les génies dont regorgeait notre pays, leur donnerait un mandat, celui de mettre à profit leur génie au service de la Nation, et en retour, l’État les mettrait à l’abri de tout besoin matériel.  Nous pensions alors à des gens comme les Pr Thomas Méloné, Bernard Fonlon, Tchuinjang Pouémi, Mpandjo, Tanyeh.  Nos propositions  n’ont jamais eu d’écho et plusieurs de ces éminents Camerounais ont déjà rejoint l’Éternel. Imaginez où serait le Cameroun aujourd’hui si, ces simples idées mises de l’avant par les étudiants que nous étions, avaient rencontré une oreille attentive de la part des Autorités de notre pays. Un pays qui n’écoute pas sa jeunesse fonce droit à l’abîme.  Nous avons la preuve aujourd’hui.  Je suis quand même content que depuis un certain temps, le Pouvoir à Yaoundé ait compris que la Diaspora peut être un vecteur de développement aussi bien économique que politique.  Des foires sont de temps en temps organisées pour permettre aux acteurs économiques des deux bords de se connaître.  Il est aussi intéressant de noter que depuis la visite du Président à Paris en juillet 2009, visite au cours de laquelle il a pris l’engagement de se pencher sur un certain nombre de problèmes propres à la Diaspora, notamment le vote et la double nationalité, des tentatives de  charme de la part du pouvoir sont de plus en plus fréquentes.  La communication récente du ministre Eyébé Ayissi en est une illustration.  Il faut cependant noter que les partis d’opposition avaient déjà compris la nécessité de conquérir la Diaspora pour s’assurer une visibilité sur le plan international.  J’aimerai par ailleurs revenir sur la notion même de la Diaspora.  Sans rentrer dans une étude typologique extensive, il est peut-être important d’apporter la précision suivante : la Diaspora camerounaise, tout comme le pays,  se décline au pluriel. Elle compte en son sein une élite intellectuelle (composée de professeurs, de chercheurs, de professionnels en fonction), des hommes et femmes d’affaires, des étudiants, des travailleurs, des sans-papiers.
Il est donc important qu’en ce moment où à Yaoundé les Pouvoirs publics se penchent sur une politique de la Diaspora, ils tiennent bien compte de la réalité de celle-ci dans son intégralité.  Continuer à réduire la Diaspora à un seul ou deux de ses segments (notamment celui des étudiants, des opposants ou et des agents des organisations internationales) comme cela a été le cas pendant plusieurs années serait une grave erreur. 
Pour revenir à la question, je dirai que la Diaspora peut beaucoup apporter au Cameroun.  Sur le plan de la démocratisation du pays, elle doit continuer à jouer le rôle de critique des politiques gouvernementales en faisant des propositions réalistes dans la gestion de l’État. Ce que certains d’entre nous font depuis plus d’une vingtaine d’années déjà, même si des propositions faites sont souvent ignorées. Elle doit également continuer à sensibiliser le peuple sur ses droits, la protection que lui offrent les institutions internationales lorsque ces droits sont bafoués. Elle doit également interpeller les  Autorités lorsqu’il y a des cas d’abus de pouvoir sur les populations.  Pour jouer à fond son rôle de garde-fou de la démocratie dans une société où les séquelles du Parti uniques restent encore très vivaces, la Diaspora doit recouvrer son droit de vote.  Dans sa communication, le ministre Eyébé avançait le chiffre de quatre millions pour la Diaspora Camerounaise, tout en reconnaissant que celui-ci est en deçà du chiffre réel; ce avec quoi nous sommes d’accord, étant donné que nombres de nos compatriotes ne fréquentent pas les missions diplomatiques camerounaises dans leur pays  de résidence. Par ailleurs, le chiffre de 300 millions de dollars de transfert des États-Unis vers le Cameroun en 2007 ont été avancés il y a quelques temps par des organisations crédibles. J’aimerai bien avoir les chiffres du Canada et ceux de l’Union Européenne.  Vous voyez donc que sur le plan économique et  politique, la Diaspora est un géant, mais un géant endormi.  Son réveil fera certainement des vagues.  Pour me résumer, je dirai que la Diaspora doit passer du stade de laboratoire d’idées à celui de la formulation des politiques, et d’aide à la mise en œuvre de celles-ci.

Que pensez-vous de l’organisation du cinquantenaire des indépendances des pays africains francophones?

Il est tout à fait logique qu’après cinquante ans, les pays africains francophones puissent prendre une pause et  évaluer  le chemin parcouru depuis les indépendances.  Pour ma part, il ne s’agit pas pour chaque pays d’organiser des festivités comme  un individu qui va dans son village organiser faire la fête (comme on dit chez nous) après une nomination à une charge publique, pour remercier  le président de la République, lui exprimer la gratitude du clan et louanger sa grande vision, etc.  Il s’agit ici d’une pause salutaire qui permettra à chaque pays d’évaluer sans complaisance les cinquante premières années sur tous les plans.  Au Cameroun par exemple,  nous nous attendons à ce que soit dressé un bilan des cinquante dernières années sur le plan politique, économique et social.  Sur le plan politique, nous voudrons avoir un tableau sur l’évolution de l’État et  les répercussions de cette évolution sur la vie des institutions nationales et plus particulièrement sur la vie des Camerounais ordinaires, car n’oublions pas que les institutions ne sont pas une fin en soi, elles  ne sont que des instruments au service des populations.  Nous voudrons voir  se décliner ici également les  relations qu’entretient  notre pays avec les autres pays  du monde sans exclusive.   Au niveau économique,  Il est important de passer en revue tous les traités et conventions et  de faire une analyse coût-bénéfice de  tous afin de voir si les intérêts du  Cameroun sont bien sauvegardés.  Les secteurs agricole, industriel et commercial doivent également présenter un bilan.  Sur le plan social, la santé et l’éducation, domaines prioritaires, doivent être scrutés à la loupe.  Les gens veulent savoir pourquoi SANTÉ POUR TOUS À L’AN 2000 est resté un simple slogan qui a d’ailleurs disparu même de la conscience collective des Camerounais.  Les Camerounais veulent savoir pourquoi leur système d’enseignement qui était l’un des meilleurs en Afrique dans les années 70, à peine dix ans après l’indépendance, est aujourd’hui à la queue du peloton, si l’on en croit par le sort réservé aux diplômes camerounais à travers le monde.   Vous voyez donc qu’avec tous les sujets qui devront être à notre avis abordés, il faudra du temps pour organiser le cinquantenaire de l’indépendance.  C’est d’ailleurs pourquoi,  je pense que les gens qui prônent que le Cinquantenaire s’étale sur une année pour  se terminer en apothéose le 1er octobre 2011 ont peut-être raison.   Si l’on veut faire de ce cinquantenaire le premier pas vers un nouveau départ,  un bilan exhaustif  des cinquante premières années est indispensable.



Quel message voudrez-vous passer aux compatriotes qui sont nombreux à lire Icicemac.        

Je voudrais dire à nos compatriotes Africains en général et Camerounais en particuliers d’avoir foi en eux-mêmes, en leur capacité intrinsèque de se transformer et de transformer leurs sociétés.  Pour ce faire, ils doivent avoir une foi inébranlable en eux-mêmes, en leur  continent, en leurs pays. Ils doivent s’impliquer, ne pas avoir peur d’exprimer leurs idées.  L’Afrique a besoin de tous ces fils et filles.  L’Afrique est le continent le plus riche au monde; riche en ressources naturelles, riche en ressources humaines.  Le seul véritable problème de l’Afrique aujourd’hui, c’est la gestion de ses ressources.  Puisse la réflexion pendant le cinquantenaire des indépendances apporter des pistes de solution véritable à ce problème. Je lance ici un appel solennel à la Diaspora africaine en général et camerounaise en particulier.  Aidez l’Afrique à mieux gérer ses richesses.  N’oubliez jamais que vous êtes le fer de lance de la transformation dont a besoin notre Continent pour prendre la place qui est sienne dans le monde. C’est peut-être cela votre plus grande contribution dans l’avènement de la civilisation de l’Universel.

Vous avez déjà parlé dans d’autres circonstances de l’Opération Épervier. Votre pensée a-t-elle évolué?

Malheureusement pas beaucoup! Je continue à croire que la mesure la moins éprouvante pour l'État est une espèce d’amnistie générale pour ceux qui ont spolié l’État et ont placé leurs butins à l’étranger, s’ils font revenir ces fonds et les investissent au pays pour créer des emplois pour les jeunes Camerounais, premiers victimes des actes antipatriotiques de ces compatriotes véreux. Si l’objectif de l’Opération est louable en soi, les actions sur le terrain soulèvent beaucoup de critiques. Certains compatriotes n’hésitent pas à voir en elle une arme politique pour éliminer les adversaires, réels ou potentiels, dans la course au pouvoir.  Cette perception réduit déjà de moitié au moins, à notre avis, l’efficace de l’Opération. Les dépenses encourues jusqu’à présent pour le recouvrement est une autre tâche noire.  On parle de neuf milliards de FCFA déjà engagés contre 1, 2 milliards de récupéré jusqu'à présent. Ce qui représente un ratio  SR/CR (somme recouvrée sur coût de recouvrement) de 7,5.  Ce qui signifie que pour un franc récupéré, on en a dépensé 7,5 F. Ce ratio est trop élevé et doit être rapidement corrigé. À mon avis, seule une peine exemplaire, dissuasive aux coupables et pédagogique à toute la société peut justifier un tel sacrifice.  Tel ne semble pas être le cas puisqu'une partie de l'opinion publique semble aujourd'hui acquise à la thèse que l'Opération Épervier est une opération politique visant à neutraliser les adversaires potentiels aux prochaines échéances électorales. Le cas de certains DG éperviables qui circulent en toute liberté, l'abus des procédures assimilé à des dilatoires, les dossiers qui semblent moins étoffés, etc., sont cités comme illustration.


Pour redonner un nouveau souffle à cette Opération qui est somme toute, salutaire pour le pays,  il faut très rapidement la recadrer au sein du ministère chargé de l’Inspection générale de l’État afin de permettre  au ministère de la Justice de jouer son rôle d'arbitre. L'Inspection générale devra être restructurée en vue de la création de trois grandes directions générales sous la responsabilité des ministres ou ministres délégués : il s’agit de la Direction générale du contrôle des dépenses gouvernementales, une espèce de Secrétariat du Conseil du Trésor), la Direction générale des inspections, la Direction générale des enquêtes sur les crimes économiques.  Chaque ministre responsable de l’une de ces Directions générales devra avoir le pouvoir de saisir directement la Justice lorsqu’un dossier nécessite une information.  Cette réorganisation aiderait le citoyen moyen à mieux comprendre le rôle des uns et des autres et à mieux situer les actions du ministère de la Justice qui semble aujourd’hui mal compris, surtout lorsque celui-ci, pour des faits semblables  propose des solutions opposées, notamment le cas de certains DG éperviables qui circulent en toute liberté alors que d'autres ont déjà aménagé leurs quartiers à Kondengui.


 N’est -ce pas là pourquoi on peut dire de cette opération qu’elle est à tête chercheuse?  Quelle est d’abord une opération de purge politique?  Quelle crédibilité alors? 

 

Si la perception de purge politique persiste, l'Opération Épervier perdra toute crédibilité, et ses victimes aujourd'hui seront des martyrs, des héros de demain.  C'est la leçon que nous enseigne l'Histoire. Si des gens ont détourné les deniers publics, l'État doit prendre une des deux actions suivantes : soit leur accorder une amnistie générale, soit les poursuivre en justice. Mais, lorsque l 'État décide de les poursuivre, il doit le faire dans la transparence, l'équité et le respect des lois.  Pour une même infraction par exemple, on ne doit pas avoir des traitements différenciés.  C'est  ce que l'on appelle une justice à tête chercheuse.  Elle ne peut que miner la crédibilité de l'Opération et agrandir le fossé entre les gouvernants et les populations. L'État doit reprendre les choses en mains pour que les intérêts particuliers ne fassent pas déraper une opération qui reste à mon avis, du moins dans sa conception, sa deuxième grande réalisation, après la reconquête pacifique de Bakassi.  C'est quand tout semble perdu que les Camerounais se mettent debout et redécouvrent le «Lion Spirit» qui dort en chacun de nous.

 

Que répondez-vous aux compatriotes qui pensent que la Diaspora parle beaucoup et agit peu.  Que les véritables batailles se trouvent sur le terrain au Cameroun?   

Ils ont peut-être raison, mais en partie seulement.  Sur le plan plus personnel, je ne me considère pas comme un combattant.  Je suis plutôt un ouvrier de la connaissance.  Certaines personnes ici, gagnent leur vie, vous le savez très bien, en faisant ce que nous faisons. Notre action qui se veut essentiellement bénévole constitue à notre avis notre contribution à la construction d’une société plus juste et plus humaine au Cameroun.

 

Entretien mené par M. Mba Talla



30/03/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres