Politique – Diplomatie: Yves Michel Fotso, Ondo Ndong et Désiré Engo s'invitent a la rencontre Biya-Obiang

Yaoundé, 07 Décembre 2012
© Elie Baho | Libération Plus

Vendredi, 30 novembre. Le couple présidentiel Equato-Guinéen effectue une visite officielle au Cameroun. Au-delà du caractère protocolaire de cette rencontre au sommet, il y a la volonté d'une décrispation des relations entre Yaoundé et Malabo.

Des barons du régime épinglés

Il est de notoriété publique que des barons du régime ont investi d'importants capitaux à Malabo dans le domaine bancaire et de l'hôtellerie. De nombreux prédateurs ont monté des projets colossaux en Guinée Equatoriale. De source sûre, la CBC de Yves Michel Fotso, ainsi que les affaires de Pierre Désiré Engo ou d'un Emmanuel Ondo Ndong, prospèrent en Guinée Equatoriale. Des pontes du régime ont investi, sans escorte ni fanfare à Malabo.

Le boom pétrolier que connait actuellement la Guinée Equatoriale, a attiré à la fois des pétrodollars et de nombreux investisseurs qui se bousculent au portillon d'un pays jadis minaudé et aujourd'hui convoité de toutes parts.

Malabo, quoi qu'on dise, est une place financière. C'est le plus grand pourvoyeur des réserves financières de la sous-région.


Décrispation

L'actualité a été nourrie des rapports tendus entre la Guinée Equatoriale et le Cameroun. Une mosaïque des peuples Fan-Bulu qui se bousculent aux confins des enjeux transfrontaliers. Du fait des frontières tirées au cordeau par la colonisation, des familles ont été divisées arbitrairement. Au-delà du caractère spectaculaire du rapatriement des travailleurs émigrés, Malabo et Yaoundé peuvent servir de locomotives, au regard de leurs potentiels, à une intégration sous-régionale qui surf sur des réflexes nationalistes.


Le temps de l'Afrique

Les perspectives de croissance de l'Afrique, font pâlir d'envie les autres continents. Selon la prédiction de nombreux essayistes, les espaces de conflit vont épouser les aires civilisationnelles. Dans un tel contexte, l'Afrique ne peut plus être confinée à un rôle de simple réservoir des ressources du sol et du sous-sol.

La crise de l'Euro avec la spirale spéculative a montré toutes les limites de l'économie ultralibérale. C'est Karl Marx qui est réhabilité. L'Etat dirigiste reprend du poil de la bête.


Rendez-vous avec l'histoire

A l'âge où ils sont parvenus, et au regard de leur longévité aux affaires, Paul Biya et Obiang Nguema, veulent négocier leurs sorties, mieux leurs entrées dans l'histoire. Diamétralement opposé à une dévaluation du FCFA, quelques officines des deux chefs d’Etat réfléchissent très sérieusement au sujet de la création d'une monnaie qui sonnerait le glas de l'arrimage du Franc CFA au trésor français.

Agenda présidentiel Jamais, l'agenda présidentiel n'aura été aussi préoccupant. Avant de recevoir son homologue Equato-Guinéen, Paul Biya a fait feu de tout bois. Au-delà de la sortie remarquée de Chantal Biya au palais des congrès, lors du cinquantenaire du Corps de la Paix au Cameroun, le chef de l'Etat a accordé de multiples audiences au corps diplomatique accrédité ou en fin de séjour au Cameroun.

Bien plus, après le conseil ministériel du 27 novembre dernier, la chronique s'est emballée au sujet d'un remaniement ministériel. Le chef de l'Etat annonce un séminaire de formation du gouvernement sur la nouvelle politique des marchés publics.

Dans une communication spéciale de 30 minutes, Paul Biya a fait un diagnostic sans complaisance des maux qui ont hypothéqué la politique des Grandes réalisations; absence de leadership et de charisme de l'actuel PM, télescopage entre ministres du fait des champs de compétences mal définis, une machine gouvernementale lourde et pléthorique, des élites qui se relaient sans se renouveler, inertie rédhibitoire, la machine gouvernementale est en panne d'inspiration.


Combat sans merci

Ce qu'il convient désormais d'appeler la pseudo-affaire Frank Biya, a remis au goût du jour le combat sans merci des frères Bulu autour des ravages que pourraient faire "l'opération épervier" dans le Sud. De Gervais Mendo Ze à Akame Mfoumou, de Nkotto Emané à Mekoulou Akame, de Ndoudoumou à Motazé, le défi de l'assainissement pourrait recruter parmi les plus beaux joyaux du Sud.

L'empressement de Jacques Fame Ndongo à justifier l'injustifiable, dans une posture frileuse de défense des intérêts de Franck Biya, en est un signe. L'alternance au Cameroun va se jouer au couteau. Et pour avoir trop reçu en termes de promotion de ses élites, le Sud va laisser des plumes dans le bilan du renouveau.

Face à l'usure du pouvoir, Paul Biya est résolu à poursuivre la lutte contre les prédateurs. Chaque régime fabrique sa cours de laudateurs et de prévaricateurs. Le renouveau va-t-il définitivement scier la branche sur laquelle il est assis? Un pouvoir qui fait essentiellement dans la logique de cooptation et de clientélisme sur fond de solidarités primaires et clanique.



08/12/2012
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