Pourquoi Paul Biya n’est pas encore reçu à l’Elysée

Pourquoi Paul Biya n’est pas encore reçu à l’Elysée

Evarist Mohbeu:Camer.beSous les yeux de Paul Biya, les chefs d’Etat et de gouvernement africains défilent depuis quelques jours à l’Elysée pour rencontrer François Hollande, le nouveau Président français. Le 24 mai dernier, dix jours après sa prise de fonction, le numéro 1 français a reçu Sa Majesté Mohamed VI, roi du Maroc. Au cours de cette visite, le chef de l’Etat français « a salué le processus de réforme démocratique, économique et social en cours dans le royaume ».

Il a exprimé la volonté de la France à accompagner le Maroc dans « la voie qu’il a choisie de la modernisation économique et d’approfondissement de l’Etat de droit ».

Le 29 mai 2012, c’était autour de Thomas Yahi Boni, Chef de l’Etat béninois, président en exercice de l’Union africaine (Ua) d’être reçu à l’Elysée.

François Hollande a déroulé les principaux axes de la politique africaine de la France qui tournent autour des principes de la bonne gouvernance, de la croissance et du développement économique ainsi que de la stabilité et la sécurité.

Le lundi 11 juin Mahamadou Issoufou, le chef de l’Etat nigérien a été reçu, à Paris.

Avec lui, le président français a évoqué la menace terroriste au nord du Mali, avec en toile de fond, les dispositions à prendre pour conjurer cette situation. «Il y a une menace d'installation de groupes terroristes au Nord-Mali.

Le lundi 02 juillet dernier le président guinéen Alpha Condé a été reçu à l'Elysée.

Le jeudi 05 juillet, c'était au tour d’Ali Bongo d’être reçu.

Après le Gabonais Ali Bongo, le président Macky Sall du Sénégal a été reçu le 06 juillet 2012 par son homologue français à l’Elysée.

Selon le Figaro, il y a eu deux conversations téléphoniques entre François Hollande et le Tchadien Idriss Déby sans oublier le Burkinabé Blaise Compaoré.

Chose étrange, jusque là, Paul Biya  a été royalement ignoré. Les portes de la présidence française seraient-elles aujourd’hui fermées au chef de l’Etat camerounais ?


La logique aurait voulu qu’il soit le premier interlocuteur de François Hollande car, étant à ce jour le plus âgé des chefs d'Etats  de la Françafrique ... sans oublier ses 30 ans de pouvoir.

Cette attitude de François Hollande à l’égard de M. Paul Biya est le signe que les choses ont changé dans les relations entre les chefs des Etats français et camerounais.

Le Cameroun demeure tout de même la vitrine du pré carré français dans la sous région de l'Afrique centrale. C’est pourquoi l’on ne comprend pas l’isolement de Yaoundé par les nouvelles autorités françaises. Au point que l’homme fort de l’Elysée ne semble pas prêt à recevoir son homologue camerounais pour évoquer les questions d'’actualité

La diaspora camerounaise ayant affaibli le pouvoir de Yaoundé ... l'Elysée bien renseigné

A l’occasion de visites du président camerounais en Europe, plusieurs Camerounais l’ont toujours accueilli avec des messages qui contestent son pouvoir. Elles ont principalement été organisées par le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des camerounais de la diaspora (Code) de Brice Nitcheu, dont les adhérents se déplacent à travers l’Europe, au gré des déplacements de Paul Biya, pour crier leur message. Même si ces rassemblements n’ont pas toujours réuni une grande foule, il est bien clair que l’activité de ce groupe de citoyens camerounais dérange le pouvoir de Yaoundé.

C’est aussi de la diaspora que sont venues les plaintes déposées contre Paul Biya pour des biens mal acquis. Le 2 février 2010, une plainte était déposée à Paris par le Conseil des Camerounais de la diaspora (Ccd) contre le président de la République du Cameroun, Paul Biya. Une plainte pour recel de détournement de deniers publics, qui a par la suite été déclarée non recevable par le tribunal de grande instance de Paris.

Quelques jours plus tard, le 24 février, Célestin Bedzigui et d’autres Camerounais vivant aux Etats-Unis ont déposé une pétition au siège des Nations unies à New York pour demander l’ouverture d’une enquête sur les massacres des populations civiles lors des émeutes de février 2008 au Cameroun.

L'on a assisté l'année dernière à des séries de manifestations des camerounais devant les locaux abritant les services de l'ambassade de France à Bruxelles.Tous demandent à la France de ne plus accorder son soutien à Paul Biya

Rien n’a bougé depuis lors au Cameroun et, à voir les appels diffusés par des leaders de cette diaspora camerounaise et forwadés à l'Elysée , pour beaucoup, l’espoir réside dans un départ de Paul Biya et sa présence à l'Elysée constituerait un coup dur à la démocratie car, l'histoire retiendra que François Hollande a reçu dans son palais un dictateur africain. C'est sans doute les raisons pour lesquels Biya n'a pas encore été reçu à l'Elysée malgré ses appels de pied sans succès.

© Correspondance : Evarist Mohbeu


08/07/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres