POURQUOI EDGAR-ALAIN MEBE NGO’O MERITE LA PRISON


;Pour comprendre l’affaire Enoh Meyomesse, il faut toujours se rappeler que l’armée camerounaise a deux romanciers : le premier écrit des romans avec du papier ; le second écrit des romans dans son cranium. Le premier est un militaire émérite ; le second est un ministre éperviable à tout moment. Le premier c’est Camille Nkoa Atenga ; le second c’est Edgar-Alain Mebe Ngo’o.

Le premier, plutôt humble dans son talent, a commis quelques romans exécrables que personne n’aurait jamais lu si les petites ambitions ne les avaient imposés aux enfants anglophonesavec ceux de Jacques Fame Ndongo – pour soi-disant leur enseigner le français. Le second, ci-devant ministre de la défense de Satan, rêve de coups tordus quand d’autres à sa position rêvent de coups d’Etat, et veut faire de l’écrivain Enoh Meyomesse le personnage principal de ses inepties, en lui prêtant kalachnikov et braquage.

 

   C’est que le problème d’Enoh Meyomesse, c’est Mebe Ngo’o. Eh bien, parlons de lui, de Mebe Ngo’o. La première caracteritique de l’homme est qu’il aime les vestes italiennes. Et ce ne sont donc pas seulement ses lunettes dorées qui nous montrent son style cher. La liste bien trop longue des biens de ce haut fonctionnaire qu’avait établie il y a quelques mois le journaliste Jules Koum Koum lui aurait directement ouvert les portes de Nkondengui s’il n’y avait eu cette élection du 9 octobre 2011 durant laquelle le tyran – son patron et commanditaire donc – ne voulait surtout aucune surprise. La fortune d’un camion fou qui écrasa Koum Koum, et la diligence du ministre de la communication Issa Tchiroma qui clôtura les bouches de la famille du décédé à coup de millions de francs, a enlevé à Mebe Ngo’o la certitude d’une enquête de la CONAC.

 

Et rien n’est d’ailleurs sûr que ce ne soit lui qui ait dérouté ce camion venu trop à point pour le sauver. Il y en a qui disent que c’était lui le camionneur ; je ne suis pas de ceux-là. D’ailleurs c’est toute une autre histoire, et ce qui me concerne, c’est ce qui fait qu’il ait décidé de transformer Enoh Meyomesse en son prisonnier personnel. Un fait est sûr : Mebe Ngo’o veut se racheter de ses fautes auprès du tyran, en lui montrant qu’il peut aussi bien faire : en finir avec un des boulou les plus opposants qu’il y ait au Cameroun, bref, écraser cette grosse chique dans le pied de Mbiya.

 

   C’est qu’il est évident en effet que le tribunal militaire qui va juger l’écrivain arrêté ce 29 novembre et accusé de s’être associé avec des malfaiteurs qui sont des soldats, nous dit-on, est sous le pouvoir direct du ministre de la défense – de Mebe Ngo’o, donc. Or voilà : aussi étonnant que cela puisse paraître, en coffrant Enoh Meyomesse, c’est Mebe Ngo’o plutôt qui veut se sauver de Nkondengui. Et comment donc ! Soupçonné d’être présidentiable avant octobre 2011, et confirmé éperviable par Koum Koum en même temps, il a de toute évidence commis auprès de Mbiya les deux crimes crapuleux qui ont fait des ministres plus puissants que lui aller à ngata : le vol d’abord, et demandez à Abah Abah ce qu’il en est ; ensuite l’ambition présidentielle, ici demandez plutôt à Titus Edzoa ce qu’il en est.

 

Le périmètre camerounais a sans doute été surpris que Mebe Ngo’o soit resté au gouvernement cette fois. En réalité qu’il soit encore ministre était la seule surprise du remaniement. Nous savons tous que ce n’est que partie remise, Mbiya ne s’étant jamais pressé en la matière. Et kounya kounya, kounya, Mebe Ngo’o de fuir devant les traces de plus en plus évidentes de sa déchéance ; kounya, kounya, kounya, Mebe Ngo’o de vouloir échapper à son incarcération.

   

L’armée camerounaise n’est pas faite pour être criminelle. Or si ce n’est pas Mebe Ngo’o qui selon Cameroon Actuen mai 2009 aura fait licencier 102 gendarmes après formation, c’est lui qui en 2010 aura radié 230 élèves policiers de Mutenguene après formation eux aussi, qui ce juillet 2011 aura radié 200 recrues à Ngaoundal après qu’elles aient appris à ‘manipuler cinq types d’armes et toutes les techniques de combat’, et en aout 2011 aura fait de même pour 443, comme si un mboutoukou ne comprenait pas déjà en 2009 que les soldats formés et radiés ici et iraient directement dans les milices paramilitaires du Beti Power dont il est l’exécuteur. C’est lui sans doute qui ce septembre 2011 aura fait quelques soldats tirer trois coups de feu (pourquoi trois ?) en l’air sur le pont du Wouri et se jeter à l’eau ensuite, pour enfin être saisis au Gabon, nous dit-on un jour dans les journaux, et simplement disparaître comme ça, laissant tout de même sur place la militarisation de nos villes et l’Etat d’urgence de fait que cet incident causa. Même un bébé de six ans a sans doute percé ce grotesque canular, car le ministre de la défense camerounais est un chef de gang tribal de miliciens. Qui ne le sait pas ?

 

Faire preuve de si peu d’imagination quand on a vingt millions de Camerounais à défendre est criminel. Or l’imagination, c’est le seul capital à la tête d’une armée dont le cœur névralgique qu’est le BIR, est sous la direction personnelle du tyran ; une armée dont aucune unité ne peut être mobilisée sans ordre écrit de ce dernier ; une force armée dont des officiers de police marchent cependant dans les rues des villes désarmés. Ah, devant telle armée divisée contre elle-même, le ministre de la défense camerounais ne peut qu’imaginer des complots pour se faire peur et planifier des coups tordus pour parer au coup d’Etat.

 

   Le véritable problème cependant est que Mebe Ngo’o allie la sottise à l’incompétence, ces deux poisons de l’imagination. C’est encore lui aujourd’hui donc, l’ignare, qui aura monté ce qui aurait fait péter une grand-mère, s’il ne mettait pas ainsi en danger la vie d’Enoh Meyomesse, un des leaders de notre génération : fabriquer une affaire de braquage de mine d’or à Bertoua, braquage dont personne n’avait jamais entendu parler avant, mais que tout le monde croirait parce que Bertoua c’est la Sibérie pour tous les journalistes du pays ; devant le doute général que cela cause cependant, réduire rapidement l’histoire au braquage d’une mine d’or située dans la propriété privée d’un ‘ami coréen d’Enoh’entre nous, Mebe Ngo’o, une mine d’or située dans une propriété privée d’un Coréen en plein Cameroun ? 

 

‘Un Coréen ami d’Enoh’ de surcroit ? Passons vite, Edgar-Alain, afin de ne pas éclater de rire, car ce n’est pas encore fini : saupoudrer ces conneries d’un voyage de l’écrivain tantôt en Chine, tantôt au Canada, et puis tantôt à Singapour sinon en Australie ; cacher l’écrivain pendant un mois pour entretemps obtenir de lui sous torture une confession du crime à mille et une versions, seul sceau qui sanctifierait enfin tel trop visible ineptie, et légitimerait donc sa condamnation ; monter rapidement quelques imbéciles (des membres de la milice tribale du Beti Power ?) autour de l’écrivain, pour une opération farfelue de media au cours de laquelle un gendarme situé derrière les prisonniers prend les journalistes présents en vidéo pour leur faire le chantage après, au cas leur histoire publiée ne serait pas comme dictée par le Mindef.

 

   Et quelle histoire ! Le plus mauvais roman que j’aie jamais lu ! Une histoire ‘abracadabrantesque’, comme me dit un député de notre pays. La fin justifiant sans doute les moyens, ce serait pourtant un triomphe personnel si au bout Mebe Ngo’o pouvait déposer lui-même sur la table du petit-déjeuner du tyran la lettre de demande de grâce présidentielle de Enoh Meyomesse, l’auteur de ‘Accélérer la lutte pour la chute de Paul Biya et de son régime’, brochure d’agitation distribuée en 2009.

 

Ce serait la gloire du ministre de la défense, autant que sa réhabilitation. Comme la torture lui donnerait la confession de l’écrivain, une condamnation au tribunal militaire – qui est sous son autoritélui ouvrirait la porte de cette béatification, car qui peut oser douter des décisions du tribunal militaire ? Or voilà : tout cela n’est bâti que sur du faux et l’usage du faux. J’avais toujours cru que Nkoa Atenga était un très mauvais romancieril fallut qu’Edgar-Alain Mebe Ngo’o vienne me démontrer qu’il y a romancier bien pire que lui au Cameroun, parce que criminel. Parce qu’il insulte l’intelligence de vingt millions de citoyens camerounais, et met en danger la vie d’un en le torturant à la prison militaire de Yaoundé pour une de ses histoires imbéciles, cet homonyme indigne de l’écrivain que je suis n’a qu’un lieu seul qu’il mérite : Nkondengui. Allez lui djjjiiiire !



02/01/2012
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