Pouvoir en Afrique: Comment les membres des familles présidentielles s'entre-déchirent…

Yaoundé, 28 Février 2013
© Carine Amougou, Angélique Edoa, Joséphin | La Météo

Le pouvoir en Afrique est-il une affaire politique ou de clan au pouvoir?

L'interrogation ne manque pas de pertinence. Au fil du temps, les observateurs de la scène politique africaine ont le sentiment que les Présidents africains semblent se passer le mot, à l'exemple du Togo ou du Congo, où les fils de Présidents sont actuellement au pouvoir. Dans ces pays, les fils ont remplacé les pères, ceci dans le but de préserver les acquis. Un tour d'horizon permet de constater qu'au Sénégal ou au Niger, les fils de Chefs d'Etat ont failli confirmer la donne. Présenté à l'Elysée, Karim Wade s'était défini comme l'héritier du «Gorgui». Sur le podium, le jeune financier formé en Angleterre, a raté les municipales, mais ne souhaitait pas tout abandonné. Au Niger, le Président Mamadou Tandja avait justement modifié la constitution pour passer la manne à son fils Ousmane dit «Gober», le chouchou des Chinois. Plus stratège, le défunt doyen Omar Bongo Ondimba a discrètement encouragé son fils Ali Bongo à aller se présenter à l'Elysée, et en juin 2008, il aurait parlé à son «fiston» sous la tente à Tripoli, au Colonel Kadhafi qui préparait lui-même Seif EI-Islam à la succession.


A Brazzaville au Congo.

Les mauvaises langues parlent du fils du Président, Denis Christel dit «Kiki» qui serait en embuscade. Il serait soutenu par sa grande sœur Claudia, conseillère très écoutée du Président de la République Sassou Nguesso. Moins heureux, Gamal Moubarak de l'Egypte qui était dans l'ombre de son père. Déjà à la tête d'une commission politique du parti de la majorité, il avait pourtant réussi à placer bon nombre de ses hommes à la tête du Ministère de la souveraineté dans le nouveau gouvernement.


Au Tchad.

L'héritier Brahim Deby assassiné à Paris dans des conditions troubles se comportait en futur Président; Celui-ci laisse aujourd'hui les cousins profiter des largesses du pouvoir. La preuve? Ils sont parachutés à la Direction des grandes institutions sinon sociétés juteuses. C'est dire si à défaut de présenter une attitude suicidaire pour se maintenir au pouvoir, malgré les pressions des institutions internationales, l'alternance démocratique ne se passe plus loin des familles présidentielles. Reste que l'ambiance ici n'est pas toujours bon enfant, au lendemain du décès du père Président. Tenez! La guerre de succession commence au Togo le 5 février 2005, jour du décès de Gnassingbé Eyadema. Au nez et à la barbe d'une volonté de changement pourtant forte au Togo, dans la répression, la violence et la fraude, son fils, Faure Eyadéma lui succède. Mis en selle par le Rassemblement du peuple togolais (Rpt), et adoubé par le système néocolonial avec la bénédiction de la France qui avait tout intérêt à protéger ses arrières et ses intérêts, le nouveau Président togolais a à faire avec son frère Kpatcha. Pour se débarrasser de lui, il l'accuse de tentative d'atteinte à la Sûreté de l'Etat.


Au Gabon.

Quelques années plus tard, la famille Bongo vit le même scénario. A peine Omar Bongo en terre, les ambitions vont se libérer brutalement au grand jour, le Président disparu ayant toujours refusé de désigner un favori. Les prétendants y sont nombreux, à commencer par Ali Bongo, le fils aîné. Ministre de la Défense, il semble qu'il avait tenté en vain de se faire adouber du vivant de son père. Mais lors des cérémonies, il s'était placé en chef de la famille, semblant mettre en sourdine les querelles avec sa sœur Pascaline. La suite, on la connait.


En Rdc.

Aujourd'hui, on parle de complot contre Joseph Kabila. Le cerveau de ce pseudo-complot n'est autre qu'Etienne Kabila Taratibu. Ce dernier revendique toujours le statut de fils aîné de Laurent Désiré Kabila, l'ancien Président et défunt père de l'actuel Chef de l'Etat. Parti en 2002 en exil en Afrique du Sud, sous prétexte de participer au dialogue inter congolais, Etienne Kabila s'est souvent illustré par des attaques incendiaires contre son présumé demi-frère. Se présentant comme l’aîné biologique de Laurent-Désiré Kabila, Étienne accuse l'actuel Chef d'Etat d'imposture l'appelant Hippolyte Kabangé, nom sous lequel Joseph Kabila aurait été scolarisé à Dar-es-Salam en Tanzanie. Il n'a cessé de revendiquer l'héritage du père, et a toujours affirmé craindre également pour sa vie. Allusion faite à la disparition d'une sœur, Aimée Kabila qui revendiquait elle aussi sa part de l'héritage. Cette femme a été assassinée chez elle à Kinshasa dans la nuit du 15 au 16 janvier 2008 par des hommes armés. Une autre sœur, Hortense Kabila, a subi le même sort, abattue dans sa résidence de Lubumbashi par sa garde rapprochée. Enfin, Oscar a été empoisonné en décembre 2011. Aujourd'hui aux arrêts, par la police sud-africaine en compagnie de 19 autres personnes, Etienne Kabila est accusé d'avoir voulu renverser son frère Joseph Kabila.


L'influence des loges

Il se dit que Faure Eyadéma, juste après sa prise du pouvoir en 2005, était parti avec sa mère se laver chez le Pape au Vatican. Toujours en 2005, son Ministre Foli-Bazy Katari susurrait à son mentor qu'il faut que le Coran vienne à la rescousse contre les nuits blanches qui hantaient le premier Préfet de la République. On a alors ameuté les Imams et des prières lues des nuits entières pour que les ennemis de Faure soient anéantis à jamais. Les mauvaises langues soutiennent que son père adoptif Omar Bongo du Gabon lui a intimé l'ordre de se faire initier par une loge maçonnique condition sine qua non pour la pérennité de son pouvoir. Semble-t-il Faure accepta. Il se murmure également que la mère de Faure fervente catholique s'est reconvertie dans le Vaudou…. On ne sait jamais, avec les ennemis qui se recrutent parmi ses frères biologiques issus d'autres mamans. Au Gabon, le réseau maçonnique est un allié de poids pour le nouveau régime. C'est d'ailleurs le grand maître de la Grande loge nationale française (Glnf) qui a installé Ali Bongo à la tête de la franc-maçonnerie au Gabon. Un poste qu'occupait son père Omar Bongo. Au Gabon, la franc-maçonnerie compte un millier de membres influents dans la vie politique.

Comme son père, Ali Bongo va pouvoir mobiliser les réseaux maçonniques pour asseoir sa légitimité au Gabon et dans le monde. A peine nommé, il a ouvert à Libreville, la conférence mondiale de la Franc-maçonnerie régulière. Son père, Omar Bongo, avait âprement négocié l'organisation de ce forum maçonnique, et se serait fortement réjouit comme à son habitude, d'accueillir ses «frères» venus du monde entier. Son fils qui a hérité de son pouvoir à la tête du pays le fit. Et sur le trône du Chef de la franc-maçonnerie gabonaise qu'il a laissé vacant.




02/03/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres