Pr Joseph OWONA: "Le Cameroun a intérêt à se reconcilier avec sa diaspora"

Pr Joseph OWONA: "Le Cameroun a intérêt à se réconcilier avec sa diaspora"
DOUALA - 17 MAI 2010
© THIERRY NYOPE | Dikalo
 
L'agrégé parle du rôle de la diaspora dans le développement du Cameroun. Il s'exprimait ainsi au sortir d'une conférence organisée à l'université de Douala...

Dikalo: Qu'est-ce qui a motivé le choix de ce thème: «Diaspora et développement» ?

Pr Joseph Owona: Je l'ai choisi au hasard, j'aurai bien voulu parler du droit constitutionnel nouveau. Je crois que j'en aurai l'occasion. Et c'est quand même un problème d'actualité. On a l'impression que le Cameroun a mal à sa diaspora et que la diaspora a mal à son pays. Donc, il faut un peu clarifier les enjeux, permettre de connaître mieux la diaspora, permettre également d'explorer les solutions qui peuvent permettre à la diaspora de contribuer paisiblement et durablement au développement du Cameroun.


D.: Est-ce que cette conférence entre dans le cadre d'une volonté du Président de la République de faire intégrer sa diaspora ?

Pr J.O.: Je crois que je suis le président de la République de loin et il est possible que nous ayons les mêmes vues. Je suis de son parti. Mais je pense que le Cameroun a intérêt à se réconcilier avec sa diaspora ?


D.: Qu'est-ce qui vous a poussé à dire que le Cameroun a mal à sa diaspora ?

Pr J.0.: Vous avez vu la composition de la diaspora ? Ce n'est pas une, mais des diasporas. Il y a certainement une qui a des problèmes puisqu'elle a pour programme de détruire le système camerounais. Elle le dit elle-même. Je crois que ça ne peut pas être le bon programme. Qu'elle peut avoir un programme beaucoup plus constructif, beaucoup plus positif. Je dirai même qu'il aurait beaucoup plus d'incidence sur l'avenir du Cameroun.


D.: Cette diaspora, vous l'aviez appelé la diaspora des petits fils d'Um Nyobe. Mais on a comme l'impression que son poids n'est pas à négliger...

Pr J.O: Allez savoir si elle pèse. Mais elle a quand même des gens. Ce sont eux qui s'organisent, qui s'agitent sur Internet. Nous sommes dans un monde organisé. C'est elle qu'on suit. C'est elle qui dit qu'il y a quelque chose au Cameroun. C'est elle qui fait des pétitions. C'est elle qui fait un certain nombre de choses.


D.: Fait-elle peur ?

Pr J.0 : Pourquoi ça ne fera pas peur ? Ce n'est pas un problème de peur. Je dis qu'on est dans un monde qui est en fait tout petit. Je crois que le Cameroun fait partie des pays qui vont avoir bientôt 3 millions de personnes à l'étranger et ces 3 millions de personnes comme je l'ai dit, sont diverses. Il y a de la diversité, mais il y a aussi de la qualité. Il faut profiter de cette qualité pour qu'elle contribue positivement à l'avenir du Cameroun.


D. : Qu'est-ce qui caractérise cette qualité ?

Pr J.O : Il y a des gens qui ont fait de très bonnes études et qui ont un savoir-faire, qui ont un savoir-être qu'ils doivent transmettre au Cameroun. Et ce serait mauvais que ce savoir se perde. Par exemple, en termes de flux financiers, l'argent qui vient de la diaspora est très important, il faut simplement sécuriser ces envois et qu'ils servent au développement du Cameroun. Le cas des médecins est l'un des plus palpables. Dans des pays tels que la Chine, les ressortissants de la diaspora reviennent parfois dans leur pays pour dispenser des cours de haute physique, de bonne gestion, et vous voyez aujourd'hui l'économie chinoise.


D.: Quelles sont les conditions d'un retour d'une partie au moins de cette diaspora ?

Pr J.O : D'abord, il faudrait que les Camerounais veuillent les accueillir et il faudrait qu'eux-mêmes veuillent retourner. Parce que pour la plupart, ils occupent d'importants postes à l'étranger. Je ne crois pas que ce soit leur volonté de rentrer. Ils préfèrent rester là-bas et contribuer à l'effort de guerre pour ceux qui sont restés.

Il faut aller au-delà de la double nationalité. Je crois qu'ils sont près de 3 millions, donc c'est une communauté qui doit avoir une voie. Et le président de la République est très impliqué dans ce sens. Je crois qu'une fois en Europe, il a pris langue avec la diaspora. Les choses peuvent évoluer sur ces instructions. Au niveau de la Constitution, il faut commencer à proclamer qu'ils font partie de la nation camerounaise, ensuite, aménager leur représentation au Sénat, à l'Assemblée nationale et dans les conseils régionaux ; aménager aussi au niveau du ministère des Relations extérieures des structures de dialogue qui peuvent suivre leurs problèmes.



19/05/2010
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