Polémiques - Dossiers d'Etat: Les affaires qui menacent le régime au pouvoir

Yaoundé, 11 Décembre 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

Le chef de l'Etat a-t-il la capacité de dissiper les nombreux nuages qui s'accumulent au-dessus de sa tête?

Des signes annonciateurs?

On dit de Paul Biya qu'il a sept vies comme un chat, qu'il est un grand veinard et un professionnel de la survie politique. Mais cette fois-ci, est-ce que son extraordinaire baraka va une fois de plus intervenir maintenant qu'il est encerclé de toutes parts par de nombreuses affaires relatives à Germaine Ahidjo, Franck Biya, Thierry Michel Atangana Abega, l'article 66 de la Constitution, Marafa Hamidou Yaya, l'ambassadeur de France à Yaoundé Bruno Gain? Il est difficile de répondre à cette question. Dans le passé Paul Biya a eu à affronter de nombreux problèmes mais à la différence qu'aujourd'hui c'est beaucoup de problèmes à la fois et sur un laps de temps déterminé, bien précis. Est-ce donc là des signes annonciateurs que le règne de Paul Biya tire à sa fin? Peut-être mais n'enterrons pas vite cet homme qui a une très grande capacité de survie d'adaptation aux situations mêmes les plus complexes. Quand on regarde son extraordinaire parcours, on comprend qu'il est béni des dieux mais comme chaque chose a un début et une fin, peut être que cette fin a déjà commencé devant nous.


Des dossiers délicats

La veuve d'Ahmadou Ahidjo. Elle a toujours, dit quelle voulait que les restes de son défunt mari, le tout premier président du Cameroun indépendant, soient transférés du Sénégal où il a été inhumé en 1989 à Garoua sa ville natale. Les négociations sont en cours entre la veuve et le régime en place ou si l'on veut être plus clair entre Germaine Ahidjo et Paul Biya par personnes interposées. Paul Biya va-t-il accepter les conditions posées par Germaine Ahidjo pour le rapatriement de la dépouille mortelle d'Ahmadou Ahidjo? Attendons la suite des négociations entre les deux parties. Il ne s'agit pas seulement de rapatrier les restes d'Ahidjo mais il faut également rétablir dans ses droits sa veuve avec tous les rappels y afférents. Un joli pactole en perspective pour la famille Ahidjo.


Franck Biya

L'achat des titres Camtel pour 100 milliards de francs par le fils du chef de l'Etat Franck Biya selon certaines sources met dans l'embarras le régime actuel, à tel point que les ministres responsables du Rdpc au pouvoir et autres personnalités ont pris d'assaut journaux, radios et télévisions pour défendre, cette affaire va laisser des traces mais si comme à l'accoutumée le régime de Paul Biya va réussir à l'éteindre. Sans prendre la défense de qui que ce soit, cette affaire mérite qu'on lui donne le temps pour essayer de dénouer l'écheveau. Même si le chef de l'Etat reste silencieux, il lui est difficile d'accepter que son fils soit ainsi jeté en pâture, que les médias s'en donnent à cœur-joie avec parfois des informations loin de la réalité. L'argent circule, coule à flots dans cette affaire pour défendre, blanchir Franck Biya. Nous connaissons ceux qui mangent pour blanchir avec parfois des arguments qui dépassent tout entendement toute logique.


Thierry Michel Atangana Abega

Voilà une grosse épine dans le pied de Paul Biya ou une arrête dans sa gorge. Oui, le cas d’Atangana Abega Français d'origine camerounaise en prison depuis 15 ans avec Titus Edzoa ancien secrétaire général de la présidence de la République pour détournement des deniers publics envenime pollue les relations entre le Cameroun et la France. Paris juge inique la justice camerounaise mais surtout estime que Paul Biya devrait utiliser son droit de grâce présidentielle pour élargir Atangana Abega. Ce qui a envenimé les choses ces jours-ci c'est la nouvelle condamnation de 20 ans infligée à ce ressortissant français. Si Atangana Abega reste en prison, il ne pourra en sortir qu'en l'an 2032 à l'âge de 68 ans, ayant ainsi passé 35 ans de sa vie privé de liberté. Comment Paul Biya va-t-il améliorer ses relations avec les socialistes au pouvoir France tant que ce dossier ne sera pas réglé? Difficile à répondre. Lors du dernier sommet de la Francophonie à Kinshasa, en République démocratique du Congo (Rdc) Paul Biya a dit au président français François Hollande qu'il laissait la justice faire son travail, histoire de dire à son homologue français que la justice camerounaise est indépendante. Ce qui pour les Français est évidemment faux, eux qui savent que Paul Biya est capable de mettre ou de libérer de prison qui il veut à tout moment. Ils savent que Biya est à la fois de l'exécutif, le chef du pouvoir judiciaire et le chef du pouvoir législatif Pour eux, il s'agit tout simplement d'un problème de mauvaise volonté ou de mauvaise foi de Paul Biya.


L'ambassadeur de France à Yaoundé

Bruno Gain fait partie de l'opposition camerounaise dont nous ne connaissons pas le nom de son parti. Ce n'est pas aujourd'hui que l'ambassadeur de France lance des diatribes contre Paul Biya. C'est donc un vieil opposant à l'actuel régime qui n'a cessé quand l'occasion se présente de critiquer vertement, de tancer sévèrement le locataire du palais d'Etoudi. Avant la campagne présidentielle de l'année, on l'avait vu prendre position contre Paul Biya sur le fonctionnement de son régime. Il avait ainsi fait des déclarations peu amicales sur le régime à Douala et Kribi suscitant du coup l'ire et la réponse des cadres du Rdpc tel René Sadi alors secrétaire général du parti au pouvoir et actuellement ministre chargé de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd). On disait même que Bruno Gain avait son candidat pour la présidentielle d'octobre 2012. Pour Bruno Gain, la démocratie n'existe pas au Cameroun et Elecam, l'organisme chargé de l'organisation des élections au Cameroun est un machin.


L'article 66 de la Constitution ou la déclaration des biens

Voilà un autre cheval de bataille de l'ambassadeur Bruno Gain. Il demande que cette disposition de notre loi fondamentale soit appliquée au pied et à la lettre. Mais en réalité c'est Paul Biya que Bruno Gain vise personnellement. Dans ce dossier il n'est pas seul puisque des membres de l'opposition politique et des membres de la société civile mènent le même combat. Tout comme les gratifies capitales occidentales. Paul Biya ne peut pas accéder à cette demande de Bruno Gain, lui qui est l'un sinon l'homme le plus riche du Cameroun. La fortune personnelle du chef de l'État est immense et les occidentaux savent ce qu'il a puisque la plus grande partie de ses avoirs sont chez eux. C’est un paradoxe que ce soit le même Paul Biya qui a promulgué la constitution et qui répugne à appliquer ce que lui-même a signé de sa main. Paul Biya se dédit et se dénie.


L'affaire Marafa

L'incarcération de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République ne veut par dire que l'affaire est terminée, bien au contraire. Comme nous l'avions toujours dit dans nos colonnes, l'ancien ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation a de nombreux partisans non seulement au sein des populations du Grand Nord mais également dans le Grand Sud. Qui sait ce qu'il prépare, lui et ses soutiens dont certains sont très actifs.



13/12/2012
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