Poudrières: Le gouvernement banalise l'incident

YAOUNDÉ, 23 avril 2012
© PIERRE CÉLESTIN ATANGANA | Mutations

Alors que la version officielle tend à minorer l'incident de vendredi dernier au Camp Yeyap, le contexte actuel rappelle de tristes souvenirs.

L'explosion de la soute à munition de la garde présidentielle, survenue vendredi dernier au Camp de la gendarmerie à Yaoundé, intervient à quelques jours de la célébration de la fête nationale qui aura lieu le 20 mai prochain. L'on se souvient que l'année dernière, des bruits de bottes avaient été ressentis dans l'armée.

Ceux-ci avaient été aussitôt été calmés par la matérialisation des promesses présidentielles du cinquantenaire de l'Armée à Bamenda. Notamment la suppression du quatrième échelon du grade de capitaine ainsi que la réévaluation d'une batterie de primes. Si au sein de la grande muette l'on assure qu'il n'y a pas de malaise, certains hommes de rang ne semblent pas toujours satisfaits du traitement réservé à leurs problèmes par la hiérarchie militaire.

A côté de cela, il y a le fait que cette explosion arrive cinq jours après la dernière prise de l'épervier, dont les serres ont happé deux des plus grosses proies de son carnet de chasse : Marafa Hamidou Yaya et lnoni Ephraïm, dont la tête a longtemps été demandée par le juge d'instruction. Les mécontentements qui ont écoulé de par et d'autres de la République peuvent laisser penser qu'il y a un véritable malaise dans le pays en ce moment…

Au sein des forces de défense, cette explosion fait jaser et embarrasse. Car, selon des sources à la gendarmerie, l'explosion ne s'est pas produite à l'intérieur, mais à l'extérieur de la soute à munitions de la garde présidentielle. Un détail qui suscite des interrogations au sein du haut commandement et qui motive certainement l'enquête ouverte par le ministre de la Défense. Toujours d'après ces sources, la première explosion a eu lieu à 23h, mais à cette heure-là, les hommes qui assurent la sécurité de la soute, n'ont pas cru bon de devoir mettre au courant la hiérarchie militaire.

Mais, c'est lorsque la deuxième explosion se produit vers 1h du matin, qu'ils alertent le chef de corps et les sapeurs pompiers. Que faisaient-ils entre les deux explosions? Ont-ils pensé qu'ils pouvaient maîtriser l'explosion d'une soute à munitions ou alors que, le fait que celle-ci soit encastrée comme l'a indiqué le ministre de la Défense, allait pouvoir sauver les milliers de vies qui étaient en danger?

Toujours est-il que d'autres sources au sein de la gendarmerie soulignent la présence dans la soute d'un coopérant dont l'identité n’a pas été communiquée qui serait passé par là avec d'autres hauts gradés. Cette équipe dont la mission vise à effectuer des contrôles de routine, aurait constaté des choses inhabituelles dans la soute ce soir-là. Mais, ils refuseront, selon ces sources, d'ouvrir la soute, question de vérifier l'origine de ce problème.

Quelques heures plus tard, la grande explosion secouait plusieurs quartiers environnants et le pire était évité. Non loin du Cameroun, au Congo, il y a quelques semaines, un dépôt à munitions avait causé la mort de milliers de personnes dans un camp militaire à Mpila, situé en plein cœur de la capitale. Le camp Yeyap compte plus d'un millier d'élèves gendarmes, sans compter les nombreuses habitations des officiers, des sous-officiers, et des populations qui ont construit leurs domiciles à côté de ce camp.

L'on se souvient qu'en février 1998, la poudrière du quartier général avait explosé, soufflant le matériel et les équipements militaires. Une enquête fut commise, les résultats n'ont jamais été rendus publics. A quelques jours de la fête du 20 mai, après les prises de l'épervier, la cavalerie de la GP, les munitions et mêmes des hommes auraient été soufflés par des flammes dont les causes restent à déterminer.



23/04/2012
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